A Besançon (Doubs), certains soignants en médecine de ville manquent de moyens de protections alors que l'épidémie de coronavirus est au stade 3 et que le nombre de malades s'envole. Des infirmières libérales demandent aux communes de donner du matériel.
Des masques. Du gel hydroalcoolique dans les bureaux de vote. Les images de ce dimanche de premier tour d'élections municipales ont fait bondir certains personnels soignants.
"Nous avons eu une boite de masques pour trois infirmières. On est en panne de solutions hydroalcooliques, de lingettes désinfectantes résistantes au coronavirus, on n'a plus d'embouts pour prendre la température" dénonce Florence Delcey, membre de la Fédération Nationale des infirmiers. Cette dernière réclame du matériel. Il y en avait dans les bureaux de vote, mais pour ces infirmières libérales, impossible d'en trouver sur les sites de vente en ligne, impossible d'en trouver en pharmacie. Elles se préparent pourtant à monter en première ligne de la bataille contre l'épidémie. Tôt ou tard, elles seront amenées à prendre en charge en médecine de ville des malades infectés par le Covid-19.
Dans son cabinet de Besançon, Laetitia Chaput partage la même colère. Elle a posté ce lundi 15 mars un appel sur les réseaux sociaux.
Je suis infirmière libérale à Besançon et aujourd'hui, la situation est catastrophique.
J'en appelle à toutes les instances mais aussi à la population
En effet, sans protections, nous sommes le premier vecteur du Covid-19
Communes, grandes entreprises, donnez vos masques aux soignants
"Il est urgent que nos élus mesurent la gravité de la situation. Nous demandons la réquisition du matériel disponible en préfecture, en mairie, les stocks des plateformes de vente en ligne de matériel médical et para medical...Vous qui avez des stocks de solutions hydroalcooliques, masques, surblouses, gants ou autre dans vos maisons, vous êtes confinés, vous devez rester chez vous, vous n'en n'avez donc pas besoin. N'hésitez plus à les faire parvenir à vos soignants de ville" réclame l'infirmière.
"Tout ce qui a été donné pour les élections, qu'on nous le donne..Je veux bien aller soigner des malades du coronavirus, mais avec des moyens de protection" confie-t-elle. "On prend la même direction que l'Italie en pire. Moi je suis inquiète, pour moi, pour mes proches. Les caissières des supermarchés sont mieux protégées que nous" dénonce Laetitia Chaput.
"Vous qui êtes dirigeant d'entreprise , bouchers, vétérinaires etc... il est urgent de donner vos stocks de protection aussi.... nous vous demandons votre aide à tous. Il s'agit de votre santé à tous mais aussi celle de vos aînés, vos parents, vos fragiles..." écrit l'infirmière bisontine.
Sans protections, sans matériel, on est des potentielles tueuses
A entendre Florence Delcey, l'égoïsme de certains Français pourrait bien coûter des vies. Chez un de ses patients, un particulier, elle découvre ces derniers jours, une boite entière de masques, un immense flacon de gel hydroalcoolique. Elle, elle n'a plus rien. Pour l'instant l'infirmière a décidé d'utiliser son stock de masques avec parcimonie. Un par jour, pour se préparer comme elle peut au pic de l'épidémie.
Des masques FFP2, elle n'en a pas. Selon elle, les médecins commencent à être démunis également. Florence Delcey a reçu un message des autorités sanitaires qui annoncent l'arrivée de matériel dans la semaine, elle attend de le voir pour le croire. En attendant, elle dit ne pas avoir peur pour elle, mais pour les autres. "On a peur pour nos papies, nos mamies car sans protections, sans matériel, on est des potentielles tueuses" conclut-t-elle.
En Bourgogne Franche-Comté,507 personnes étaient touchées ce lundi 16 mars par le coronavirus. 6 morts sont à déplorer. 28 personnes sont en réanimation. L'Agence Regionale de Santé invite les habitants à rester chez eux.