Rassemblés sous la bannière "Alliance pour le logement BFC", les professionnels du bâtiment se sont réunis ce mardi 20 février devant la presse pour tirer la sonnette d'alarme. Avec l'érosion du pouvoir d'achat des ménages et la baisse du nombre d'accessions à la propriété, le secteur semble être entré dans une crise durable.
Ils sont une dizaine de professionnels du bâtiment à prendre la parole devant la presse, en plein coeur d'une friche sur la commune de Perrigny-lès-Dijon. Une friche bordée de constructions neuves, à la façon d'un lotissement, mais où les travaux de construction semblent tourner au ralenti. Et pour cause, les secteurs de la construction de bâtiments neufs, et de la rénovation de l'ancien, connaissent une crise sans précédent.
Un secteur au bord de la rupture
"En Bourgogne-Franche-Comté, on assiste à une baisse de 17 % de la mise en chantier de logements neufs et à une chute de 57,9 % des réservations de logements par les particuliers", liste Corinne Deseille, présidente de la Fédération française du bâtiment en Bourgogne-Franche-Comté (FFB-BFC).
Aujourd'hui, le collectif "Alliance pour le logement BFC" veut s'adresser directement aux services de l'Etat et dénoncer une situation "cataclysmique" pour un secteur qui pèse 6 % du PIB de la France et emploie près d'1,6 millions d'actifs hors intérim (6 % de l'emploi en France et 8 % en Bourgogne-Franche-Comté, selon les chiffres de la fédération).
Le secteur demande une véritable politique du logement
La crise économique que traverse la France, accompagnée de la hausse des taux d'intérêts, sont sans équivoque à l'origine de la crise de ce secteur. Un secteur qui demande à être soutenu par une politique du logement plus lisible. Le collectif souhaite appeler le nouveau ministre du Logement Guillaume Kasbarian à prendre "des décisions fortes et des actes immédiats".
"Cela fait des années qu'il y a des à-coups, des couperets, qu'on avance, qu'on recule... On réclame une véritable politique du logement sur plusieurs années et une simplification. Il y a trop de règles, trop de normes, parfois même contradictoires. Ce qu'on réclame, c'est pour le bien de la filière de la construction - qui pèse lourd en terme d'emploi - et aussi pour le bien des Français", s'insurge la présidente de la FFB-BFC.
PTZ réduit, Ma Prime Renov' amputée d'un milliard d'euros...
Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est l'annonce dimanche dernier par le ministre des Finances Bruno Le Maire d'un coup de rabot d'un milliard d'euros sur Ma Prime Rénov', "véritable coup de poignard qui vient de sonner le glas de nos derniers espoirs" , explique Corinne Deseille au nom du collectif.
Cette aide vise à rénover les logements anciens en les rendant plus performants énergétiquement. Elle a permis au secteur de la rénovation d'afficher une légère croissance sur 2023.
Pour ce qui est du prêt à taux zéro (PTZ), il semble devenu trop restrictif pour continuer à être efficace. "Ce système d'aide aux primo-accédants n'existe plus dans notre région que sur 18 communes de Bourgogne-Franche-Comté : 15 en Côte-d'Or, 2 dans le Doubs et 1 dans l'Yonne. Et pour les autres départements, vous croyez qu'il n'y a pas de problèmes de logement ?" lance Corinne Deseille.
Aux dires de la profession, l'outil de production se fracture. Les commandes sont là, mais les entrées en construction sont repoussées et la hausse des coûts de construction n'arrange rien à cela. En découle un véritable problème pour toute une filière "avec des dommages collatéraux pour les cuisinistes, les marchands de meubles, les transporteurs, les notaires, les architectes...", déplore la présidente.
Le collectif réclame des engagements du gouvernement
Les membres de l'Alliance pour le logement doivent être reçus mercredi 21 février à Dijon par le préfet de région Franck Robine. Ces derniers "croient toujours à un sursaut du gouvernement". Ils réclament le redéploiment du PTZ sur l'ensemble du territoire, le maintien de la loi Pinel (ou la mise en place d'un statut de bailleur privé), la simplification des normes RE2020 (une réglementation environnementale qui s'applique à la construction des bâtiments neufs) et demandent à revoir le dispositif de la ZAN (pour "zéro artificialisation nette", censé limiter l'urbanisation des espaces naturels).
Les membres du collectif rappellent que le secteur du bâtiment reste engagé sur de grands chantiers à venir : les Jeux olympiques de Paris 2024, la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris... Mais ils préviennent :"Réagissons vite ou bien les dégâts seront irréversibles et il ne sera bientôt plus possible de retenir les adhérents de la FFB pour des actions plus conséquentes."