Une vingtaine de parlementaires et conseillers de gauche se envolés le 4 février pour Gaza, afin de constater la situation sur place. Parmi eux, Marius Esposito, élu au conseil politique régional d'Europe Écologie Les Verts en Bourgogne. Il raconte.
122 jours de conflit. Près de quatre mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, alors que les affrontements font toujours rage, une délégation d'élus français de gauche s'est rendue à Rafah (Égypte), le poste-frontière qui borde le sud de la bande de Gaza.
Marius Esposito, conseiller en charge des affaires étrangères au groupe écologiste à l’Assemblée Nationale et élu au conseil politique régional d’EELV Bourgogne, fait partie de cette délégation. À France 3 Bourgogne, il témoigne de la réalité qu'il a observée sur place.
Pourquoi vous êtes-vous rendu à Rafah ?
Marius Esposito : Cette délégation, menée par Éric Coquerel, rassemble des parlementaires de différents groupes politiques, notamment écologistes, communistes, et insoumis. Je les ai accompagnés en tant que conseiller à l’Assemblée Nationale, mais je suis également encarté politiquement en Bourgogne, au sein du parti EELV.
Nous nous sommes rendus à Rafah, au poste frontière permettant d’entrer à Gaza, afin d’appeler à un cessez-le-feu immédiat et durable. Depuis les attaques du 7 octobre, plus de 25 000 palestiniens ont été tués par la vengeance aveugle du gouvernement de Benyamin Netanyahu, qui ne respecte pas le droit international. Celui-ci revendique mener une guerre contre le Hamas, or ce sont très majoritairement des civils innocents, des femmes et des enfants qui ont perdu la vie.
Qu'avez-vous constaté une fois sur place ?
M. E. : Nous nous sommes retrouvés face à un mur, dans une zone ultra-militarisée. Derrière ce mur, la ville de Rafah, où vivent habituellement 150 000 personnes - soit le même nombre qu’à Dijon. Actuellement, plus d’un million de réfugiés ont trouvé refuge dans cette ville, dans des camps de fortune. Ils manquent de tout : nourriture, eau, électricité, médicaments… Dans ces conditions de vie inhumaines, les bombardements se poursuivent encore tous les jours.
Nous avons un seul mot d’ordre, le cessez-le-feu immédiat et permanent, dans le respect du droit international.
Marius Esposito,élu au conseil politique régional d’EELV Bourgogne
Durant le parcours de 50km qui nous a mené à Rafah à travers la no-go-zone égyptienne, nous avons vu des milliers de camions stationnés. Il s’agit d’aide humanitaire, venue du monde entier, y compris de la France. Le contrôle de la frontière est assuré par Israël : ils ne laissent entrer cette aide qu’au compte-goutte, un peu moins d’une centaine de camions par jour. Évidement, cela ne représente qu’une proportion infime des besoins de Gaza, où 90% des infrastructures vitales sont détruites.
Y aura-t-il des suites à cette visite ?
M. E. : Il est absolument nécessaire qu’il y ait des suites à cette visite. Celle-ci a déjà énormément de répercussions médiatiques dans le monde arabe, mais également en France. La réponse doit être politique : vous savez que l’Afrique du Sud a saisi la Cour Pénale Internationale, qui a statué sur un risque génocidaire majeur. La France doit s’associer à cette plainte. Nous avons un seul mot d’ordre, le cessez-le-feu immédiat et permanent, dans le respect du droit international. Il doit évidemment s’associer à une libération des otages français.
Quelles sont les perspectives au niveau régional ?
M. E. : Au niveau régional, des rassemblements ont lieu presque toutes les semaines, à Dijon comme dans d’autres villes, pour appeler à la paix. La pression populaire est un instrument majeur pour faire accélérer l’action diplomatique. Je continuerai à être pleinement mobilisé jusqu’à la fin de cette guerre, et j’appelle les Bourguignons qui croient aux valeurs humanistes de la France à se joindre à ces mouvements.