Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français, RTE, inaugure ce vendredi 2 juillet à Fontenelle en Côte-d'Or une unité de stockage d'électricité. Plusieurs centaines de batteries emmagasineront le surplus d'électricité lors des pics de production d'énergie renouvelable.
Extérieurement, le site de Jalancourt, situé dans la commune de Fontenelle en Côte-d'Or, n'a rien de bien impressionnant. Pour un œil non averti, il pourrait ressembler à n'importe quel poste électrique. C'est pourtant là que RTE, le gestionnaire du réseau français de transport d'électricité haute tension, a décidé d'expérimenter le stockage à grande échelle d'électricité dans des batteries.
Jalancourt est l'un des trois sites retenus pour cette expérimentation baptisée Ringo. Les deux autres sont situés en Haute-Vienne et dans les Hautes-Alpes. "Le système électrique vit une profonde mutation avec des changements de mode de production, avec beaucoup plus d'énergies renouvelables et une production qui peut varier à chaque seconde", précise Élisabeth Bertin, déléguée de RTE Est, qui couvre les régions Grand-Est et Bourgogne-Franche-Comté.
RTE doit s'assurer en permanence d'un équilibre entre la production et la consommation d'électricité. Issue du vent ou du soleil, l'électricité produite à partir de sources renouvelables n'a bien sûr pas la même prévisibilité que celle produite à partir du nucléaire. Le projet Ringo permet de stocker dans des batteries le surplus de production, au moment où elle est plus importante que la consommation, pour pouvoir l'utiliser plus tard.
Le fonctionnement en parallèle des trois sites permet à RTE de transporter virtuellement l'énergie de l'un à l'autre. Lorsque l'un stocke de l'énergie dans ses batteries, l'autre en déstocke simultanément sur le réseau électrique, toujours pour assurer un équilibre entre production et consommation.
Première mondiale
Le site de Jalancourt a une capacité de stockage équivalente à la production de cinq éoliennes ou à la consommation de 10 000 foyers, selon RTE. Il est inauguré officiellement ce vendredi 2 juillet. Les deux autres sites en France seront prochainement mis en service.
RTE affirme que cette infrastructure et son pilotage sont inédits. "La première mondiale est que ce seront des batteries de stockage qui seront pilotées à distance grâce à des automates qui vont récolter les données en temps réel. Ces capteurs vont nous permettre de mesurer la capacité de transport des électrons à chaque instant et d'optimiser le stockage et le déstockage", détaille Élisabeth Bertin.
L'emplacement de Jalancourt a été choisi car il est à proximité d'éoliennes déjà en fonctionnement ou dont l'installation est programmée. C'est la même logique qui a régi l'implantation des deux autres sites, à proximité de panneaux solaires pour l'un et de solaire et d'éolien pour l'autre.
En Côte-d'Or, dix conteneurs remplis de batteries à forte densité énergétique de la société Nidec Asi ont été installés l'année dernière. Celles-ci sont désormais raccordées au réseau, et une partie de l'électricité que vous consommez y transitera peut-être. Ailleurs, d'autres partenaires industriels ont été choisis pour vérifier en conditions réelles le comportement de leurs équipements.
Cette expérimentation qui va s'étaler sur plusieurs années est l'un des nombreux projets menés par RTE pour envisager le futur. Un futur qui passera inévitablement par un traitement bien plus massif des données pour piloter le réseau. "Aujourd'hui, on a des milliers d'unités de production installées un peu partout sur le réseau et il faut gérer l'ensemble. À ce jour, on gère 300 000 datas à la seconde. Demain, on se projette sur 3 millions de données qu'il faudra savoir gérer", indique la déléguée de RTE Est.