Le château de Talmay, en Côte-d'Or est entouré d'un jardin à la française labellisé "Jardin Remarquable". Contrairement à beaucoup d'autres, sa spécificité ne sont pas les fleurs, mais un verger où la symétrie met en valeur des arbres fruitiers taillés en gobelets.
Aujourd’hui, notre série à la découverte des jardins de Bourgogne- Franche-Comté nous emmène dans ceux du château de Talmay. Ce village de Côte-d’or est situé à 3 kilomètres de la Franche-Comté, une situation qui a déterminé son histoire.
Devant le château, après avoir franchi l’unique pont qui permet d’accéder à la propriété, on est immédiatement frappé par son architecture. Devant nous se dresse un très beau château du 18e, gracieux et harmonieux, adossé à une tour médiévale imposante. Une construction originale pour ce type d’édifice !
Nous sommes accueillies par , Ghislaine Bonhoure, propriétaire des lieux avec son frère, qui nous ouvre l’imposante grille du 18 ème siècle. Depuis la cour arrière du château, elle nous raconte l’histoire de la propriété. De cet endroit, plutôt minéral, on aperçoit une autre grille ouvrant sur la verdure et la géométrie d’un jardin à la française labellisé "Jardin Remarquable" depuis 2004.
Ce n’est pas un jardin de fleurs, c’est un jardin de château, un jardin d’architectures.
Ce monument historique n’est pas un musée, c’est une propriété habitée qui appartient à la famille de Ghislaine Bonhoure depuis 1824. Quant aux jardins, que pour l’instant on ne fait que deviner, ils sont étroitement liés à l’histoire du bâtiment et de cette famille.
Le jardin et le parc du château sont entourés d’eau. La propriété est délimitée par 2 rivières, la Vingeanne et le Vingeannot, un bief et un saut du loup qui comme son nom l’indique empêchait les loups de rentrer. En tout, une propriété de 7 hectares avec, comme de nombreux châteaux de cette époque, son orangerie, son parc, son jardin des simples… et un jardin fruitier.
La maison de campagne la plus somptueuse et la plus superbe manque d’un de ses principaux ornements, si elle n’est accompagnée de jardins fruitiers qui soient beaux. Jean-Baptiste La Quintinie, créateur du potager du Roi à Versailles (1678-1683)
♦ Un verger exceptionnel
A Talmay, il ne faut absolument pas rater la visite du verger. En effet, la spécificité du jardin n’est pas l’architecture qu’on retrouve dans les autres châteaux de cette époque, mais son verger. Il est à l’origine du label "Jardin Remarquable" et, jusqu’à présent, la propriétaire des lieux n’en a vu qu’un seul comme celui-là. En franchissant la grille qui mène au jardin fruitier on ne peut qu’être saisi par son harmonie. Devant nous, un verger découpé en carrés, eux-mêmes découpés en triangles délimités par des allées bien ordonnées, donne l’illusion d’un immense tapis végétal où la géométrie domine. Les 400 arbres fruitiers, essentiellement des pommiers, quelques poiriers et pruniers, participent à cette impression de symétrie et d’équilibre. Ils ont tous la même forme, une taille en gobelets qui leur donne l’aspect de verres à pied.
Et même si le verger n’est pas un jardin de fleurs, on y trouve des bordures fleuries. Lavandes, rosiers, sauges, pivoineset euphorbes alternent telles des notes de musique et apportent une touche de couleurs à cet espace. Le long des murs, le grand-père de Ghislaine Bonhoure a également planté des fruitiers en espalier.
Mes frères et sœurs qui ont connu mon grand-père se souviennent qu’il ne fallait surtout pas toucher ses poires. Il les comptait tous les jours, c’était une institution.
A partir de juillet, c’est la partie du jardin qui demande le plus de travail. Il faut tondre régulièrement l’herbe aux pieds des arbres, désherber les allées, récolter les fruits, tailler... Certains fruitiers ont été plantés par le grand-père de Ghislaine Bonhoure, et il faut régulièrement remplacer les arbres morts.
