Depuis le confinement, les résidents restent dans leur chambre. Les animatrices et le personnel a dû s'adapter aux mesures de sécurité mises en place pendant la crise sanitaire.
En allant au travail, Céline Bachelier a, depuis trois semaines, la même crainte : « L’angoisse que le virus arrive dans l’Ehpad ». Cette animatrice de 42 ans a vu son quotidien évoluer depuis trois semaines à Saint-Amour. Finies les activités tous ensemble : les résidents sont tous confinés, chacun dans leur chambre. Finies aussi les visites des familles : interdites depuis le confinement. Un quotidien bousculé pour les résidents de l'Ehpad Lucien Guichard, de moins en moins facile à vivre.
Alors, Céline Bachelier et ses collègues rivalisent d’invention, pour que le temps paraisse moins long. Concocter des rébus, des charades, et d’autres petits jeux pour occuper les résidents, mais aussi des animations dans les couloirs. La Jurassienne l'assure : « Les résidents restent à la porte d’entrée. On essaye d’entretenir les échanges entre eux, tout en respectant les règles de confinement. »
Depuis trois semaines, chaque résident prend son repas dans sa chambre. « Normalement, certaines familles aident pour les repas, mais depuis, elles ne peuvent se déplacer jusqu’à l’Ehpad », se remémore l'animatrice. Même si elle termine un peu plus tard, Céline Bachelier saisit ce moment privilégié pour passer plus de temps auprès des personnes, envoyer des photos aux proches, ou encore donner de leurs nouvelles par téléphone.
« Les appels vidéos, ça rassure plus leur famille ! »
Le numérique devient l’outil prisé par les familles. « On pensait pas du tout que ça allait marcher, et pourtant, ça fonctionne ! », s’exclame Céline Bachelier. Tantôt discrète au pied de la porte, tantôt présente à leurs côtés, l’animatrice accompagne de manière individuelle tous les résidents, avec l’ordinateur portable de l’Ehpad, pour des appels vidéos : « ça fait du bien aux résidents comme à la famille. Et même, ça rassure plus leur famille ! »
La vie continue, donc. Le confinement, aussi. Céline Bachelier remarque : « Depuis cette semaine, c’est de plus en plus dur. Il y a plus d’angoisse, plus de tristesse parmi les résidents. » Une psychologue vient de plus en plus fréquemment pour parler aux personnes âgées. Car les couloirs vides envahissent l’Ehpad. Le chemin de la chambre jusqu’à la salle à manger n’est plus emprunté. L’animatrice accompagne les personnes, une à une dans leur jardin, pour qu’elles sortent de leur chambre, et que l'horizon se dessine plus loin que leur fenêtre.
Trois résidentes racontent leur confinement
Juliette Basset, 92 ans : « Je lis, je regarde la télé et je rêve »
Andrée Voisin, 86 ans : « Je ne vois pas ce que les gens peuvent trouver à redire ! »
« Le confinement, bien sûr que c’est embêtant, mais à part ça, qu’est-ce que vous voulez faire ? », clame Andrée Voisin. La dame de 86 ans raconte les changements traversés par l’Ehpad, non sans optimisme, et remercie tous les travailleurs de l’Ehpad : « On nous apporte à manger, on est lavés, je ne vois pas ce que les gens peuvent trouver à redire ! ». Quant aux visites avec la famille, pas de problème. Grâce aux « technologies », ses semaines sont ponctuées d’appels vidéos avec sa fille. La dernière fois ? « C’était trop court », répond la résidente. Andrée Voisin relativise, cependant : « c’est quand même pas la guerre quand il y avait les Allemands ! »
Renée Chevalier, 88 ans : « Les visites sont interdites, alors on fait coucou par la fenêtre. »