Julie Moukanda, jeune Dijonnaise d'origine congolaise, vient de créer l'association "Pour Eux", afin de venir en aide à des écoles et orphelinats de Kinshasa. Habitée par le besoin d'aider les autres, elle a réalisé ses rêves d'enfant en embarquant avec elle 358 élèves de l'agglomération dijonnaise dans sa dernière aventure humanitaire.
Julie Moukanda vit "un rêve éveillé", comme elle se plaît à le dire. Son association humanitaire "Pour eux" est en train de voir le jour officiellement et elle a tout juste bouclé sa deuxième mission humanitaire grâce à la mobilisation de plusieurs centaines d'élèves de Dijon et de Talant.
"Tu sais que tous ces enfants vont dormir dehors, ce soir ?"
Tout commence en 2009 lorsqu'à l'âge de 14 ans, Julie découvre les conditions de vie précaires des enfants des faubourgs de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Alors qu'elle observe des enfants en train de jouer au football avec une balle faite de chaussettes, son oncle lui explique qu'ils dorment dehors tous les soirs. Elle échange avec une petite fille qui lui confie qu'elle aussi, elle dort dehors et que son rêve serait d'aller à l'école.
Julie sort bouleversée de cette rencontre.
Quand elle rentre en France, son entraîneur de football, Frédérick Le Goff, ne la reconnaît pas : "Elle semblait triste et préoccupée". Julie finit par lui raconter son voyage en R.D.C. et lui confie qu'elle souhaite aider les enfants de Kinshasa. "J'avais l'impression que mon coeur était resté au Congo", explique-t-elle. Sensible à son histoire, Frédérick décide de l'épauler. Depuis longtemps, il trouve dommage que les objets oubliés dans les gymnases - et non récupérés - par les élèves ne soient pas redistribués. Par ailleurs, dans les réserves de matériel, un certain nombre d'équipements ne sont jamais utilisés. Julie décide d'agir.
Accompagnée dans sa démarche par le collège Boris Vian, l'établissement qu'elle fréquente alors à Talant, par le club de football talantais et par le collège Marcelle Pardé de Dijon, la jeune fille monte un dossier et décroche une subvention au fonds d'aide à l'initiative des jeunes (FAIJ). Grâce à cette participation financière et à la mobilisation de son réseau, elle parvient à réunir du matériel scolaire et des équipements de sport. En juin 2012, ils sont envoyés à l’école Mfumu-Kento, à Kingasani (commune de Kinshasa). C'est la première aventure humanitaire de Julie.
"Ce message d'une élève sur PRONOTE à été le nouveau déclencheur"
Les années passent et Julie devient enseignante. En 2020-2021, elle est professeure d'éducation musicale au collège Boris Vian (Talant) et au collège Jean-Philippe Rameau (Dijon). 18 classes en tout. Le 27 avril 2021, elle reçoit un message d'Hafsa B., l'une de ses élèves de cinquième à Boris Vian : "Bonjour madame Moukanda, j'ai entendu parler ce que vous avez fait quand vous étiez élève en troisième ; j'ai aussi, au fond de moi, l'envie d'aider simplement, je ne sais pas comment m'y prendre. Est-ce que vous pourriez me conseiller ?" L'occasion est trop belle. "Ce message a agi comme un déclencheur". Elle ajoute : "Plutôt que de faire une réponse théorique à Hafsa, j'ai préféré lui faire revivre, avec ses camarades, un projet similaire à celui de 2012. La pratique est infiniment plus instructive que la théorie."
Après avoir obtenu l'accord des chefs d'établissements, elle mobilise ses 15 classes de Boris Vian et ses 3 classes de Jean-Philippe Rameau pour relever le défi. Pas moins de 358 élèves se mettent alors au travail pour collecter des vêtements et du matériel scolaire en un temps record. En effet, un conteneur doit appareiller à la mi-juin direction la République Démocratique du Congo.
À l'été 2021, elle s'envole pour le Congo afin de distribuer fournitures scolaires et vêtements à des orphelinats et à l'école dans laquelle elle avait promis de revenir en 2012.
"J'espère que cette graine grandira et portera ses fruits."
Julie Moukanda n'a que 25 ans et sa motivation fédère les volontés. Au collège, elle a eu la chance d'avoir été entendue et accompagnée dans son projet. "Les adultes m'ont permis de réaliser mon rêve", explique-t-elle, alors elle souhaite à son tour aider les jeunes à se lancer. Elle espère que "cette graine de générosité ne sera jamais perdue, qu'elle grandira et portera ses fruits". En attendant, la création de l'association "Pour eux" lui permet de renforcer sa crédibilité et de communiquer sur ses actions.
Elle se réjouit d'être accueillie le samedi 15 janvier à l'Écrin de Talant, pour une conférence rétrospective en images sur les temps forts de son projet humanitaire. Elle donnera la parole aux élèves qui ont donné du temps pour cette "merveilleuse cause".