L'Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté lance une étude sur le phlébotome : un tout petit insecte, qu'on rencontre maintenant sous nos latitudes. Certains spécimens sont capables de transmettre une maladie dangereuse pour l'homme et le chien.
Il est tout petit et demeure difficile à voir à l'œil nu : le phlébotome est un petit insecte, qui ressemble à un moustique. Il est maintenant présent sous nos latitudes, à cause du réchauffement climatique.
3 millimètres de long et une maladie dangereuse pour l'homme
Ce petit insecte fait 3 millimètres de long. Une étude menée par l'ARS est en cours, pour le recenser. Francis Schaffner, entomologiste, pose des pièges dans la région en Côte-d'Or pour attraper des spécimens et les étudier. Il explique comment il a choisi les endroits pour poser ses pièges : "j'ai choisi une vieille bâtisse, une vieille grange, un sol en terre battue, des murs en pierre, avec des trous. Cela devrait être favorable à l'insecte."
L'intérêt de l'étude repose dans la menace que représente cet insecte, capable de transmettre la leishmaniose, une maladie faisant partie des zoonoses, c'est-à-dire commune à l'humain et à l'animal, en l'occurrence le chien. Le phlébotome est l'insecte vecteur de la maladie, en contenant un parasite microscopique qu'il porte dans son organisme et qu'il transmet par piqûre.
Une maladie dangereuse pour l'homme
La leishmaniose se manifeste sous plusieurs formes, comme l'explique le Docteur Marie Barba-Vasseur, médecin de santé publique à l'ARS BFC : "Chez l'homme ça se manifeste soit par des formes cutanées, soit par des formes viscérales. Ça peut se manifester par des anémies, des formes qui vont atteindre le foie ou la rate. C'est une maladie qui peut être grave, sous la forme viscérale, s'il n'y a pas de traitement, si elle n'est pas repérée, si elle n'est pas traitée."
Venue des pays chauds, la leishmaniose peut entraîner des formes spectaculaires, comme des ulcères. Ci-dessous un exemple photographié en Afghanistan.
En Bourgogne, 22 cas humains ont été recensés en 5 ans, mais les autorités de santé préfèrent anticiper.
De nouvelles maladies émergentes
Le réchauffement climatique n'est pas étranger à l'arrivée de nouveaux insectes vecteurs de maladies nouvelles sous nos latitudes. Alain Morin, directeur de la santé publique à l'ARS BFC, explique la raison de cette campagne d'étude : "on est sur des nouvelles maladies qui commencent à émerger, parce qu'il y a le réchauffement climatique, que les écosystèmes se modifient. On a l'expérience aujourd'hui de ce qu'il se passe avec le moustique tigre qui peut transmettre la dengue ou le chikungunya. On voit ces maladies qui n'étaient pas en France jusqu'à présent qui commencent à remonter. Il faut s'habituer à avoir ces nouvelles maladies et surtout avoir des axes de prévention, et savoir les repérer pour mieux les traiter."
L'espoir est d'élaborer un jour un vaccin contre la leishmaniose, il existe déjà pour le chien, mais pas pour l'homme.
► Avec Lisa Guyenne et Damien Rabeisen