Loups : la carte des attaques avérées en Bourgogne-Franche-Comté

La région ne peut pas pour le moment se prévaloir de meute, seulement de loups dispersés ou qui occupent temporairement le territoire. Selon le biologiste Emmanuel Cretin, « le loup devrait logiquement s’installer dans notre région. » On dénombre près d'une centaine d'attaques depuis 2019.

Dans la nuit du 1er au 2 avril, un troupeau d’ovins a été attaqué dans la commune d’Anost (Saône-et-Loire). Mais effectuée le lendemain, l’expertise n’a pas pu déterminer s’il s’agissait d’une attaque de loup. Quoi qu'il en soit, en 2019, 81 attaques et 222 victimes sont attribuées au loup en Bourgogne-Franche-Comté. En 2020, pour le moment,  au moins une vintaine d'attaques en 2020.

Le loup est effectivement bien présent dans la région depuis quelques temps. D’abord apparu dans le Jura il y a une dizaine d’années, il a depuis été observé dans les différents départements de Bourgogne et de Franche-Comté, comme le montre la carte ci-dessous (données non exhaustives).


Pas de meute mais des animaux dispersés

Réapparue en 1992 dans les Alpes du Sud, l’espèce fait son retour en France ces dernières années. Sur tout le territoire français, on dénombre actuellement entre 500 et 550 loups. Un chiffre approximatif qui permet seulement d’avoir un ordre d’idée.

« Pour la région Bourgogne-Franche-Comté, il est possible d’avoir deux à trois individus mais ils ne sont pas fixés, ils sont présents à un moment donné et ils peuvent faire des attaques. Mais pour l’heure, il n’y a pas de meute établie, c’est-à-dire un mâle et une femelle, qui vivent ensemble et qui peuvent éventuellement se reproduire », explique Emmanuel Cretin, qui a fait partie de la mission nationale loup. Selon cet expert, la seule meute se trouverait sur le versant sud du Jura.

« Les attaques peuvent être localisées un peu partout »

Ces individus dispersés ne passent cependant pas toujours inaperçus. La présence des loups s’estimant notamment lorsque ceux-ci attaquent des troupeaux d’élevage. En 2019, le nombre de brebis victimes du loup a légèrement augmenté en France. 

Les dégâts causés par cette espèce animale ne cessent d’augmenter, en même temps que s’étend sa présence géographique. Et aucune région n’est épargnée. En Bourgogne-Franche-Comté, « il y a a priori pas mal d’attaques en Côte-d’Or, en Saône-et-Loire, dans le sud Morvan et la Nièvre, où des observations ont été faites. Les attaques peuvent être localisées un peu partout », témoigne le biologiste, membre de la fédération France nature environnement. Cependant, l’espèce mange essentiellement des animaux sauvages. Emmanuel Cretin croit même que « plus il y a de gibier, moins il y aura d’incidence sur les animaux d’élevage. » 
 

Loups ou chiens ?

Les chiffres des dommages subis sont relatifs car, comme l’attaque d’Anost, il est parfois difficile de savoir si un loup est la raison de la mort ou des blessures. Il y a aussi ces attaques qui ne font pas de victimes ou le berger ne les a pas retrouvées. Mais il est aussi très difficile de différencier entre une attaque de loup et celle d’un chien. Le passage de renards et de sangliers peut aussi semer le trouble.

« Il y a des attaques typiques et d’autres moins. En général, le loup consomme beaucoup la proie, la chair est beaucoup consommée, les os fracturés. […] Dans un certain nombre de cas, l’agent ne peut pas se prononcer », explique Emmanuel Cretin. Au-delà des attaques, des observations sont aussi faites le reste du temps. Il s’agit d’observations visuelles : les traces, les crottes, mais aussi d’analyses génétiques. Des pièges photos permettent également de capturer la présence d’animaux lorsque ceux-ci passent devant l’objectif.

Cependant, le biologiste estime également qu’ « il est très difficile de détecter et de suivre les loups en Bourgogne-Franche-Comté comme dans les Alpes où, là, il y a de la neige. » La région ne possède ainsi aujourd’hui pas de réseau qui suivrait un site en particulier.

Un retour naturel

Au cours de notre entretien, Emmanuel Cretin tient à souligner que « le loup re-colonise notre territoire mais de manière naturelle. Le loup est arrivé naturellement en Italie dans les années 1990. Maintenant, les Alpes sont totalement colonisées, d’où les loups qui se dispersent ailleurs. Peut-être qu’ils viendront dans notre région. C’est une re-colonisation naturelle. L’Homme n’est pas intervenu pour remettre des loups. »
 
 

Lutte contre la prédation

Lorsque l’attaque de loup est avérée, une indemnisation existe. Le biologiste rappelle : « Il y a des mesures qui permettent de limiter la prédation : regrouper les animaux le soir, dans certains cas il peut y avoir des chiens de protection, des clôtures. Chaque élevage est différent entre les régions. Il faut regarder au cas par cas ce qu’il est possible de faire pour protéger un élevage. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de prédation mais cela permet de limiter la casse. »
 

Un jour, le loup peut s’installer durablement. 


Alors, le loup est-il destiné à rester ? Contrairement aux idées reçues, ce carnivore ne se contente pas de la montagne, il peut habiter tous les types de milieux naturels : les plaines, les plateaux, les forêts… « Il ne faut pas oublier qu’à l’origine, il était partout en France, il y a 250 ans. En Bourgogne, il y a de la place dans le Morvan, dans l’arrière côte… Il y a de place pour que des loups s’installent », selon Emmanuel Cretin.

Il poursuit : « Il y aura peut-être des installations futures car il y a de la place dans le Jura, le pays châtillonais et le Morvan. Un jour, le loup peut s’installer durablement. » Toujours selon lui, la Franche-Comté discuterait du retour du loup depuis 15-20 ans avec des mesures prises, comme des chiens de protection. « En Bourgogne, il y a déjà des réunions et des formations dans ce sens. »

Une espèce protégée

Le loup est une espèce protégée en France par l’arrêté ministériel du 22 juillet 1993. L’État doit donc veiller à sa conservation. Depuis 1983, il tente de concilier la présence du loup et la situation des éleveurs avec leurs troupeaux. La France applique depuis 2018 un plan « loup ». Cette initiative, qui doit tenir jusqu’en 2023, a pour but d’accompagner les éleveurs touchés par la prédation.

En tout cas, pour Emmanuel Cretin, c’est sûr, « le loup devrait logiquement s’installer dans notre région. » Un retour aux origines pour cette espèce, donc.
 

Plan national "loup" 2018-2023

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