Damien Pollet, médecin généraliste installé à Salins-les-Bains est tiré d'affaires. Il a développé une forme sevère du Covid-19. Hospitalisé plusieurs jours à l'hôpital, il tient à rendre hommage aux soignantes qui l'ont accompagné durant son séjour. Témoignage.
Damien Pollet a vécu le covid-19 de plein fouet. Non pas uniquement parce qu'il est médecin généraliste à Salins-les-Bains et qu'il a vu défiler de nombreux cas dans son cabinet, mais bien parce qu'il a lui même été touché par ce virus. Le Jurassien a passé cinq jours à l'hôpital, au CHU Minjoz de Besançon, dans une unité dite "covid+", spécialisée dans la prise en charge des formes sévères du covid-19. "Il y a exactement 15 jours, jeudi, j'ai commencé à avoir les premiers symptômes du covid. Ce que je ne savais pas c'est que j'étais en train de commencer une forme sévère. Samedi dernier ma saturation en oxygène a commencé à baisser. J'ai été hospitalisé, on m'a mis sous oxygène et je suis resté 4-5 jours" détaille Damien Pollet.
Ecoutez Damien Pollet nous parler de son hospitalisation à cause du covid-19 :
"Leur courage est assez exceptionnel"
Le Jurassien a pu rentrer chez lui, le 31 mars. Il a immédiatement souhaité rendre hommage aux femmes qui se sont occupées de lui, durant 5 jours, alors qu'il craignait pour sa vie.
Confiné seul dans une chambre de l'établissement universitaire hospitalier, Damien Pollet a eu le temps d'observer les soignantes et a pleinement pris la mesure de l'implication et le dévouement de ces professionnelles."J'ai été étonné de voir que pendant la durée de mon séjour, j'ai eu pratiquement exclusivement que des femmes qui sont entrées dans ma chambre. Que ce soit des femmes de ménage, aide-soignantes, infirmières, médecin, internes... Ca m'a frappé de voir cette féminisation. et je trouvais leur courage assez exceptionnel" nous explique-t-il, entre deux quintes de toux.
Damien Pollet, remplacé dans son cabinet de consultation par sa fille également médecin généraliste, ne pourra évidemment pas reprendre le travail tout de suite. Ce dernier n'est pas tout à fait guéri, même si désormais il peut le dire : "Je vais continuer à vivre."
Le texte de Damien Pollet, en intégralité :
"LES GUERRIERES
Ayant fait une forme sevère du Covid, je peux enfin dire, au bout de treize jours dont cinq en hôpital, que je vais continuer à vivre.
C'est une guerre et je me suis retrouvé sur le champ de bataille à Besançon dans un service fermé où nous étions tous confirmés Covid+ .
La particularité dans cette guerre, c'est que l'on met en première ligne beaucoup de femmes, quand ce ne sont pas elles qui font la demande de partir au front.
Toutes rentrent dans le combat avec un courage exemplaire face au risque. D'un grand professionnalisme, elles rajoutent la joie, la bienveillance, l'empathie, l'écoute au cœur de situations complexes, lourdes et souvent dramatiques. La VIE en somme, qu'elles seules d'ailleurs savent donner. Les hommes sont plus formés à donner la mort.
Elles, ce sont les femmes de ménage, les aide soignantes et leur stagiaires, les infirmières et leur stagiaires, les manipulatrices radio, les internes, les assistantes et les cheffes de service.
Quand elles rentrent le soir, elles retrouvent leur famille avec les marques sur le visage des masques et lunettes portés parfois douze longues heures. Et le matin, elles embrassent rapidement ceux qu'elle aiment pour rejoindre le champ de bataille et l'ennemi invisible, implacable. Le tueur.
Elles sont impressionnantes d'efficacité et je voulais leur rendre hommage même si de nombreux guerriers tout aussi courageux les accompagnent.
Moi, je n'ai vu que des guerrières pendant toute ma présence sur le champ de bataille. Je rapporte ce cliché pris le 30 mars à 9h55.
Bravo à vous toutes, je ne vous oublierai jamais. Vous êtes nos magnifiques GUERRIÈRES."