Cuisine, petite enfance, coiffure... Vous rêvez de vous reconvertir dans un métier qui recrute et pourquoi pas grâce à l'enseignement à distance ? Plusieurs dizaines d''élèves sont en conflit avec un organisme spécialisé dans la préparation aux CAP qui recrute à grand renfort de publicité.
Aucune raison de se méfier a priori. Cet organisme de formation inspire vraiment confiance. Rachel s'est laissée tenter. Au chômage, la jeune femme a appelé au numéro indiqué pour demander une brochure. Elle souhaitait en savoir plus sur la formation au C.A.P petite enfance.
Au téléphone, on lui fait passer un entretien de 10 minutes. " On m'a dit que j'étais la personne idéale, que nous étions plusieurs en ligne, qu'il ne restait qu'une seule place... et qu'on me la donnait" raconte-t-elle.
Au bout du fil, elle apprend que la formation dure 3 ans et qu'il lui faudra payer 100 euros par mois (pendant 3 ans). Rachel n'a pas le contrat sous les yeux, mais comme elle a vraiment envie de se reconvertir professionnellement, elle s'inscrit. La formation est facturée 2.475 euros
Mais assez rapidement, elle se rend compte que ce qui lui avait été promis ne correspond pas à la réalité. Sa déception est grande. "On m'avait dit qu'il y aurait un suivi, qu'il y aurait toujours quelqu'un pour me répondre, que je pourrai suivre les cours sur mon ordinateur ou mon téléphone" mais rien de tout ça et les cours sont uniquement sur papier.
La jeune femme demande alors à résilier pour raisons financières. Mais le contrat est clair : à compter de la date de signature le délai de rétractation est de 14 jours et aucun motif de rupture n'est accepté par l'organisme de formation. Sur internet, les témoignages d'anciens élèves dans la même situation sont nombreux.
En cas d'impayés, ils reçoivent des dizaines de relances: jusqu'à cinq ou six appels dans une journée, un courrier par semaine, et d'innombrables e-mails. En cas d'arrêt, le contrat prévoit que la totalité du montant de la formation est dû: entre 1.800 et 2.500 euros en moyenne.
L'organisme de formation se défend en expliquant que les cours, l'accès à la plateforme et l'accompagnement des élèves ont un coût. Il y a des charges fixes et ceux qui s'engagent pour une formation s'engagent aussi à les accepter.
En gage de sérieux, les messages publicitaires vantent les 20. 000 élèves inscrits chaque année, un coaching personnalisé. Diplômé ou remboursé.
Comme Rachel, d'autres élèves affirment que les engagements de l'école ne sont pas respectés. Stéphane, jardinier de profession, témoigne lui aussi. Il s'est 'inscrit au CAP cuisine : "On m'a dit qu'il y avait des maîtres de stage, il n'y a aucun maître de stage. On m'a dit que je serai suivi par un coach, le coach vous appelle une fois, deux fois, et la troisième fois il n'est plus présent. On vous dit que vous pouvez arrêter la formation à tout moment et c'est complètement faux!"
Alors, questions : Les élèves se sont-ils inscrits trop vite en sous-estimant l'engagement personnel et financier ou y a-t-il eu publicité trompeuse ? Un avocat répond :" Une publicité frauduleuse peut faire que le contrat est nul, mais c'est compliqué à prouver." La preuve est d'autant plus difficile si le contrat a été établi lors d'une conversation téléphonique. "Il faudrait faire des captures d'écran à l'instant T où on vous vend clairement du rêve." dit-il.
Seule l'ouverture d'une enquête, en cas d'action de groupe, permettrait de caractériser de tels faits. Le groupe facebook créé par Rachel fin mars compte déjà une quarantaine de membres tous en litige, avec l'organisme de formation, pour impayés. L'organisme de formation se dit prêt à discuter avec les mécontents.
Reportage : Tiphaine Pfeiffer - Damien Rabeisen