Alors que le gouvernement français souhaite réformer en profondeur la SNCF, nos voisins helvètes ont réussi à transformer leur système ferroviaire dès la fin des années 90. Souvent citée en exemple, comment la Suisse s'est-elle hissée en tête des classements du rail en Europe et à quel prix ?
Selon un rapport publié en 2017 European Railway Performance Index (RPI), la Suisse a le réseau ferroviaire le plus performant d'Europe. Dans cette étude qui compare 25 pays européens, la France arrive en 9e position.
Lors de la publication du rapport Spinetta, les Français découvrent l'état réel de la SNCF : un endettement abyssal (46,6 milliards d'euros), le prix d'une politique du tout TGV, des problèmes techniques à répétition qui engendrent des retards, conséquence du sous-investissement pendant des années dans le réseau ferroviaire. Le gouvernement a annoncé vouloir réformer en profondeur la SNCF. Les cheminots ont entamé cette semaine un mouvement de grève national pour s'opposer à ce projet.
En Suisse, a contrario, les CFF (Chemins de Fers Fédéraux) réalisent des bénéfices (399 millions de francs en 2017). Quelles sont les grandes différences entre le système ferroviaire de nos voisins helvètes et le nôtre ? Pourquoi la Suisse est-elle montrée en exemple ?
1999 : la renaissance du rail suisse
A l'aube des années 2000, l'Office fédéral des Transports (OFT) lance un grand plan de refonte du rail. Cette réforme qui colle avec les nouvelles préoccupations environnementales de la Confédération est baptisée Rail 2000. En 1999, les CFF passent sous statut de société anonyme de droit public. Son capital est détenu en totalité par l'État. La Confédération, actionnaire principal du rail, décide à cette occasion d'effacer la dette des CFF.
Les infrastructures sont entretenues et modernisées grâce à un fonds d'investissement unique, le FAIF, financé aux deux tiers par le trafic des poids lourds. C'est un peu l'équivalent de notre écotaxe, mesure avortée avant même d'avoir vu le jour.
La Suisse investit 4,4 milliards d'euros par an pour ses 3000 km de rails.
La fin du statut de fonctionnaire des cheminots
Les cheminots ont perdu leur statut de fonctionnaire à la fin des années 90. Leur convention collective de travail les protège du licenciement mais pour combien de temps encore ?
Dans le cadre du programme d'économies prévu baptisé Railfit 20/30, cette convention est actuellement renégociée. Les syndicats s'inquiètent des conséquences de ce projet. Selon eux, 1400 postes pourraient être supprimés d'ici 2020.
Le réseau ferroviaire suisse doit aujourd'hui faire face à une hausse constante de voyageurs. Selon les perspectives, il y aura 40 % de voyageurs de plus d'ici 2040. L'enjeu futur sera d'adapter les capacités du rail. Le Conseil fédéral propose d’investir 11,5 milliards CHF dans les infrastructures d'ici 2035.