Excentrée, elle n'a pas pignon sur rue. Dans le quartier Chaprais, la boutique JM Informatique reste ouverte. Elle est sur la liste de la Préfecture des établissements autorisés et s'est adaptée pour vendre ordinateurs ou cartouches d'imprimante. Elle a même gagné des clients. Mais c'est compliqué.
"Ces derniers quinze jours, nous avons vendu des ordinateurs portables, des imprimantes et leurs consommables ou encore des webcams", explique Jean-Louis Colle, le gérant, gants bleus et masque de protection, à deux mètres de nous, derrière son comptoir protégé par un plexiglass."Les personnes qui sont passées au télétravail et les familles qui se retrouvent, au complet, confinées chez elles, n’ont pas toujours le matériel adéquat. Nous avons aussi assuré la télémaintenance."
Le magasin n'est ouvert que de 09h à 12h. Prière d'appeler ou d'envoyer un mail pour commander un produit.
Le client doit être rapide, l'entrée n'est que pour une personne à chaque fois.
Et le personnel (ils sont 5 à travailler) nettoie avant chaque utilisation le lecteur de carte bancaire. "On n'avait pas encore pris l'appareil avec la carte sans contact, quand ce sera fini, il faudra qu'on se décide à le prendre !"
L'après-midi, les techniciens basculent en télétravail et assurent la maintenance au téléphone. Si cela dure, et tout le monde sait que cela va durer, il va falloir avoir recours à du chômage partiel. Pour l'instant, ici, on écluse les congés.
Quand on parle à Jean-Louis, on se rend compte que, derrière-lui, les rayons de cartouches d'imprimantes sont presque vides. La crainte, ici, c'est que les livraisons se raréfient dans les prochains jours.
"Oui on a fait deux belles semaines de ventes, mais le mois d’avril s’annonce difficile, les suivants, n'en parlons-pas. Respectons tous bien les consignes de sécurité, les gestes barrières et espérons un retour à la normale le plus rapidement possible."
Les quinze derniers jours ont été de la folie. Les bisontins se sont équipés en urgence pour le télétravail et la classe à domicile. Certains, d'habitude attirés par les prix sans TVA d'Amazon, ont vu le géant du e-commerce ne plus pouvoir assurer de livraisons rapidement et se sont rappelé que des boutiques d'informatique existaient en ville.
"Oui, on a gagné de nouveaux clients. Et nos fidèles sont restés. Peut-être qu'une fois que cette crise sera finie, on réfléchira tous à une nouvelle façon de consommer."
Plus locale, même pour des barettes mémoires ou une nouvelle webcam.