Chablis mise sur le Japon avec la fin des droits de douane

Depuis le 1er février 2019, il n'y a plus de droits de douane pour le vin européen qui entre au Japon. Dans l'Yonne, les producteurs des vins de Chablis veulent en profiter pour accroître leur part de marché au pays du soleil levant.

Olivier Tricon travaille depuis plus de 30 ans avec le Japon. Au domaine de Vauroux, une bouteille produite sur quatre y est exportée. Avec la suppression des droits de douane, il espère en profiter pour grignoter des parts de marché.

"Je crois que c'est très important pour reconquérir des marchés, explique le vigneron. On avait pris énormément de retard depuis une dizaine d'années face à nos concurrents dans le vin sud-américain, qui ont beaucoup moins de contraintes administratives et de production que nous […] Cet accord pourra j'espère nous repositionner encore mieux sur le Japon."
 


Hausse des ventes attendue

Le Japon représente le troisième marché d'exportation pour le chablis derrière le Royaume-Uni, premier importateur. Mais face à l'impact économique liée au Brexit, les viticulteurs doivent se résoudre à trouver d'autres relais de croissance.

"C'est forcément une source d'inquiétude car le Royaume-Uni reste notre première destination dans l'export et de façon très significative. Donc effectivement, nous devons imaginer un repositionnement, précise Damien Leclerc, directeur général de la coopérative la Chablisienne. C'est vrai que cette négociation avec le Japon qui nous est favorable est une très bonne nouvelle."

Conséquence de ce nouvel accord, le consommateur japonais pourra profiter du chablis à un meilleur tarif. De quoi espérer pour les viticulteurs icaunais une augmentation significative des ventes. "Dans l'immédiat, l'effet n'est pas clairement ressenti, indique Anne Moreau, vice-présidente de la commission communication au Bureau interprofessionel des vins de Bourgogne (BIVB). Je pense que ce sera clairement une amélioration pour les relations avec les importateurs japonais. Nous avons d'excellentes relations avec eux, ce n'est pas nouveau, mais ça va faciliter encore plus les échanges commerciaux."

Avec ce nouvel accord, les producteurs de chablis espèrent accroitre leur place sur le marché asiatique. Les vins du chablisien représentent aujourd'hui 27 % des vins de Bourgogne exportés vers le Japon.
 
Le plus large accord commercial bilatéral jamais conclu
L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Japon, négocié depuis 2013, concerne plus de 630 millions de personnes et près d'un tiers du PIB mondial. Il couvre la quasi-totalité des échanges entre l'espace européen et Tokyo et devrait en particulier profiter, selon l'UE, à l'agriculture européenne.

"L'Europe et le Japon envoient un message au monde sur l'avenir d'un commerce ouvert et équitable", s'est félicité le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, au moment où le multilatéralisme est plus que jamais remis en cause par les Etats-Unis. À terme, 85% des produits agroalimentaires de l'UE, comme le vin, pourront entrer au Japon sans droits de douane, mais parfois à l'issue de périodes de transition.

Le riz, un produit hautement symbolique pour les Japonais, est en revanche exclu de l'accord. Tokyo s'engage aussi à reconnaître plus de 200 indications géographiques comme le Roquefort, le Tiroler Speck autrichien, le Jambon d'Ardenne belge ou la Polska Wódka (vodka polonaise). Les négociations ont été particulièrement complexes sur les produits laitiers, mais l'accord éliminera les droits de douanes très élevés sur plusieurs fromages, avec une période de transition pouvant atteindre 15 ans.

Les Japonais obtiennent de leur côté un libre accès au marché européen pour leur industrie automobile, mais seulement à l'issue d'une période transitoire de 7 ans. Cet accord comprendra aussi un chapitre sur le développement durable et une référence explicite à l'accord de Paris de 2015 sur le climat. Mais ces dispositions n'ont pas suffi à convaincre les ONG, qui ne cessent de mettre en cause la politique commerciale de Bruxelles, notamment dans le domaine environnemental.

Le Français Pierre Gattaz, président de l'organisation patronale européenne BusinessEurope, s'est en revanche félicité de l'entrée en vigueur de l'accord, qui constitue selon lui "une occasion d'établir des normes dans de nouveaux domaines de produits et de faire converger les règles du commerce mondial autour d'un niveau d'ambition élevé".

avec AFP
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