Les Hospices de Beaune : l'histoire atypique d'un monument qui donne un sens à la vigne

Les Hospices de Beaune, un lieu mythique, des vignes d'exception et une vente de charité prestigieuse. C'est également un cas unique d’hôpital public financé par les revenus d’une exploitation viticole. Le documentaire "Un sens à la vigne" raconte cette histoire unique.
 

Révéler l’âme des Hospices de Beaune, c‘est parler d’une notion abstraite mais omniprésente dans ce site : la générosité.

Adjugé, vendu !

Le troisième dimanche de novembre, en Bourgogne, se déroule la vente aux enchères des Hospices de Beaune. Une vente de charité unique destinée à financer l’hôpital public de la ville.

Une fois par an, des acheteurs du monde entier s’arrachent des vins aux appellations prestigieuses : Meursault, Pommard, Corton…
Cette journée est l’aboutissement d’une année de travail et l’amorce de futurs projets pour le Centre Hospitalier qui les finance grâce aux bénéfices de cette vente.

Le jour des enchères, les cuvées se succèdent, les prix s’envolent et arrive un moment particulièrement attendu : la vente de la "pièce des Présidents" au profit d’une association caritative.
En 2019, l’enchère de cette pièce débutée à 100 000 euros sera adjugée à 260 000 euros.
Les enchères, cette année-là, rapporteront près de 13 millions d’euros.

 

Le Domaine des Hospices de Beaune

Le Domaine des Hospices s’étend sur 60 hectares de vignes réparties sur toute la Bourgogne en 23 domaines, et autant de vignerons. Ces vignes sont placées sous la responsabilité de Ludivine Griveau, la régisseuse générale.
C’est elle qui est responsable et garante de la qualité du vin produit dans le but d’être vendu aux enchères.

 

Mon rôle s’est d’être à la fois un peu arbitre tout en étant un peu directive dans certains cas…ce n’est pas moi qui vais tailler les vignes à leur place et pourtant je sais comment faire.

Ludivine Griveau, régisseuse générale


L'histoire des Hospices de Beaune

Les Hospices trouvent leur origine il y a environ 600 ans.
Au crépuscule de sa vie, Nicolas Rolin, richissime chancelier de Philippe le Bon, Duc de Bourgogne, cherche à « sauver son âme». La guerre de 100 ans se termine à peine et a jeté sur les pavés estropiés et mendiants. Avec son épouse, Guigone de Salins, il décide de bâtir un hôpital pour les Pôvres.
En 1452, l’Hôtel-Dieu accueille ses premiers malades.
Rien n’est trop beau pour cet édifice : bois sculptés et peints, pierres de Comblanchien, tuiles vernissées…l’hôpital est un palais !

Pour subvenir aux besoins financiers de ces Hospices civils dus à l’afflux de malades, ils aménagent des chambres pour accueillir des personnes fortunées.
Ces hôtes payent alors leur séjour soit en monnaie, soit en divers dons comme des vignes, des maisons, des terrains…

 

Les premiers dons remontent à 1457 et n’ont pas cessé depuis.

Sœur Louise Duchini

C’est sur ce principe de générosité que le Domaine des Hospices s’est constitué. Il s’est peu à peu agrandi et s’étend aujourd’hui de Mâcon à Chablis.

Chaque année, les Hospices de Beaune s’imposent en tête des sites touristiques les plus visités de Bourgogne-Franche-Comté.
Des visiteurs du monde entier se pressent pour photographier ses tuiles vernissées et la célèbre salle des Pôvres immortalisée dans le film de Gérard Oury « La Grande Vadrouille ». Un tournage que soeur Marie Joseph, infirmière à l'époque, n'est pas prête d'oublier !

Je les vois encore entrer dans la cour avec la charrette et la fausse sœur qui conduisait…qu’est-ce qu’on a pu rire ! On se cachait derrière les fenêtres, mais c’était difficile de se cacher avec les cornettes !

Sœur Marie Joseph, doyenne des religieuses retraitées des Hospices de Beaune

En marge de ces symboles incarnés par ce monument, il faut savoir qu’aujourd’hui encore, c’est l'actuel Centre Hospitalier de la ville qui assure à la fois la gestion du musée et l’exploitation du vaste domaine viticole.

Le Centre Hospitalier de Beaune

Au 21e siècle les religieuses ont quitté l’institution et ont été remplacées par des infirmières en blouse blanche, sans coiffe.
L’établissement actuel possède des installations à la pointe de la technologie médicale. Beaune possède son propre laboratoire, un centre d’imagerie médicale et gère pas moins de 982 lits.

Le financement de ces améliorations a été exclusivement assuré par les ventes aux enchères de ces dernières années, sans aucun recours aux aides du ministère de la santé.
C’est le seul hôpital en France a fonctionner sur ce modèle économique.

 

Certains donnent, d’autres achètent

C’est le cas de la maison Bichot qui, depuis 6 générations, participe à la vente aux enchères.
Albéric Bichot est le plus gros acheteur de vin des Hospices. Il possède une cave dédié à l’élevage des vins acquis lors de la vente aux enchères.
Actuellement, 284 pièces sur 2 millésimes sont alignées sur 2 travées.

Le vin vendu aux enchères est trop jeune pour être consommé immédiatement. Vinifié par Ludivine, il va être élevé et mis en bouteille par Albéric.
Ce travail d’élevage peut durer en 15 et 16 mois, voire 20 mois !
Albéric Bichot vend son vin dans le monde entier. Ce que ces clients ne savent pas, c’est qu’en achetant son vin, ils financent un hôpital public !

"Un  Sens à la vigne", un film de Stéphane Conchon et Sébastien Bouillé

Coproduction France Télévisions / Real Productions
 

Diffusion lundi 20 septembre à 23h et mardi 21 septembre à 9h50

 

 

 

 

 

 

 

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