Ils sont les premiers exposés à l'épidémie de coronavirus. Le quotidien des soignants a été bouleversé depuis le début de la crise sanitaire. Alors que la situation en France s'aggrave de jour en jour, combien de temps pourront-ils tenir ? 

Le coronavirus met à l'épreuve la santé mentale des soignants


Depuis le début de l'épidémie du coronavirus Covid-19, les soignants sont en première ligne. Alors que le pic est attendu dans quelques jours, le personnel de santé réclame aujourd'hui plus de matériel (des masques, des gants, des lunettes, des blouses, etc.) mais surtout demande aux Français de rester chez eux et de respecter le confinement afin d'éviter une surcharge des services et un manque de lits. Tous soulèvent des conditions d'exercice de plus en plus difficiles et estiment qu'ils sont en danger, qu'ils peuvent se contaminer si des mesures ne sont pas prises rapidement. Autant de facteurs qui risquent de déclencher chez certains des épuisements, des burn-outs.

Clément Guillet est psychiatre, à Dijon et nous explique ce qui peut amener les soignants à craquer. "Les hôpitaux sont surchargés. Il y a de plus en plus de besoins. Tout le personnel est de plus en plus sollicité et les situations de plus en plus complexes." Demander aux Français de rester chez eux, ce n'est pas seulement pour éviter la surcharge des services. C'est surtout pour éviter aux soignants de devoir faire des choix en cas d'afflux massif et ingérable des malades, "faire le tri" entre les patients. "En réanimation, les décès sont courants mais là, ils sont trop nombreux." L'épuisement physique et psychologique augmente à mesure que la mortalité s'élève. 
 "Il y a aussi le confinement et le dérèglement du système de santé qui affectent les soignants." La crise sanitaire demande aux hôpitaux et aux services de se réorganiser presque totalement. Certains services sont vidés entièrement pour créer des espaces Covid. Des infirmier-ères, aide-soignant(e)s et médecins d'autres secteurs sont appelés en renfort. "Il y a un changement des habitudes, mêlé à un rythme effrené qui déclenchent des détresses psychologiques."

Les soignants ont peur de rentrer à la maison


La peur de se contaminer et de contaminer son entourage fait aussi partie des charges mentales portées par les soignants. Certains décident même de ne plus rentrer domir chez eux, par peur de transmette le virus à leur conjoint(e) ou leurs enfants. Des hôtels et des particuliers mettent leurs logements à disposition pour les soignants qui ne souhaitent plus/ne peuvent plus rentrer chez eux. 

Pour Clément Guillet, "même si les professionnels des urgences, de la pneumologie, de la réanimation ou même les médecins de SOS médecins qui font de plus en plus de téléconsultations sont les plus exposés, tout le monde est sujet à l'épuisement dans cette situation bien particulière.

La prévention au coeur des hôpitaux

Cet épuisement professionnel, aussi appelé burn-out, se différencie de la dépression par sa survenue brutale. Mais les symptomes sont relativement les mêmes : moins d'énergie, on voit la vie en noir, on a des troubles du sommeil, de l'appétit et de l'humeur, un sentiment de dévalorisation, des difficultés à se concentrer.

Pour prévenir les burn-outs, il faut "anticiper et prévenir". La fatigue qui s'accumule peut finir par invalider et rendre le travail dangereux pour les soignants et avoir des conséquences sur la prise en charge des patients. En cette période épidémique, les services de santé doivent prendre leurs précautions et appliquer rigoureusement les mesures : organiser des rotations d'équipes, faire appel à la réserve sanitaire, c'est-à-dire des personnels soignants à la retraite ou des internes, des étudiants. "Il faut qu'une solidarité sanitaire se mette en place." 
 

Après la crise, il faudra continuer à soigner les soignants


Même actuellement, il faut que les différents soignants puissent se reposer. C'est très important. "Faire des pauses, s'économiser quand ils le peuvent. Parfois, juste prendre quelques jours loin du travail permet de vraiment se reposer." Il est évidemment difficile de se déconnecter de cette actualité. Alors il est tout aussi nécessaire que les soignants puissent se retrouver et échanger ensemble sur ce qu'ils vivent. "C'est important de se parler, de ne rien négliger, se faire épauler et avoir ses collègues en appui."

Le burn-out est très courant dans le milieu de la santé. Avant l'épidémie du Covid-19, il y avait déjà un épuisement notable aux seins des hôpitaux et des services de santé : manque de moyens, management toxique, pressions psychologiques, cadences de plus en plus soutenues. 

Certains, en grève, réclamaient plus de moyens et de personnel. Nul ne doute qu'une fois la crise terminée, il faudra soigner les soignants qui s'épuisent jour après jour et ce, depuis des mois.

Ne pas hésiter à se confier à des professionnels


Deux numéros d'écoute existent aujourd'hui pour tous les soignants qui en auraient besoin :

0 800 800 854 : un numéro d'écoute unique mis en place par les différents ordres professionnels de santé. Il est disponible 7 jours sur 7 et 24h/24.
0 805 23 23 36 : un numéro d'écoute mis en place par SPS Soignants en souffrance. Il est gratuit et disponible 7 jours sur 7 et 24h/24. 
► Il y a aussi l'application SPS, téléchargeable sur smartphone, qui vous permet d'entrer en contact rapidement avec des psychologues.
 

►  En Saône-et-Loire, à Louhans, la clinique Le Gouz a ouvert ses portes en octobre 2018. Elle est la première clinique de santé mentale en France à s'adresser aux professionnels de santé. L'établissement peut accueillir 40 patients en hospitalisation complète et dispose de 10 lits en hôpital de jour.

► A Dijon, le Centre Hospitalier La Chartreuse a mis en place une plateforme de soutien psychologique, pour tous les publics, joignable au 03 80 42 48 05, du lundi au vendredi, de 8h à 18h

►  A Chalon-sur-Saône, le Centre Hospitalier Spécialisé de Sevrey propose un numéro vert pour soutenir psychologiquement les Chalonnais(es) : 0800 071 000. Le service est accessible 7 jours sur 7, de 8h à 18h. 



 
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