Le feuilleton autour de la gare de Châtillon-sur-Seine, dans le nord Côte-d'Or, n'est pas terminé. Après avoir été vendue aux enchères à des particuliers pour 36 000 euros, on apprend que la mairie a exercé son droit de préemption pour racheter le bâtiment.
Nous vous en parlions le 30 novembre dernier : après plus de 40 ans d'abandon, la gare SNCF de Châtillon-sur-Seine devait retrouver une nouvelle vie, rachetée aux enchères par des habitants de la région qui souhaitaient en faire des hébergements de vacances. Mais, retournement de situation : la mairie de Châtillon-sur-Seine vient de faire savoir qu'elle s'était positionnée, une fois les enchères conclues. La gare deviendra donc propriété de la ville. Explications.
Rachetée pour 36 002 euros
Le 17 novembre, ce sont des particuliers, habitants de la région, qui avaient remporté l'unique enchère pour 36 002 euros. À ce moment-là, la mairie n'avait pas participé. "Comme il s'agissait d'enchères à l'aveugle, nous ne pouvions pas connaître le montant des autres enchères, or je voulais acheter le moins cher possible", explique le maire de Châtillon-sur-Seine, Roland Lemaire, ce lundi 16 janvier. Il a donc décidé d'attendre la fin de la vente pour faire valoir le droit de préemption de la ville, un droit qui permet aux collectivités d'acquérir en priorité des biens mis en vente.
Mais le maire avait cette idée en tête depuis longtemps : "J'ai décidé de préempter dès que j'ai su que la SNCF mettait la gare aux enchères", explique Roland Lemaire. "D'autant que, par le passé, la ville avait tenté d'acheter la gare mais la SNCF en proposait un prix bien trop élevé" - aux alentours de 300 000 euros. Une belle opération, donc, pour la mairie. Un peu moins pour les premiers acquéreurs de la gare qui, selon nos informations, avaient longuement mûri leur projet. "Je les ai reçus pour les prévenir après coup, mais la ville voulait rester discrète au moment de la vente aux enchères", indique Roland Lemaire.
Les futurs locaux de l'office de tourisme et du parc national ?
La mairie souhaite implanter deux instances dans la gare : l'office de tourisme, et une exposition permanente du parc national de forêts, le onzième parc national français, crée en 2019.
L'office de tourisme, actuellement implantée en centre-ville, "est située dans une rue où il n'est pas facile de se garer, éloigné de la route principale Dijon-Troyes, et dans un bâtiment appartenant à une fondation qui souhaite le vendre", justifie le maire de Châtillon-sur-Seine. "Le parc national, lui, recherchait un lieu pour une exposition permanente."
Si ces deux projets sont en bonne voie, il reste encore à les confirmer officiellement et surtout, à signer le compromis de vente entre la SNCF et la ville de Châtillon-sur-Seine, ce qui devrait arriver dans les prochaines semaines.
La mairie s'intéresse aussi à l'espace situé en face de la gare, la "plateforme bois", également propriété de la SNCF : la ville voudrait, à terme, en racheter une partie pour en faire un parking poids-lourds et bus, voire une aire de stationnement des camping-cars.
Et maintenant ?
Une fois le compromis signé, "on entamera de suite des travaux de sécurisation, notamment au niveau du toit, pour empêcher les infiltrations d'eau", explique Roland Lemaire. Pour le reste des travaux, qui s'annoncent longs et chers, la ville fera appel à un architecte des bâtiments de France et sollicitera "toutes les aides" dont elle pourra bénéficier : Région, Département, État... "J'ai bon espoir d'être subventionné à 70-80% des travaux", espère le maire.
Le maire se félicite par ailleurs que la gare reste propriété de la collectivité : "Lorsqu'on avait parlé de la vente aux enchères, j'avais reçu des dizaines de mails d'habitants me disant : 'vous n'allez pas laisser la gare à n'importe qui !'. Il fallait préserver cette jolie gare, qui est assez typique de l'architecture de l'époque."
Une gare abandonnée depuis plus de 40 ans
La gare de Châtillon-sur-Seine a fermé au transport de voyageurs en mai 1980. Depuis, seul son parvis reste utilisé pour les transports routiers régionaux. Mise en vente une première fois en 2015, des offres avaient été formulées mais aucune n'avait abouti.
Le site, de près de 500 m² habitables, possède un hall d'accueil, des bureaux, un étage avec des logements, ainsi qu'une maison annexe d'une centaine de m². Mais à l'intérieur, tout est à rénover. Les lieux ont été vandalisés et abîmés par le temps.