Il y a 40 ans, le 31 juillet 1982, l'accident routier le plus meurtrier de France avait lieu sur l'A6 près de Beaune. Ce samedi, des commémorations ont lieu en Côte-d'Or et dans l'Oise, région d'origine des jeunes victimes. 40 ans après, la douleur des familles, des secouristes et des témoins, est toujours très vive.
Ce week-end du 30 et 31 juillet 2022, des cérémonies ont lieu en mémoire des victimes de l’accident de Beaune. D'abord à Merceuil en Côte-d'Or, sur les lieux du drame le 30 juillet et le lendemain à Crépy-en-Valois dans l'Oise, ville d'origine de la majorité des victimes. Au total, 53 personnes ont perdu la vie.
L'accident routier le plus meurtrier de France
Le 31 juillet 1982, vers 20 heures, deux cars font route de Crépy-en-Valois vers Aussois, en Savoie. À bord, 107 enfants assistés par six accompagnateurs. Ils doivent passer leurs vacances en colonie à la montagne.
Ce jour-là, la circulation est dense sur l’autoroute A6 et la pluie rend la chaussée glissante. À hauteur de Merceuil, près de Beaune, un rétrécissement de chaussée provoque un ralentissement. Un carambolage se produit entre les deux cars et plusieurs voitures. Le réservoir d'une voiture se perce. De l'essence se répand et s'enflamme.
Les passagers du premier car réussissent à s'extirper de l'habitacle. Mais ceux du second car n'ont pas cette chance : l'une des sorties est bloquée, emboutie par une voiture impliquée dans la collision. Seuls 14 enfants et un accompagnateur parviennent à sortir par l'arrière du bus. Les autres périssent, pris au piège des flammes. En tout, le drame fait 53 victimes, dont 44 enfants âgés de 5 à 15 ans dans le car scolaire, et deux enfants de plus dans les voitures accidentées.
"On ne fera jamais le deuil"
"J'ai reçu le coup de fil d'une amie, le matin du 30 juillet 1982, qui m'a demandé d'allumer tout de suite la radio", raconte Marie-Andrée Martin. Elle s'exécute sans prêter attention aux informations émises par les ondes. Au fur et à mesure, elle commence à s'inquiéter. Les détails de l'accident coïncident : la veille, ses enfants sont partis de Crépy pour une colonie de vacances en Savoie. Son mari décide d'aller à la mairie de Crépy-en-Valois pour avoir plus d'informations. Là, l'insoutenable nouvelle tombe.
Le maire de l'époque, Michel Dupuy, annonce par ordre alphabétique le nom des enfants décédés. Trois des quatre enfants de Marie-Andrée en font partie : Bruno, Frédéric et Florence. Miraculée, Sylvie, l'aînée, a survécu. "On ne fera jamais le deuil", témoigne la septuagénaire.
"La commémoration est nécessaire. Il ne faut jamais oublier ce qu'il s'est passé."
Marie-Andrée Martin
Le 31 juillet reste une date marquée au fer rouge pour Marie-Andrée Martin, comme pour toutes les familles ayant perdu leurs enfants dans cet accident. Comme chaque année, elle se rendra sur les lieux de l'accident à Merceuil.
Lui aussi a tenu à être présent : Bruno Fortier, ancien maire de Crépy-en-Valois. Il n’oubliera jamais le jour de cette catastrophe. "J’ai pris mes fonctions en tant que maire un an après le drame, mais j’ai promis aux familles que je serais toujours là." Il sera accompagné de Virginie Douat, l'actuelle maire de la commune, de Michel Spément et Cécilia Rugala, deux adjoints, de Pascal Fayolle, conseiller municipal, et de Luc Chapoton, conseiller départemental. "C'est important de venir en nombre car nous avons tous été touchés par ce drame. Dans mon village, près de Crépy, deux enfants sont décédés", raconte l'actuelle maire.
Un grand pas en matière de sécurité routière
Après le drame, Marie-Andrée Martin décide, avec d'autres parents de victimes, de créer l'Association des victimes de Beaune. Son objectif ? Se soutenir entre parents, mais aussi s'engager dans la prévention routière. Grâce à cette initiative, de nombreuses mesures sont prises dans les années qui suivent. En collaboration avec l’ancien ministre des transports Charles Fiterman, la législation concernant les transports collectifs est révisée.
La vitesse maximale autorisée par temps de pluie est fixée à 110 km/h sur autoroute. Les cars, eux, sont limités à 110 km/h même par temps sec. Le carambolage ayant eu lieu sur "l'entonnoir de Beaune", où l'autoroute passait de deux à trois voies, la chaussée est agrandie. "Un très grand pas pour la sécurité de tous", souligne Marie-Andrée Martin.
Autres changements depuis le drame : les chauffeurs n'ont plus le droit de conduire plus de 4 heures 30 sans pause. Le transport des enfants est interdit lors des jours de grands départs. Les bus ont été modernisés : le système de freinage renforcé, les strapontins supprimés et les matériaux incombustibles sont devenus obligatoires.