La marque Polytesse conçoit des vêtements solidaires et chics conçus à Beaune et fabriqués en France à base de bouteilles en plastique et de chutes de tissus sauvées de l'enfouissement et de l'incinération. Elle lance une campagne de financement.
C’est quoi cette marque Polytesse ?
Un vêtement parcourt en moyenne 40 000 kilomètres avant d’arriver dans votre dressing. Avec Polytesse, il fera 3 000 kilomètres maximum, soit 10 à 15 fois moins. C’est la promesse faite par Clément Pelletier, le fondateur de cette jeune marque française qui propose des sweats, des tee-shirts et des chaussettes. Des produits de qualité "fabriqués de manière à être le plus résistant possible et ne pas se détendre dès les premiers lavages".A 28 ans, ce Bourguignon qui habite à Beaune a décidé de donner un nouveau sens à sa vie.
Après avoir lancé sa première société à 19 ans (c’était un magasin de sport), il a ensuite travaillé comme commercial dans des entreprises, avant de devenir gérant de trois magasins. "Consommé par ma hiérarchie, j’ai consommé mes clients, étant toujours à la recherche de chiffre d’affaires. Un jour, j’ai décidé de dire stop à tout ça", dit-il.
Polytesse, c’est zéro pétrole consommé, zéro cuir animal et zéro matière testée sur les animaux - Clément Pelletier
Il se lance alors dans la réalisation d’un de ses rêves : créer une marque de vêtements. C’est ainsi que Polytesse a vu le jour en 2020. "Polytesse avec un y, car c’est le mélange du mot "poly" (autrement dit toutes les matières plastiques) et du mot "politesse".
Des vêtements composés à 95% de matériaux issus de bouteilles plastique et chutes de tissus recyclées + 5% de matériaux bio et certifiés.
Pourquoi la "fast fashion" (mode rapide) est-elle irresponsable ?
Clément Pelletier veut en finir avec "le vieux modèle de l’industrie textile qui est en total décalage avec les enjeux climatiques actuels". Rejets de teinture dans les eaux, longs transports, usage de pétrole : l’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde, rappelle-t-il.Le jeune entrepreneur se bat aussi contre la "fast fashion" (mode rapide) : "c’est la mode irresponsable où on produit beaucoup, on fait des soldes, des déstockages, des Black Friday et on détruit tout ce qui n’a pas été vendu". Sans compter que, chaque année, les Français jettent en moyenne 12 kilos de vêtements par an et que seulement 1% de ces vêtements sont recyclés.
Comment compte-t-il changer cette situation à son échelle ?
"La marque Polytesse ne produit que ce qui a été précommandé, il n’y a pas de surproduction. Les patrons et les prototypes sont conçus en Côte-d’Or, le fil est tricoté dans les Hauts de France et les modèles sont assemblés dans la Loire. Nos articles donnent du travail à 75 personnes, et permettent de soutenir l’économie locale", dit le chef d’entreprise beaunois.
Sa société affiche aussi ses valeurs de solidarité : les vêtements sont fabriqués par une majorité de travailleurs en situation de handicap.
La crise du coronavirus a-t-elle changé la donne ?
"Juste au moment où le lancement de la marque devait avoir lieu, le confinement a été décidé par le gouvernement pour enrayer l’épidémie de coronavirus covid-19", raconte Clément Pelletier. "C’était un pari un peu risqué, mais on a décidé de démarrer quand même. On espère que la réouverture des commerces va nous permettre d’implanter nos produits dans des magasins comme c’était prévu à l’origine. J’espère aussi que la période inédite qu’on vient de vivre va inciter les gens à réfléchir davantage à ce qu’ils achètent et à privilégier l’emploi local."Une campagne de financement est en cours sur le site de crowfunding Ulule. Elle prendra fin mardi 19 mai 2020.
"Les commandes de vêtements viennent de Bourgogne, mais aussi des quatre coins de France. Et pour tous ceux qui nous demandent comment nous soutenir sans acheter de vêtements (soit par absence de besoin, ou de budget) on leur propose d’acheter les étiquettes de la marque Polytesse qui coûtent 3 euros pièce. Chaque étiquette est ensemencée : il suffit de la mettre en terre et d’arroser pour voir pousser des herbes aromatiques ou des fleurs !"