Dans la nuit de jeudi 23 à vendredi 24 avril débutera le ramadan. Un mois durant lequel les musulmans du monde entier mettent leur foi à l'épreuve. Cette année, il se déroule en plein épisode de pandémie. Mais les fidèles interrogés nous l'assurent, cela ne viendra pas perturber leur mois de jeûne.
"Cela ne change rien, on va quand même faire notre ramadan! ".Voilà qui est clair. Si l'on pouvait se demander dans quelle mesure le confinement allait perturber le ramadan, Salhi Rabah, fidèle de la mosquée de Torcy (Saône-et-Loire) nous donne un premier élément de réponse. Pour lui et d'un point de vue religieux, ce ramadan 2020 (ou 1442 dans le calendrier islamique) ressemblera aux autres.
Aucun rassemblement dans les mosquées
Pourtant, depuis que les mesures de confinement sont appliquées en France, les lieux de culte comme les mosquées n’accueillent plus de public. À la mosquée de Dijon, chaque année en période de ramadan, les fidèles se pressent tous les soirs pour faire ensemble une dernière prière. « On doit faire cinq prières par jour, mais en plus on peut aussi faire une prière facultative que l’on appelle sérogatoire. C’est au bon vouloir de chacun mais ici c’est bien suivi » nous explique Rachid K. le trésorier de la mosquée An Nour de Dijon.En ce mois de recherche spirituelle propice aux échanges et la solidarité, cette prière collective revêt une importance certaine.
Mais cette année, les rassemblements d'une telle ampleur ne pourront avoir lieu. Si le cap du 11 mai a été donné pour un début de déconfinement, peu de fidèles s’imaginent pouvoir se rassembler à nouveau aussi vite. Rachid le reconnaît : « Il y aura un manque évident pour les fidèles puisque ce sont des moments de communion très forts. »
"Cela va permettre de se recentrer au niveau familial"
Malgré cela, ce n'est pas l'abattement qui règne dans les rangs de la communauté musulmane. Le ramadan est un moment fort dans l'année d'un croyant. Alors, en dépit de ces moments d'échange collectif, chacun priera chez soi comme dans les habitudes quotidiennes. "Les gens vont reproduire ce qu’ils font déjà à la mosquée", témoigne Rachid.Rien donc ne semble pouvoir altérer la foi des croyants contactés. Rachid, lui, trouve même des vertus positives à faire ce ramadan confiné. «Cela va permettre aux gens de se reconcentrer au niveau familial. Pendant cette période, les gens prennent le temps de se préoccuper de leur cercle d’amis et de leur famille. »
En plus, cet isolement forcé qu'impose le confinement peut s'avérer être un terreau fertile en ce mois de recheche et de réflexion : « On est seuls, isolés, donc on est forcément plus concentrés pour faire de la méditation. » Salhi poursuit en citant son exemple personnel : « Chaque année, pendant le ramadan, je relis le coran de A à Z. Certains le lisent même plusieurs fois ».
Un point de vue partagé par Mostafa, président de l'association de la mosquée de Chenôve: " Le mois du ramadan c’est un mois spirituel ou il y a besoin de lecture, de méditation, de recueil, de prières " conclut-il.
Afin de permettre au plus grand nombre d'avoir accès à la foi, plusieurs mosquées commencent à s'organiser pour mettre en ligne des prières ou des prêches sur les réseaux sociaux.
La solidarité s'organise pour venir en aide aux plus démunis
Dans l'Islam, le mois du ramadan est aussi un moyen de se rapprocher des personnes les plus vulnérables. Par le jeûne ou par des actions solidaires, les croyants apportent leur soutien et leur aide aux plus démunis. À Dijon comme à Torcy, les collectes de dons ont déjà commencé et se poursuivront durant toute la période sainte. Plusieurs associations et mosquées servent des repas aux personnes âgées, isolées ou en situation de précarité.
« On est solidaires toute l’année, mais pendant le ramadan, on doit faire encore plus » résume Salhi.
Ramadan en période de confinement : pour qui ? pour quoi ?
Le Conseil Français du Culte Musulman a récemment publié une mise au point concernant le mois du ramadan. Le contexte de pandémie n'empêche pas la tenue du ramadan et les fidèles concernés peuvent donc le pratiquer normalement.« La pratique du jeûne dépend intrinsèquement et individuellement de chacun là où il se trouve. Cette pratique n’est donc pas affectée directement par le contexte de pandémie : celles et ceux qui remplissent les conditions du jeûne et sont en mesure de l’observer, l’observeront comme d’habitude. Celles et ceux qui ont une dérogation reconnue, comme la maladie, la vieillesse, la grossesse, l’allaitement ou le voyage, en seront exemptés suivant la réalité de leur situation. »