Comme tous les ans, la prochaine carte scolaire est en débat. Si en primaire le nombre de postes devrait rester stable, une centaine pourrait être supprimée dans le secondaire. En Saône-et-Loire, le président du conseil départemental, André Accary, appelle à "ne pas rajouter de la crise à la crise"
La rentrée scolaire prochaine se prépare déjà. Les services de l 'Éducation nationale travaillent notamment la répartition des moyens humains sur le territoire pour 2021-2022. La fameuse carte scolaire est toujours l'occasion de tensions à propos d'éventuelles fermetures de classes et des conséquences qu'elles engendrent . Alors que les discussions ont débuté au niveau local, le président divers droite du conseil départemental de Saône-et-Loire, André Accary, appelle à un gel de la situation.
"Le sens de mon appel est de ne pas rajouter de la crise à la crise, nous indique-t-il ce jeudi 4 février. Cette année, ce n'est absolument pas entendable d'annoncer un plan de réadaptation des moyens humains à destination des enfants. Quand on dit réadaptation, c'est-à-dire éventuellement une diminution du nombre d'enseignants. Le président de la République a dit que nous étions dans une période de guerre. Il faut en effet en face s'en donner les moyens."
"La situation sanitaire a obligatoirement des conséquences aussi sur les enfants, quelque soit l'âge, poursuit-il. Ces enfants ont besoin d'un accompagnement sans doute encore plus particulier au vu de la situation". Le conseil départemental n'a pas de pouvoir décisionnaire dans ce dossier. "Mais le Département participe à la discussion dans le cadre de sa compétence collège, rappelle l'élu. Il est normal que j'émette mon point de vue, j'imagine que je ne serai pas le seul à réagir. J'espère vraiment être écouté d'une manière positive. L'Éducation nationale doit être très attentive à ne pas fragiliser un peu plus nos enfants."
Évidemment, tous les ans on a des adaptations. Mais cette année, je demande vraiment un moratoire. Il faut attendre que cette crise sanitaire soit terminée avant de remettre en question le dispositif.
André Accary a envoyé il y a quelques jours un courrier au directeur académique Fabien Ben, pour lui exposer son point de vue. Des décisions définitives pour la rentrée 2021 doivent être prises dans quelques semaines.
"L'équivalent d'un collège qui va disparaître en terme de moyens"
En Saône-et-Loire, le premier degré gagnerait 13 postes à la rentrée 2021, selon le syndicat SNUipp-FSU sur son site le 25 janvier, qui dit "désapprouv[er] que les postes alloués dans le 71 soient ponctionnés dans les autres départements de l'académie puisque l'académie de Dijon aura une balance de poste nulle pour la rentrée du premier degré". Et comme le rappelle Philippe Wante, le secrétaire départemental du syndicat FSU dans l'Yonne, les quelques postes supplémentaires ne veulent pas dire qu'il n'y aura pas de fermetures de classes. "Il va y avoir un dédoublement des grandes sections en REP [réseau d'éducation prioritaire]. Donc il va falloir récupérer des moyens sur l'existant", détaille-t-il. Dans l'Yonne, il dit s'attendre à un certain nombre de fermetures malgré les 12 postes supplémentaires annoncés. "On ne les a pas encore chiffrées, mais cela va dépasser la vingtaine."
On est sur une politique de suppressions de postes qui a existé avant la pandémie et qui perdure comme s'il n'y avait pas eu la pandémie.
Philippe Wante partage le point de vue d'André Accary sur les conséquences du Covid-19. "La pandémie a vraiment impacté les apprentissages. Tout le monde en est conscient. Et dans le même temps, on a l'impression qu'on ne tient pas compte de ce qu'il s'est passé, des conditions de travail des enseignants et des conditions d'apprentissage des élèves. Alors qu'on aurait besoin d'un plan d'urgence et de remettre plus de moyens pour compenser au moins la perte que les élèves ont subi", indique le représentant de la FSU.
En Côte-d'Or, le premier degré bénéficierait de trois postes supplémentaires, selon un point fait par le syndicat SNUipp-FSU sur son site le 30 janvier. Dans la Nièvre, le syndicat SE-Unsa fait également le point sur les discussions en cours sur la carte scolaire, sans dresser de bilan chiffré pour l'instant. Pour le second degré, collège et lycée, "ce n'est pas mieux", selon Philippe Wante. "Sur l'académie, l'équivalent de 113 postes vont être supprimés. Pour le département de l'Yonne, c'est l'équivalent d'un collège qui va disparaître en terme de moyens."
Le rectorat n'a pas souhaité communiquer précisément sur ce sujet pour l'instant, les discussions étant toujours en cours.