À l'heure où le mouvement de colère des agriculteurs prend de l'ampleur partout en France, les archives vidéo nous permettent de revenir sur un mécontentement qui ne date pas d'hier. Illustration en Bourgogne.
La colère du monde paysan germe en France depuis plusieurs décennies, jusqu'à éclater une nouvelle fois aujourd'hui. C'est le malaise d'un modèle paysan bouleversé. Retour sur plus de 20 ans de luttes et de combats.
En 2000, les éleveurs affrontent une grande crise sanitaire : l'après vache folle. Cet épisode laisse des traces et entame la confiance du consommateur. Les éleveurs réagissent et mettent la pression sur la grande distribution, en exigeant une meilleure traçabilité de la viande.
Nous, aujourd'hui, ce qu'on demande à l’interprofession, c'est qu'ils mettent le lieu de naissance et d’élevage. Quand on met le logo VBF (Viande Bovine Française), il faut le lieu de naissance et d'élevage, et c'est ce que le consommateur demande aujourd'hui !
Arnaud Bachioki - délégué FDSEA, le 6 mars 2001
La traçabilité, la mise en avant de la qualité de la viande - notamment charolaise - un combat récurrent de ces éleveurs pour nos assiettes. Des éleveurs qui s'opposent aux accords internationaux signés en 2018 avec le Mercosur et qui promet une concurrence déloyale du boeuf sud-américain sur le marché européen.
Si on n'est pas vigilants, ce sont des denrées qui vont se retrouver dans toute la restauration hors foyer, comme par exemple dans les restaurants d'entreprises, les collèges, les lycées, les crèches, les hôpitaux… On en a assez que ce soit le prix de l'alimentation qui règne et non la qualité
Fabrice Favivre - président de la FDSEA 21, le 21 février 2018
Les réformes successives de la PAC et l'Europe cristallisent les tensions, comme en 2009, autour de la filière laitière. Entre quotas et prix bas, les producteurs laitiers vendent à perte.
Pour produire 1 litre de lait, il faut compter un prix à 0,32€ d'euro. Nous demander un prix à 0,25€ d'euro - excusez-moi, c’est impossible ! En tous cas, si vous y arrivez, moi je n’y arrive pas !…
Lydie Deneuville - présidente Coordination Rurale 58, le 18 septembre 2009
Taux d'endettement de plus en plus élevés, exigences sanitaires, normes qui augmentent et accords internationaux qui se multiplient… Les agriculteurs, déjà bousculés, se retrouvent en prise directe avec le marché.
On nous fait croire qu’on va nous payer notre kilo de viande plus cher et puis finalement on voit qu'on fait d'importer de la viande d'ailleurs, donc on n'y croit plus…
Guillaume Perrot - agriculteur le 5 février 2018
Un désespoir général s'installe dans la profession... Sur les 30.000 agriculteurs recensés en 2010 dans la région Bourgogne, il en reste un peu plus de 20 000. On estime qu’ils ne seront plus que 14.000 en 2040...