Ils sont encore maires et pourtant une majorité des habitants de leur commune a souhaité changer de municipalité. Battus dès le premier tour, ils sont pour l’heure, reconduit dans leurs fonctions en raison de la crise sanitaire. Entre devoirs et émotions nous avons interrogé ces maires en sursis.
En raison de l’épidémie de Covid-19, le gouvernement a décidé de reporter les conseils municipaux qui devaient élire les nouveaux maires et leurs adjoints dans 30000 communes françaises qui ont vu une liste s’imposer dans le premier tour de scrutin des élections municipales, dans un contexte très particulier. Alors qu'elles pensaient passer la main la semaine dernière, les équipes sortantes voient ainsi leurs mandats prolongés jusqu’à la mi-mai par décision du gouvernement.
"J’ai le sens du service public" - Dominique Aguilar
A Tonnerre, dans l’Yonne, la maire sortante Dominique Aguilar (DVD) était candidate pour un second mandat. Mais dès le 1er tour, elle est battue par une liste conduite par un novice en politique : Cédric Clech (S.E) qui écrase le scrutin avec 61,7% des voix. Toujours à la barre de la commune, malgré la sanction du suffrage universel, la maire sortante fait face à la crise.
Une situation singulière pour celle qui, depuis 10 jours, doit, certes, expédier les affaires courantes, mais aussi « assurer la continuité du service public municipal tout en préservant les personnels de la mairie ».
Une élue qui doit aussi s’assurer du bon respect du confinement décidé par le gouvernement : « J’ai pris un arrêté municipal vendredi, pour limiter les rassemblements de plus de 5 personnes sur 14 sites de la commune ». La police municipale et la gendarmerie le font respecter.
Servir l'intérêt général
Pour Dominique Aguilar, « le mandat de maire c’est servir l’intérêt général et je dois le faire ». La maire sortante fait valoir sa connaissance de la gestion de crise « après les canicules ou les périodes des attentats, de plus, je connais les interlocuteurs, ils me connaissent. Il y a une confiance établie avec les habitants et les personnels de la ville ».
Pour elle, c’est plus simple d’avoir cette continuité même si cela reste une situation particulière : « la tête de liste qui doit me succéder n’a jamais été élue auparavant cela serait surement moins simple par manque d’expérience ». Le maire reste en effet le chef de file de la gestion de crise dans sa commune.
"La légitimité est dans l’action" - Vincent Dancourt
Vincent Dancourt (DVD) a, lui aussi, été battu au 1er tour le 15 mars dernier. Cependant, comme ses collègues, il préside encore aux destinées de Genlis, en Côte-d’Or et de ses près de 5400 habitants. « A situation exceptionnelle il faut des mesures exceptionnelles et comme tous les citoyens je m’y plie ».
Conduire "le navire dans la tempête"
Pour le maire sortant toujours en fonction c’est un devoir citoyen et d’élu qui est normal : « on ne quitte pas un navire ne pleine tempête ».
Et tant pis si l’élu avait pris ses dispositions par rapport à ses activités professionnelles : « dans mon esprit tout devait être transféré en une semaine à la nouvelle équipe. Mais quand on accepte ces responsabilités, on les accepte jusqu’au bout ».
Vincent Dancourt ne sait pas dire si c’est mieux que ce soit l’ancienne équipe ou la nouvelle qui gère la crise mais « On gagne malgré tout en rapidité en cette période. Il ne faut pas trainer pour mettre en place certaines choses ». Illégitime un maire battu pour gérer une telle crise ? Vincent Dancourt ne le croit pas : « les textes sont là et la légitimité est dans l’action ».