Un méthaniseur pourra-t-il voir le jour dans le Châtillonnais ? Une pétition affole les compteurs

Elle a déjà dépassé les 11 000 signatures, ce vendredi 1er juillet. Une pétition a été lancée pour s'opposer à la potentielle installation d'une unité de méthanisation sur la commune de Cérilly (Côte-d'Or). Le projet est porté par l'entreprise Secalia.

Le projet mûrit depuis 2019. 150 exploitants agricoles du Châtillonnais et la coopérative Dijon Céréales se sont réunis sous l'entreprise Secalia pour lancer une unité de méthanisation sur le territoire.

Elle serait installée sur une ancienne parcelle agricole, à cheval entre les communes de Cérilly et Sainte-Colombe-sur-Seine.

Alors que le projet se concrétise, il se heurte à l'opposition de certains habitants du secteur. La pétition "Non à l'unité de méthanisation à Cérilly #Alerte pollution", lancée par un habitant de Marcenay, a déjà recueilli plus de 11 000 signatures en 6 jours. Elle est adressée, entre autres, au préfet de Côte-d'Or.

Une méthanisation végétale

La méthanisation est un processus biologique de dégradation des matières organiques. Il permet d'obtenir un gaz combustible, appelé biogaz ou biométhane.

"La matière organique doit être digérée 40 à 60 jours par différentes bactéries, dans une cuve brassée, et privée d’oxygène et de lumière", développe l'entreprise Secalia sur son site.

La matière résiduelle obtenue à l’issue de ce procédé, le digestat, est à son tour conservée pour être employé comme fertilisant. Fréquemment, les matières organiques utilisées sont les effluents d'élevage.

Dans ce projet, Secalia prévoit plutôt d'approvisionner le méthaniseur en seigle fourrager, cultivé en CIVE. autrement dit : une culture intermédiaire à vocation énergétique, d'été ou d'hiver, placée entre deux cultures principales.

Ce choix est l'un des premiers point de contestation des opposants au méthaniseur.

Un "gigantisme" qui dérange

Michel Guillet, membre du Parti animaliste et auteur de la pétition, dénonce le "gigantisme" du projet.

"Il ne s'agit, a priori, que de faire de l'argent en introduisant une nouvelle culture supplémentaire" écrit-il "Autant dire, de fabriquer une nouvelle machine à fric, à raison d'un apport de 800 euros l'hectare."

Contacté par téléphone, il explique être initialement "favorable à la méthanisation" et au principe de "gaz vert". Mais il préférerait qu'il soit créé à partir de déchets organiques, les excréments notamment.

Surtout, il est pointe du doigt le digestat. "Il faut condamner ça ! Le digestat contient de l'azote et une fois déversé, cela va s'infiltrer dans les sols et atteindre potentiellement les nappes phréatiques."

Consacrer des cultures pour ça c'est n'importe quoi !

Karine Brune

Opposante au projet

Des arguments que partage Karine Brune. "On favorise le côté énergétique à l'alimentation humaine ? Consacrer des cultures pour ça c'est n'importe quoi ! Et puis l'introduction d'une nouvelle culture après récolte du seigle mi-mai paraît bien théorique, surtout avec les aléas climatiques."

Elle aussi a mis en ligne une pétition et rejoint un collectif d'opposants au projet. Habitante de Cérilly, elle craint des nuisances sonores, olfactives mais aussi dues au passage de camions pour charger et décharger l'unité de méthanisation.

Karine Brune invoque par ailleurs des risques d'explosion ou de fuites du méthaniseur qui pourraient engendrer d'importantes pollutions.

La Confédération paysanne de Côte-d'Or s'est également prononcée contre ce projet.

La meilleure alternative, pour Secalia

Informés de cette contestation, les porteurs du projet se défendent et affirment ne pas favoriser la vocation énergétique au détriment de cultures destinées à l'alimentation. La CIVE était selon eux la meilleure alternative.

"D'abord, ce modèle permet de couvrir les sols entre deux cultures et de les protéger de l'érosion. Ensuite, nous ne disposons pas d'un grand nombre d'élevages dans le secteur pour récolter suffisamment d'effluents, qui d'ailleurs produisent moins de méthane à la tonne que le végétal", argumente Laurent Druot, chargé de développement méthanisation à Dijon Céréales.

"Et la dernière raison : la CIVE assure un complément de revenu sur 15 ans aux agriculteurs", conclut-il, rappelant que les habituelles cultures de colza, de blé et d'orge sont de plus en plus difficiles à produire.

Sur le volet pollution, Secalia répond que le digestat, transporté à l'état solide, contient bien de l'azote mais que cela est "sans danger" pour l'environnement.

"Au contraire, pour nous ça va enrichir les sols en matière organique et profiter à la croissance de la plante. D'ailleurs, plusieurs engrais ont de l'azote."

L'entreprise estime également avoir pris en compte plusieurs paramètres pour réduire "au maximum" toute nuisance pour le voisinage. Elle ajoute que l'unité de méthanisation sera bénéfique pour le territoire puisqu'elle permettra d'alimenter 18 000 foyers au biogaz.

L'enquête publique est terminée

Invitées à se positionner sur le projet, les municipalités de Cérilly et de Sainte-Colombe-sur-Seine ont émis un avis favorable.

L'enquête publique vient de se terminer. Peu d'habitants se sont rendus aux permanences organisées selon le maire de Sainte-Colombe-sur-Seine, mais beaucoup de questions ont été posées sur la page internet dédiée. Le rapport devrait être rendu mi-juillet.

Au bout du compte ce sera au préfet de trancher, en faveur ou non, du projet.

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