Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à ouvrir leurs portes aux visiteurs. Et malgré l’épidémie de coronavirus, ce type de visites est toujours très apprécié des touristes qui affluent. Des idées de sorties en Bourgogne.
La France fait partie des pays leaders du tourisme industriel : chaque année, environ 15 millions de visiteurs sont accueillis dans 2 000 entreprises. Cette forme de tourisme séduit de plus en plus : rien qu’en Bourgogne-Franche-Comté, 120 entreprises accueillent environ 1 million de visiteurs par an.
Dans la région, ce sont les Anis de Flavigny qui occupent la première marche du podium avec 98 509 visiteurs par an. Un nombre qui augmente chaque année.
Des touristes du monde entier se pressent dans le village de Flavigny-sur-Ozerain, en Côte-d’Or, pour découvrir la fabrication des célèbres petits bonbons blancs, contenant un grain d’anis. Cela fait plus de quatre siècles que cette friandise est fabriquée au sein d’une ancienne abbaye bénédictine. « Ce que les visiteurs apprécient le plus c’est la découverte du processus de fabrication artisanale dans des bassines de cuivre. Ils sont surpris qu’on ait gardé tout cela", dit Vanessa Labaume, chargée de communication aux Anis de Flavigny. La fabrique de dragées à l’anis a obtenu le label "entreprise du patrimoine vivant", qui reconnaît un savoir-faire d’excellence.
"Actuellement, c’est la 3e génération de la famille Troubat est aux commandes. Du temps du grand-père de Catherine Troubat, il n’y avait pas autant de visiteurs quand il a repris l’entreprise en 1923. Mais, les portes étaient déjà ouvertes et les curieux pouvaient visiter. C’est pour cela qu’on est gratuit et qu’on le restera. C’est vraiment le tourisme de demain."
Le site des Anis de Flavigny est ouvert toute la semaine, du lundi au dimanche. "Mais, comme on est une entreprise, la visite de la fabrication est possible en semaine seulement. Le week-end, les visiteurs découvrent le process de fabrication à travers une vidéo. En général, comme ils ont aimé la visite et qu’ils ont passé un bon moment, ils partent toujours avec un panier. On n’est vraiment pas perdant."
Pendant le confinement imposé pour lutter contre l’épidémie de coronavirus, la fabrique des Anis de Flavigny a fermé de mi-mars à mi-mai. "On a rouvert petit à petit, au départ uniquement la boutique. Mais, maintenant, tout est redevenu normal. Le mois de juillet a très bien marché : on a eu 16 800 visiteurs sur ce seul mois. C’est plus que l’an dernier. On ne s’y attendait pas. On a eu beaucoup plus de Français que d’habitude. Les Américains et les Britanniques ne sont toujours pas là, mais on a vu revenir les Néerlandais, les Belges, les Allemands…"
La visite d’entreprise, c’est notre meilleure communication. On n’est pas qu’un bonbon, il y a toute une histoire derrière. Du coup, on entre dans le cœur des gens. Certains visiteurs viennent nous revoir avec leurs invités, comme des ambassadeurs.
Dans le top 10 des entreprises les plus visitées dans la région, la Moutarderie Fallot arrive en 4e position avec plus de 42 000 personnes accueillies chaque année.
L’entreprise de Beaune, qui est aussi classée "entreprise du patrimoine vivant", organise des visites guidées payantes depuis 2009. Les visiteurs doivent débourser 10 euros pour découvrir cette moutarderie familiale qui fête ses 180 ans d’existence cette année.
"Ça a été un investissement très lourd de créer de toutes pièces un parcours de visite guidée autour de notre site de production. Mais, la maison n’a jamais été aussi connue que depuis qu’on fait des visites. Notre notoriété a beaucoup grandi. Cela nous permet de montrer notre savoir faire et on est les seuls à proposer des visites de la production en parfaite transparence. Or, les gens ont envie de savoir ce qu’ils mangent et comment les choses sont fabriquées", explique Caroline Riboteau, responsable tourisme à la Moutarderie Fallot.
