COVID-19 : les Français pourraient bientôt offrir leur temps de repos aux soignants

Dans une lettre adressée le 22 avril à la ministre du Travail, Christophe Blanchet - député LREM du Calvados - a proposé que les français puissent donner une partie de leurs congés ou RTT aux personnels soignants pour les remercier. Trois députés bourguignons ont co-signé la lettre.

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Les français qui ont applaudi chaque soir les personnels soignants seront-ils prêts à leur donner une partie de leurs congés payés ? C'est en tout cas ce que croient dur comme fer une centaine de députés LREM.

Tout remonte au 22 avril dernier. Ce jour-là, Christophe Blanchet - député LREM du Calvados - adresse une lettre à la ministre du Travail pour : "permettre aux salariés qui le désirent et qui le peuvent, dans le public comme dans le privé, de faire don d’une partie de leur congés payés (...) au bénéfice de ceux qui luttent directement contre le coronavirus."

Mais le député normand n'est pas le seul dans l'affaire. Pour lui donner plus de poids, la lettre a été co-signée par cent députés de la majorité. Parmi eux, trois élus bourguignons : Michèle Crouzet (députée de l'Yonne), Yolaine de Courson (députée de Côte-d'Or) et Rémy Rebeyrotte (député de Saône-et-Loire).

Une proposition jugée "très intéressante" par la ministre du Travail

Le 12 mai 2020, la proposition des élus LREM a été évoquée à l'Assemblée Nationale lors de la séance de questions au gouvernement. La ministre du Travail l'a jugée "très intéressante" avant d'ajouter que le gouvernement la "soutient pleinement". La ministre a précisé qu'il fallait désormais "définir les modalités de conversion des jours de repos".

Selon le député Rémy Rebeyrotte, contacté ce mercredi par France 3 Bourgogne, cette initiative serait "très demandée par un grand nombre de concitoyens qui ont applaudi le personnel soignant à 20h, et qui souhaitent en faire plus". Dans leur proposition à la ministre du Travail, les élus LREM proposent que ces journées de congés payés soient transformés en chèques-vacances : "ce que l'on souhaite, c'est un geste de solidarité envers les personnels soignants, et en même temps de permettre de faire fonctionner notre économie du tourisme et de l'hébergement et de la restauration" explique l'élu de Saône-et-Loire.

De leur côté, les français semblent en effet favorables à cet élan de générosité. C'est en tout cas ce qu'ont pu constater nos journalistes en se promenant dans les rues de Nevers :"On vient de passer un moment très difficile, c'est normal qu'on aide. Moi je serai le premier à donner des jours de repos" dit un premier passant. Quelques instants plus tard, une neversoise se dit "prête" à franchir le pas : "C'est important qu'ils puissent se reposer et prendre du temps avec leur famille". 

 

Les dons de RTT ? C'est une mascarade ! - Gérald Defief - délégué FO à l'hôpital d'Auxerre

Un désengagement de l'Etat ?

Laura est aide-soignante à l'hôpital de Nevers (Nièvre). Pour elle, ce don de RTT - ou de congés payés "permettrait plus de solidarité, et aussi de nous soulager et pouvoir profiter de notre famille" mais pour sa collègue Louison, étudiante infirmière, ce n'est pas aux travailleurs français de faire cet effort : "On est train de demander aux autres français de se sacrifier. C'est une valorisation pour nos métiers, mais ça ne vient toujours pas de l'Etat."


Du côté des syndicats, les réactions ne sont pas plus enthousiastes. Contacté ce mercredi par France 3 Bourgogne, le délégué Force Ouvrière de l'hôpital d'Auxerre y voit "une manière pour l'Etat de ne pas prendre ses responsabilités".  Pour Gérald Defief, la priorité n'est pas là :  "Au lieu de faire une proposition de dons de RTT, le gouvernement devrait déjà payer les heures supplémentaires, et revoir les grilles indiciaires et le prix du point d’indice", avant de conclure : "nous sommes encore et toujours confrontés au mépris de ce gouvernement, qui propose des choses sans donner de plus de moyens humains et matériels aux hôpitaux. Alors que c’est surtout de cela dont nous avons besoin."

Des critiques fermement contestées par Rémy Rebeyrotte. Le député de Sâone-et-Loire assure que cette proposition n'est pas une façon pour l'Etat de se défausser : "il ne faut pas tout attendre de l'Etat et du gouvernement. Il peut aussi y avoir des initiatives d'une autre nature. Les unes n'empêchant pas les autres."

Le 25 mars 2020, le président de la République avait promis un "plan massif" pour l’hôpital, alors que les soignants réclament plus de moyens humains et matériels depuis des mois. Les détails de ce plan n’ont toujours pas été annoncés.

La proposition des députés LREM devrait être discutée dans les prochaines semaines, avant d'être éventuellement soumise au vote.
 

 

Qu'en pensent les salariés et les soignants ? La réponse à Nevers !
 

Reportage signé Rémy Chidaine, Tania Gomès et Chantal Gavignet

Intervenants : 
- David Boucher, Délégué syndical CFDT - CH de Nevers
- Rémy Rebeyrotte, Député de Saône-et-Loire (LREM)
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