♦ Château et jardins, une histoire intimement liée
Le jardin du château de Talmay a été créé en 1753, 10 ans avant la construction du château actuel (celui du 18ème). Un plan d’origine, conservé dans les archives familiales, permet de deviner à quoi il ressemblait à l’époque. Un jardin à la française articulé autour de deux grands principes : la géométrie et la perspective.
Un peu plus tard, au 19ème siècle, sous la pression de la mode, un des ancêtres de Ghislaine Bonhoure, le baron Paul Thénard le transforme radicalement. Le classicisme, la symétrie et les lignes de fuites laissent alors la place à la profusion de plantes et la poésie d'un jardin à l’anglaise. Le verger et les terrasses sont supprimés, un grand bassin voit le jour et de nouveaux arbres sont plantés.
Difficile d’imaginer aujourd’hui, en regardant le château depuis la cour arrière, qu’à cette époque les arbres allaient jusqu’aux portes de l’habitation.
Ce sont les grands-parents de Ghislaine Bonhoure, Pierre de Montrieu et son épouse Jeanne, qui s’inspirant, du plan du 18ème recréent le jardin à la française originel et son verger remarquable. Un travail que perpétue leur petite-fille.
Mon grand-père était un architecte dans l’âme, passionné d’architecture et de jardins.
Ghislaine Bonhoure passe désormais la majeure partie de son temps à Talmay. Pour elle, cette demeure n’a rien à voir avec une résidence secondaire dans laquelle on vient se reposer. C’est une passion, un véritable projet de vie auquel elle croit et où l’oisiveté n’a pas de place. Entre l’entretien du jardin, du château, trouver des ressources financières et faire des visites, elle ne s’ennuie jamais. Pour s’occuper du jardin, elle est aidée depuis 22 ans par Lysiane Socier, la gardienne et jardinière du château, en qui elle a toute confiance. C’est elle qui s’occupe du petit bassin et de ses plantes aquatiques, et pour le reste, Ghislaine Bonhoure ne prend aucune décision sans avoir échangé avec elle.
Cette année avec la pluie nous n’arrêtons pas de désherber, c’est sans fin. Je pars une semaine, mais en rentrant je sais que j’aurais le double de travail.
♦ Huit platanes témoins de l’histoire du lieu
Notre balade nous emmène à la découverte d'une autre facette du château, du côté de la façade principale, celle où arrivaient jadis les invités dans leurs carrosses. Pendant longtemps, la pelouse devant le château a servi de terrain de football pour les enfants du village. La mère de Ghislaine Bonhoure, a beaucoup travaillé dans cette partie du jardin pour lui redonner son faste d'autrefois. Une terrasse, un escalier, des haies de buis taillées et des allées bordées de tilleuls rappellent la majesté du lieu. Dos au château, en regardant au loin, au-delà d’un petit bois, une trouée laisse entrevoir le paysage de la campagne environnante. Dans cette partie boisée du parc, des chemins conduisent vers une voute végétale spectaculaire formée par huit platanes exceptionnels plantés en 1752.
C’est la seule chose qui reste du plan initial et ils ponctuent ce parc qui est assez court.
Comme son grand-père Ghislaine Bonhoure se dit "plus arbres que fleurs". Et tout comme lui, elle aime travailler sur l’architecture de son jardin. Au fond d’elle, elle espère que cela continuera et qu’un de ses enfants prendra la relève pour faire vivre l’esprit de ce jardin à la française, remarquable.
♦ Infos pratiques
• Adresse : 1 place du Château 21270 Talmay
• Horaires : Les visites du château sont programmées normalement à 15 h 30 et 17 h. Ce sont des visites guidées qui durent environ 45 minutes.
• Tarifs : 7 euros pour les adultes, gratuit aux moins de 8 ans.
• Contact : 0380361364