L’Agence Régionale de Santé de Bourgogne Franche-Comté, le Préfet de région et les recteurs ont fait le point ce vendredi 10 avril à presque 4 semaines de confinement. La tension dans les hôpitaux reste vive, mais on note un début de stabilisation dans le nombre de cas en réanimation.
« Nous sommes dans une phase de stabilisation à l’hôpital qu’on espère durable et prélude à une baisse de la tension pour le système de santé, même s’il est trop tôt pour le dire » estime Pierre PRIBILE, Directeur général de l'Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté.A ce jour, vendredi 10 avril, 290 personnes sont en réanimation, 1282 sont hospitalisées. Plus de 1300 patients sont sortis des hôpitaux. On déplore 459 décès en milieu hospitalier, et 275 dans les établissements médico-sociaux dont les Ehpad.
En Bourgogne Franche-Comté, le nombre de malades en réanimation se stabilise depuis plusieurs jours. Mais le nombre de patients augmente encore chaque jour. Dans notre région, le pic de l’épidémie est peut-être atteint. Il ne ressemble pas un pic proprement dit car « on a été obligés de freiner très fort pour préserver les capacités en réanimation » ajoute Pierre Pribile. Le pic pourrait donc prendre la forme de plateau qui tend à se stabiliser.
« Le confinement cela marche, il produit ses effets, mais il ne faut pas en tirer des conclusions et se dire que tout va mieux » estime le directeur de l’ARS. A l’heure qu’il est, de nouveaux transferts de malades vers d’autres régions, ne sont pas envisagés. La capacité en lits en réanimation qui est normalement de 200 lits dans notre région, a été portée à 300 voire 350 lits précise le directeur de l’ARS.
Une montée en puissance des dépistages dans les Ehpad
Le directeur de l’ARS confirme que la stratégie a changé pour ces établissements. On est dans une stratégie de tests désormais pour enrayer la propagation du virus. Quand un établissement épargné connait un premier cas de covid-19, l’ensemble du personnel est testé.Dans les Ehpad où les locaux permettent des séparer les malades des porteurs sains, des tests sont effectués pour savoir qui va à quel endroit. « Cela suppose une augmentation de notre capacité à faire des tests » précise Pierre Pribile. A Macon, par exemple, le laboratoire département de Saône-et-Loire a obtenu l’agrément pour réaliser ces tests.
Un Ehpad touché par le virus n’est pas un mauvais Ehpad
Alors que certains établissements enregistrent en Bourgogne Franche-Comté une mortalité importante, le directeur de l’ARS tient à préciser : « Les personnes âgées ne sont pas abandonnées à leur sort dans les Ehpad. Dans ces établissements, les professionnels du soin sont là, toujours là. Les soins se poursuivent » dit-il. Avec des renforts d’infirmiers hygiénistes, d’équipes mobiles de gériatrie ou soins palliatifs. L’ARS dit complèter les dotations en masques qui seraient insuffisantes dans certains établissements. « Un Ehpad impacté par le Covid n’est pas un mauvais Ehpad. Tous les Ehpad ont pris des précautions mais il n’y a pas de bouclier maximal. C’est injuste de faire cet amalgame » estime Pierre Pribile.Selon ce dernier, 130 résidents d’Ehpad sont actuellement pris en en charge dans les hôpitaux de la région.
Les masques : approvisionnement satisfaisant, mais solidarité nécessaire
Selon Pierre Pribile, les circuits nationaux d’approvisionnement sont désormais bien en place et permettent de fournir des masques en quantité suffisante au personnel des hôpitaux. Mais la demande internationale provoque évidemment des tensions et, dans ce contexte, la fourniture de matériel n’est pas, selon lui, que l’affaire des pouvoirs publics. La solidarité doit se poursuivre.Depuis le début de l’épidémie, l’ARS a reçu 1,2 million de masques et elle les a distribués en fonction des besoins. Elle en reçoit moins désormais.
Les dons de masques et de matériel sont donc toujours les bienvenus.
Confinement : ne pas relâcher les efforts
Selon le préfet, la grande majorité des habitants de la région respecte le confinement. Mais à la veille d’un week-end pascal qui s’annonce ensoleillé, il met en garde contre un éventuel relâchement des efforts engagés depuis bientôt quatre semaines. Il faut résister à l’envie de sortir se promener en famille. Le risque est que le virus circule à nouveau plus vite, « que l’incendie de l’épidémie soit à nouveau alimenté », selon Pierre Pribile.Les forces de sécurité seront donc mobilisées pour faire appliquer rigoureusement la réglementation. Illustration pour le département de la Côte-d’Or :
- l’escadron de gendarmerie recevra le renfort de gendarmes mobiles et d’un hélicoptère : ils seront 140 au moins, pour effectuer des contrôles sur le respect des règles de sortie et les autres infractions
- en zone police – à Dijon et Beaune – 7 à 8 patrouilles, soit 20 à 25 agents au moins, parfois plus, seront mobilisés jour et nuit, dans les deux centre-villes et sur les axes de promenade très fréquentés comme le lac Kir à Dijon (qui est déjà interdit d’accès).
L’accueil des enfants de soignants
Dans l’académie de Dijon, plus de mille enfants sont accueillis : 274 en Côte-d’Or, 353 en Saône-et-Loire, 354 dans l’Yonne et 78 dans la Nièvre. Un chiffre en progression, notamment depuis que le dispositif a été élargi aux enfants d’agents des forces de l’ordre, de pompiers et de gardiens de prison. Mais le préfet souligne que cet élargissement concerne moins de vingt enfants, les agents ne peuvent y avoir accès qu’en cas de nécessité avérée.Un recensement des besoins est en cours pour les vacances scolaires. Un accueil sera mis en place dès le samedi 18 avril et jusqu’au 2 mai, pour garder les enfants et leur proposer des activités de loisir. La liste des lieux ouverts pour cet accueil sera communiquée en milieu de semaine prochaine.
La préparation d’une éventuelle rentrée scolaire
Selon le recteur de Franche-Comté, la continuité pédagogique fonctionne bien : moins de 5 % de non-répondants dans son académie, contre près de 8 % au niveau national. Mais cette moyenne masque de fortes disparités selon les secteurs et les cursus : moins de 2 % pour les lycées généraux et technologiques, mais 17 % pour les CAP.Selon la rectrice de l’académie de Bourgogne, les inspecteurs de l’EN réfléchissent aux modalités d’une éventuelle rentrée, même si aucune date n’est envisagée pour l’instant. Ils envisagent une semaine de reprise en deux temps : d’abord pour les personnels (équipes éducatives et nettoyage des locaux) puis pour les élèves, avec peut-être la création de groupes de niveau.
Mais rien n’est acté et une rentrée en septembre prochain seulement n’est pas exclue.