Marie-Thérèse Meurgey a 87 ans aujourd'hui. Le 31 juillet 1982, elle en avait 47 et était première adjointe au maire de Beaune. Cette nuit-là, elle est appelée pour ce qui s'avèrera être la catastrophe routière la plus meurtrière de l'histoire de France : 53 morts dont 46 enfants, dans un carambolage sur l'autoroute A6.
Son récit du 31 juillet 1982 commence par un coup de fil, en pleine nuit. "Je suis réveillée par le téléphone. On me dit : tu vas à la morgue." Marie-Thérèse Meurgey est alors première adjointe au maire de Beaune. Mais comme le maire est en congés, c'est à elle que l'on fait appel. À ce moment-là, elle ne mesure pas encore l'ampleur de la catastrophe qui s'est nouée sur l'autoroute A6, à quelques kilomètres de Beaune.
"Je me rends à la morgue comme une automate"
Dans la nuit pluvieuse, deux cars de voyage qui transportaient des enfants et plusieurs voitures entrent en collision, là où l'autoroute passe de trois à deux voies. Le deuxième car prend feu. 44 enfants vont périr à l'intérieur, deux autres dans les voitures prises dans le carambolage, ainsi que sept adultes. "Je me rends à la morgue, comme une automate et j'attends", relate Marie-Thérèse Meurgey.
"Arrive alors un jeune pompier, qui apporte un sac mortuaire. Puis un autre. Puis un autre... Au début, j'ai posé des questions. Mais les secouristes ne pouvaient pas répondre. C'était invraisemblable d'imaginer que dans ces sacs, il y avait des corps d'enfants."
Vient ensuite la plus terrible épreuve. "On m'a dit : il va falloir accueillir les familles." Marie-Thérèse reçoit les parents, venus pour la plupart de Crépy-en-Valois dans l'Oise, d'où étaient originaires la plupart des petites victimes. "Ils arrivaient dans la salle du conseil municipal, ils marchaient comme des zombies."
"Il y avait une maman, je m'en souviendrai toujours. Elle s'évanouissait, elle reprenait connaissance, et s'évanouissait à nouveau... Elle ne tenait plus. On l'a emmenée à l'hôpital. Elle ne pouvait pas réaliser ce qu'il s'était passé."
Marie-Thérèse a encore "la chair de poule" lorsqu'elle raconte ces instants. "40 ans après, je me remémore tout ça." À 87 ans aujourd'hui, l'ancienne première adjointe n'a rien oublié de cette terrible nuit. "À chaque départ en vacances depuis, j'y repense." Elle se souvient, notamment, d'un jeune garçon miraculeusement épargné, presque par hasard.
"L'un des gamins du deuxième bus avait été envoyé dans le premier bus parce qu'il était insupportable, il chahutait avec ses copains. Il a été séparé d'eux... Et il s'est retrouvé dans le bus qui n'a pas pris feu."
Marie-Thérèse Meurgey veut également avoir une pensée pour les autres victimes. "On s'est beaucoup occupé des familles des enfants, mais d'autres personnes sont mortes, celles qui étaient dans les voitures prises au piège entre les deux bus."
Ce samedi 30 juillet, une commémoration a lieu à Beaune-Merceuil, sur les lieux du drame. Le lendemain, une autre cérémonie est organisée à Crépy-en-Valois dans l'Oise, d'où étaient originaires la grande majorité des jeunes victimes.