Vignes : les gels tardifs plus probables de 60% en Bourgogne, selon des scientifiques

Un groupe international de scientifiques a publié mardi 15 juin une étude qui met en lien réchauffement climatique et froids tardifs. Cette recherche fait suite à l'épisode de gel qui a frappé la viticulture en Bourgogne et dans le reste la France, début avril 2021.

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Le secteur viticole en Bourgogne a été lourdement impacté par le froid et le gel tardifs début avril. Après un mois de mars anormalement chaud, d'importantes gelées avaient dévasté les cultures de la région. Les pertes sont estimées à presque deux milliards d'euros selon les premières évaluations. Le ministre de l'Agriculture avait même déclenché un plan de "calamité agricole".

Un groupe international de scientifiques a étudié ce phénomène dans le cadre d'une recherche de la World Weather Attribution. Ils sont issus de l'Institut Pierre-Simon Laplace, de l'Institut météorologique royal des Pays-Bas, de l'Institut Max Planck de biogéochimie d'Iéna, de l'Université d'Oxford et de Météo-France.

Des résultats inquiétants pour le monde viticole

L'analyse s'est concentrée sur les territoires de la Bourgogne, de la Champagne et de la Vallée de la Loire. Les chercheurs ont ainsi comparé des modèles climatiques pour étudier l'impact du dérèglement climatique sur les gels en période de croissance. Certaines simulations incluent un réchauffement climatique causé par l'être humain, d'autres non.

Il en ressort que les épisodes de gel tardif sont de moins en moins fréquents. Par exemple, les températures minimales recensées au mois d'avril dans la région se situent en dessous de -5 degrés. Selon les découvertes de l'étude, la fréquence et l'intensité de telles températures à ce stade de l'année diminuent. Ce phénomène de gel tardif aurait désormais tendance à se produire une fois tous les 25 ans.

Il y a un paradoxe apparent : le réchauffement climatique peut conduire à une augmentation des dommages causés par le gel.

Robert Vautard, chercheur au CNRS et à l'Institut Pierre-Simon Laplace

Mais les hivers sont désormais plus chauds. Le débourrement des plantes, c'est-à-dire "l'éclosion" des bourgeons, a donc lieu plus tôt dans l'année. Les vignes qui grandissent sont alors plus exposées à des conditions "d'hiver" de début d'année, comme des nuits longues ou des températures plus faibles. Par rapport à un monde sans réchauffement climatique, le risque de gel tardif comme celui de début avril est plus probable de 60%.

"Il y a un paradoxe apparent : le réchauffement climatique peut conduire à une augmentation des dommages causés par le gel", explique Robert Vautard, chercheur au CNRS et à l'Institut Pierre-Simon Laplace. "La saison de croissance commence plus tôt à cause du changement climatique et les périodes de gel deviennent moins sévères, mais cela laisse les vignes plus exposées à d'éventuelles vagues de froid."

Selon l'étude ces phénomènes risquent de s'aggraver si le dérèglement climatique empire. Un risque économique pèse sur le secteur. "Cela entraîne des menaces qui vont au-delà des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations", conclut Friederike Otto, directeur associé de l'Institut du changement environnemental de l'Université d'Oxford.

Les chercheurs notent que la maturité du raisin a avancé de quinze à vingt jours en vingt ans. Pour contrer ces problèmes, ils conseillent par exemple de choisir des cépages dont la croissance s'effectue plus tardivement.

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