L’Etat a imposé un confinement pour enrayer la progression de l’épidémie de coronavirus COVID-19 qui a déjà fait de nombreux morts. Conséquence : de nombreux cirques qui étaient en tournée sont coincés un peu partout en France.
"Ça ne nous arrive jamais de rester aussi longtemps"
Une vingtaine de cirques sont immobilisés dans toute la France depuis le 17 mars 2020, date à laquelle le confinement de la population a débuté. Certains étaient en tournée, d’autres s’étaient juste arrêtés dans une ville le temps de faire paître leurs animaux.Tous sont aujourd’hui confinés depuis plusieurs semaines. Une expérience forcément difficile pour des nomades. Mais dans leur malheur, certains ont plus de chance que d’autres.
C’est le cas, par exemple, du cirque Circus qui était à Châtillon-sur-Seine, dans le nord de la Côte-d'Or, quand le confinement a été décrété. La mesure est tombée alors que la famille Kenner s’apprêtait à repartir. Résultat : cela fait bientôt un mois que David, Lydia et leurs deux enfants sont là, "ça ne nous arrive jamais de rester aussi longtemps à un endroit. D’habitude, c’est un week-end, pas plus".
Les enfants sont habitués à suivre l'école à la maison avec le CNED (Centre national d'enseignement à distance). Mais, leurs parents s’inquiètent, car cette fin de tournée chamboulée est synonyme de problèmes financiers. "Si on ne travaille pas, on n’a pas de rentrée d’argent. Donc c’est très dur, surtout qu’on a tout qui tombe en même temps : les assurances, les frais de vétérinaire, etc", explique Lydia Kenner.
La municipalité de Châtillon-sur-Seine a prolongé l’accès du cirque à l'eau et à l'électricité, pour qu'ils ne manquent de rien pendant le confinement.
"Ils apportent de la joie aux enfants et à la population, on ne peut pas les laisser tomber", dit le maire Hubert Brigand. "A partir du moment où on accepte qu’ils viennent, il faut qu’on compatisse à la situation."
La famille Kenner peut aussi compter sur la solidarité d'un agriculteur, qui fournit de la paille et du foin aux animaux du cirque Circus.
Reportage de Fabienne Acosta, Gabriel Talon et Cécile Réveillaud avec David et Lydia Kenner
Trois cirques confinés à Saint-Usage
A une centaine de kilomètres de là, à Saint-Usage, dans le sud de la Côte-d’Or, ce sont trois cirques et leurs animaux qui se retrouvent confinés au même endroit : le cirque européen d’Alexis Rozel et sa famille, le cirque Achille Zavatta fils dirigé par Jessy Cagniac et le cirque de Sam Caplot.Tout ce petit monde est installé sur un site près du terrain de foot. Eux aussi bénéficient d’un accès à l’eau, à l’électricité et du ramassage des déchets.
"Tout se passe bien", a indiqué la mairie à France 3 Bourgogne.
Un accueil partagé entre solidarité et rejet
Mais ce n’est pas toujours le cas. La famille Bornot, qui vit dans l'Allier, se rendait dans l'Ain et le Rhône. Elle s’était installée pour quelques jours seulement sur un parking en face du stade de Perrecy-les-Forges, en Saône-et-Loire. Trois semaines ont passé et sa situation est de plus en plus précaire."On comptait sur mars-avril, c'est un bon moment pour nous, avec les vacances de Pâques", dit Louis Bornot à l’AFP. Aujourd’hui, il est très inquiet pour "les assurances des camions qu'il va falloir payer" alors qu’on n'a rien d'avance, dit-il.
"Pour que le cirque ne coule pas", la famille a commencé à passer des coups de téléphone aux magasins du coin pour demander s'il y avait du travail. Mais, pour le moment, ils n’ont rien trouvé.
Heureusement, une partie des habitants ont mis des prés à disposition du chameau et de la dizaine d'animaux du petit cirque.
En revanche, les robinets du stade situé juste en face de la caravane de la famille Bornot sont coupés. Les douches et les toilettes sont fermées. Pour avoir de l'eau, le couple a donc dû se brancher sur la borne d'incendie.
Au-delà, l'inquiétude grandit de jour en jour car les Bornot n'ont reçu aucune réponse à la cinquantaine de courriers qu'ils ont envoyés récemment à des communes où ils comptaient poursuivre leur tournée. "Si on ne sort pas du confinement fin avril, la saison sera finie pour nous", ont-ils confié à France 3 Bourgogne.