Pour continuer à attirer de nouveaux visiteurs, la Moutarderie Fallot essaie régulièrement de proposer des nouveautés : des visites théâtralisées, des ateliers moutarde pour permettre aux visiteurs de fabriquer leur propre produit…
Le succès est au rendez-vous. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes qui ont fait la visite guidée reviennent uniquement pour la partie boutique qui marche très bien.
Cette année 2020 est à part à cause du coronavirus. On ne va pas pouvoir rattraper ce qu’on a perdu pendant le confinement, car de mi-mars à mi-mai, on accueille beaucoup de monde, lors des ponts notamment. Mais, on a fait un très gros mois de juillet, car les touristes sont de retour. Les gens ont très envie d’acheter, parce qu’on a eu une période de privation. Les paniers moyens sont importants, au moins 25 euros. Je crois qu’il y a aussi une certaine crainte du futur, donc ils achètent en quantité au cas où il y aurait un nouveau confinement.
Le Cassissium, un musée de Côte-d’Or consacré au petit fruit noir, est lui aussi plébiscité par les visiteurs : ils sont près de 40 000 à franchir ses portes chaque année.
Le Cassissium, qui a ouvert en mai 2001 à Nuits-Saint-Georges, a été créé par le fabricant de liqueurs Védrenne. Il y avait déjà une boutique à côté de l’usine de production, mais il y avait de plus en plus de demandes pour visiter et voir comment ça se passe. D’où la décision de faire découvrir l’envers du décor et les secrets de fabrication de la crème de cassis.
On ne fait que du tourisme d’entreprise, c’est notre cœur de métier. La visite est payante : elle coûte 9,50 euros et dure deux heures. Lors de la visite guidée dans la partie production on présente tout le processus de transformation du cassis en crème. On a aussi créé un espace muséographique. Les gens connaissent le cassis mais pas forcément tous les petits secrets qui l’accompagnent. Donc, on essaie d’aller un peu plus loin : pourquoi ça s’est développé en Bourgogne ? comment le cultive-t-on ? quelles sont les spécificités de la variété noir de Bourgogne qui entre dans la composition de la crème de cassis ? quels sont les différents bienfaits du cassis en pharmacie et en parfumerie ? Les visiteurs peuvent aussi visionner un film sur l’histoire du cassis. Enfin, il y a une dégustation offerte : de la crème de cassis, mais aussi des crèmes d’autres fruits, des liqueurs et d'autres boissons comme des sirops sans alcool.
Grâce au Cassissium, le liquoriste Védrenne - qui travaille beaucoup avec les professionnels (hôtels, cafés, restaurants) - a pu toucher une nouvelle clientèle, celle des particuliers.
Pour attirer des visiteurs et les inciter à revenir, il faut bien sûr se renouveler régulièrement. "On propose des visites théâtralisées, des ateliers cocktail, des ateliers accords liqueurs et fromages, des murders parties... Pour nos 20 ans, on va proposer de nouveaux événements autour du cassis afin de faire vivre le Cassissium et rester attractif."
Le jeu en vaut la chandelle avec les familles, les groupes, les congrès, les jumelages… Après avoir fermé pendant le confinement le site est de nouveau ouvert 7 jours sur 7.
"Actuellement, on organise 5 ou 6 visites par jour, avec des groupes d’une trentaine de personnes au lieu de 50 d’habitude. Mais, c’est un public motivé et très intéressé par nos produits, avec des paniers moyens qui tournent autour de 35 euros", se réjouit la responsable marketing et communication du Cassissium.
Tourisme industriel : le top 10 des entreprises les plus visitées dans la région Bourgogne-Franche-Comté
1 – Anis de Flavigny, 98 509 visiteurs
2 – Verrerie de La Rochère, 68 900 visiteurs
3 – Tuyé du Papy Gaby, 50 000 visiteurs
4 – Moutarderie Fallot, 42 200 visiteurs
5 – Cassisium, 37 483 visiteurs
6 – Caves d’affinage du Fort Saint-Antoine, 23 100 visiteurs
7 – Caves Bailly-Lapierre, 17 000 visiteurs
8 – Distillerie Les Fils d’Emile Pernot, 15 000 visiteurs
9 – exaequo : Fabrique Mulot et Petitjean, 14 000 visiteurs // Ferme Fruitrouge 14 000 visiteurs
10 – Distillerie Pierre Guy, 12 000 visiteurs