La fin du réseau téléphonique "cuivre" est programmée de façon progressive jusqu'à 2030. Peu à peu, les communes de Bourgogne basculent sur les réseaux de fibres optiques, plus robustes, plus rapides. La transition a déjà commencé.
C'est la fin d'une technologie qui va s'opérer progressivement sur tout le territoire français : le réseau téléphonique "cuivre" va disparaître. C'est ce que les opérateurs de téléphonie appellent "le réseau RTC", pour Réseau Téléphonique Commuté. Inventé à la fin du XIXème siècle et déployé par France Télécom dans les années 1980 pour faire face à l’augmentation du nombre de téléphones dans les foyers.
La fin d'une technologie vieille de 50 ans
La fin du "RTC" est certes programmée, mais elle ne va pas s'effectuer de façon brutale. La transition est prévue jusqu'en 2030. En Bourgogne, 31 communes doivent se défaire du réseau cuivré d'ici janvier 2026.
Selon Jérémy Brasseur, coordinateur réseau Côte-d'Or chez Orange, la fibre propose de nombreux avantage : "le réseau fibre est 10 fois plus performant que le réseau cuivre. La fibre optique est plus performante que le réseau cuivre, pour internet, plus de rapidité, moins d'attente".
Hormis le gain en performances, le réseau fibre est moins énergivore que le réseau cuivré : "le réseau cuivre consomme 2 à 3 fois plus d'électricité que le réseau fibre. C'est une économie qui n'est pas négligeable."
Autre aspect environnemental, les câbles multiconducteurs en cuivre pourront être récupérés et recyclés.
Pour le maire d'une commune concernée par la suppression du réseau cuivre, à Nesle-et-Massoult (Côte-d'Or), l'opération va avoir un impact visuel positif. "Si une partie de tous ces petits fils qui se baladent à droite à gauche disparaissent, c'est déjà pas mal, se réjouit Didier Baudry. Je pense que ça ne va pas pénaliser beaucoup de monde. Quelqu'un qui s'installe aujourd'hui ici sachant qu'il y a la fibre, il va demander la fibre, il ne va pas demander un raccordement en ligne cuivre."
Plus de cuivre, le téléphone plus cher ?
Avec le passage à la fibre optique, des questions subsistent. Auprès d'abonnés qui ont conservé leur ligne fixe traditionnelle et un accès internet par ADSL, le passage à la fibre inquiète.
Par exemple, Christiane est une habitante retraitée de la commune de Nesle-et-Massoult. À 76 ans, elle a gardé ses habitudes. "Je ne veux pas de frais supplémentaires, et je crains qu'il y en ait. C'est une appréhension quand même !"
Surcoût mensuel de la fibre : 4 à 5 euros par mois. Mais Orange va proposer une option "fibre voix seule", sans accès à internet au même prix que l'ancien abonnement téléphonique. Les autres opérateurs pourraient suivre le même mouvement.
La fibre n'est pas accessible partout
Toujours sur la commune de Nesle-et-Massoult, un exemple qui pénalise certains habitants : une maison n'est pas raccordée à la fibre. Comme l'explique le maire Didier Baudry : "le chemin sur lequel nous sommes n'est pas desservi par la fibre optiqu. Donc les habitants qui se trouvent de ce côté-ci ne peuvent être alimentés qu'en retirant des câbles depuis le centre du village. Il faut qu'ils traversent la cour en privé de l'autre côté, ce n'est pas simple. C'est des travaux conséquents quand même. C'est une inquiétude, oui, que certaines personnes n'aient pas de solution !"
La transition vers la fibre impose de ne plus ouvrir de lignes "cuivre". 12 mois avant la fermeture du réseau dans la commune et au plus tard en 2026, il ne sera plus possible, en cas de changement d’opérateur ou d’emménagement, de souscrire un abonnement ADSL ou une ligne téléphonique via le cuivre.
Devant les difficultés, un report est-il possible ?
Interrogation sur les tarifs, et sur la faisabilité de certaines connexions. Le département de Côte d’Or, comme d’autres, réclame à Orange le report du démantèlement du cuivre. Les échéances semblent un peu trop proches. "C'est surtout trop rapide, explique Olivier Barozet, directeur général adjoint au Conseil départemental de Côte-d'Or. Mais pourquoi se fixer des échéances tout de suite ? Finissons le déploiement de la fibre, organisons la continuité du service, et après, quand tout ça serait fait, enlevons tranquillement le cuivre partout et en s'assurant à coup sûr que tout le monde puisse avoir un minimum de service."
Selon l'opérateur Orange, même sans connexion fibre, des solutions existent. Cyprien Mateos
Délégué régional Bourgogne-Franche-Comté Orange : "Ce sera peut-être du satellite, ça sera peut-être de la 4G, peut-être de la 5G à terme, il y aura une solution. Ce qu'il faut savoir c'est qu'on ne pourra pas faire un arrêt du cuivre si les gens sont sans solution."
Pour le département de la Côte-d'Or, 60 nouvelles communes éligibles à la suppression du réseau cuivré seront dévoilées à la fin d'année 2023.