Le grand oral du baccalauréat a débuté dans toute la France ce lundi 19 juin. Sur fond d'appréhension, les élèves attendent et se préparent à l'échéance depuis plusieurs semaines. Mais qu'en est-il des professeurs ? Pour eux aussi, le format est encore frais. Malgré tout, la bienveillance reste centrale durant cette épreuve.
Le bac comporte son lot d'incertitudes. Depuis deux ans, une nouvelle inconnue est venue s'ajouter à cette difficile équation : le "grand oral". S'il est source de questionnements pour les élèves, il en va de même pour les professeurs de lycées qui évaluent cette épreuve. Malgré certaines difficultés, ils se montrent compréhensifs pour favoriser l'échange et le dialogue.
Un duo pour s'équilibrer
Pour évaluer ces vingt minutes, chaque enseignant est en binôme avec un collègue. L'un est expert sur le thème et la question posés au candidat, l'autre moins. Les limites étant multiples pour ce dernier. D'une part, les sujets sont vastes ce qui limite drastiquement leur approfondissement. D'autre part, l'endroit où officient les fonctionnaires durant les oraux complique les choses : "c'est impossible de se préparer car on est envoyé dans un autre établissement. On ne sait pas vraiment sur quels sujets on va tomber" explique Bénédicte Henriot, professeur de sciences économiques et sociales (SES) au lycée Jean-Marc Boivin à Chevigny-Saint-Sauveur. La présence de "l'expert" est donc toute indiquée :"le premier va poser des questions pour comprendre le sujet tandis que le second va aller chercher un peu plus loin pour regarder les connaissances" poursuit la professeure. Une association donc, pour parvenir au plus juste équilibre.
Un échange avant d'être une évaluation
Au-delà des connaissances pures et dures, ce temps tourne essentiellement autour des capacités à l'oral et est avant tout consacré à la discussion et à l'échange. Les évaluateurs cherchent en premier lieu à savoir comment se comporte le candidat face à une épreuve orale :"on regarde l'aisance qu'a l'élève à répondre aux questions, sa réactivité par rapport à celles-ci. L'organisation dans les propos est aussi importante" détaille Bénédicte Henriot. Notamment lorsqu’arrive la partie à propos de la poursuite d'études. Elle ne fait pas véritablement l'objet d'une notation mais reste incontournable :"il n'y a pas de bons ou de mauvais projets. L'important, c'est de savoir l'expliquer, l'argumenter" affirme l'enseignante. Et que chacun et chacune se rassure, il "faut vraiment n'avoir rien fait pour réussir à rater" ce petit moment de pression.
C'est une épreuve assez agréable car on aborde plein de thèmes divers et variés
Bénédicte HenriotProfesseur de Sciences Economiques et Sociales
Quelques regrets sur la forme
Si l'ensemble de cette nouvelle épreuve peut satisfaire le corps enseignant, c'est un peu moins vrai quant à la forme de celle-ci. Pour les lycéens, l'oral n'est effectivement pas vécu de la même manière par tous ceux qui y sont confrontés :"certains vont être beaucoup mieux dans l'exercice quand d'autres seront moins à l'aise, même s'ils se sont préparés" regrette Bénédicte Henriot. Elle reconnaît que le problème se pose de toute manière avec ce type d'examen en général.
Pour tous les bacheliers de France, ces examens dureront jusqu'au 30 juin prochain. Après quoi, ils pourront profiter de l'été sereinement. Au moins jusqu'au prochain oral.
Mais le grand oral, qu'est-ce que c'est ?
Inclus dans la réforme du lycée voulue par Jean-Michel Blanquer, le grand oral entre en vigueur à partir de l'édition 2021 du baccalauréat. Pendant l'année de terminale, les étudiants doivent plancher et préparer deux questions liées aux enseignements de spécialité choisis dès la classe de première.
Coefficient 10 pour les sections générales et 14 pour les filières technologiques, l'épreuve orale dure une quarantaine de minutes, divisée en plusieurs grandes étapes. Les 20 premières constituent la dernière phase de préparation avant le baptême du feu. Après que le jury, composé de deux professeurs, ait sélectionné une des deux questions, l'étudiant bénéficie de ce temps pour la retravailler. Viennent ensuite cinq minutes d'entretien durant lesquelles l'élève présente sa question et la défend. Les dix minutes qui suivent consistent en un échange avec le jury, où celui-ci va chercher à approfondir avec le candidat tel ou tel point de l'exposé. Les cinq dernières minutes concernent le projet post-bac de l'élève. Il s'agit ici d'expliquer, entre autres, ses choix d'orientation.