Comment protéger les vignes de la grêle ? En Côte-d'Or, deux techniques expérimentées

En ce début de semaine, d'importants épisodes de grêles sont venus frapper la Côte-d'Or au plus grand désarroi des viticulteurs. Plusieurs ont accepté de jouer les cobayes et tester de nouveaux dispositifs sur leurs vignes.

La grêle continue de ravager les cultures et les viticulteurs côte-d'oriens n'y échappent pas. Face à cela, des moyens sont expérimentés dans plusieurs domaines du département. Laurent Lignier et Raphaël Dubois, deux vignerons locaux ont accepté de jouer les cobayes.

Le filet sauve des vi(gn)es

Laurent Lignier s'en souvient comme si c'était hier. Entre 2012 et 2014, le pays connaît un épisode de grêle sans précédent qui ravage son domaine de onze hectares. En 2015, il décide d'installer un filet autour de sa vigne. "90% du vignoble était ravagé, cela ne pouvait plus durer. C'est pourquoi j'ai décidé de recouvrir quatre rangées à titre expérimentale", confie-t-il.

Six Côte-d'Oriens disposent aujourd'hui de ce dispositif. Un système qui a su prouver son efficacité puisqu'on chiffre à 30% des pertes pour les domaines non protégés, contre seulement 1% des vignes entourées d'un filet.

Laurent Lignier a découvert des effets bénéfiques inattendus. "Le filet maintient la vigne, c'est-à-dire qu'elle remonte sainement et cela favorise la pousse. On peut également la tailler plus facilement", constate-t-il. Le filet de couleur verte se fond dans le décor et ne semble pas avoir d'impact sur le goût. 

Un investissement rentable ?

Problème majeur, le filet peut avoir des conséquences néfastes sur la santé du raisin. Selon Laurent Lignier, il produit un microclimat dans la vigne en le recouvrant et augmente la chaleur. "C'est la raison pour laquelle je ne l'ai pas étendu aux autres rangs, je pense que je perds 20 à 25% de ma récolte à cause de ce phénomène", déclare-t-il.

En plus de compliquer le passage des engins dans les vignes, cet investissement a un prix. "À l'époque où je l'ai installé, on en avait pour 22 000 euros l'hectare. Aujourd'hui on est aux alentours des 15 000 euros", annonce Laurent Lignier. Faut-il se faire grêler une fois tous les sept ans et perdre pratiquement tout son domaine ? Ou mettre des filets et perdre 25% de sa récolte chaque année ? Le Viticulteur continue de se poser des questions, en attendant de trouver la solution.

Et si la solution pouvait être chimique ?

Le département a décidé d'emprunter une toute autre voie en 2014, puisque 50 générateurs sont installés en Côte-d'Or. Son fonctionnement est simple, de l'iodure d'argent se fait éjecter par la machine et se fait aspirer par le nuage. Les grêlons se divisent jusqu'à passer à l'état liquide.

Raphaël Dubois dispose d'un générateur dans son jardin. Le viticulteur a un rôle déterminant face à la menace de la grêle. En effet, les producteurs ne disposent pas de leur propre machine. Ils sont placés à des endroits stratégiques pour couvrir la plus grande superficie possible. C'est un véritable effort collectif, mais qui semble porter ses fruits.

"C'est un mécanisme qui correspond bien à l'esprit de solidarité entre les vignerons bourguignons. On remarque que nous n'avons pas été impactés par la grêle au contraire de territoires limitrophes qui ne possèdent pas ces générateurs", se satisfait Raphaël Dubois. Un moyen performant selon lui qui revient à seulement 6 à 8 euros par hectare. 

Une énorme bâche pour recouvrir la vigne à l'avenir ?

Responsable agro météo des observatoires, Christine Monamy se montre plus pessimiste. "Les générateurs à iodure d'argent permettent d'éviter la grêle une fois sur deux, puisque l'ordre d'efficacité est de 50%." En effet, il est presque impossible de définir l'intensité d'un épisode de grêle. Les producteurs de vin peuvent dont s'estimer chanceux face aux intempéries de la semaine dernière. 

"Le filet reste la solution la plus fiable actuellement, mais c'est aussi la plus coûteuse", confesse Christine Monamy. D’autres systèmes sont toujours en phase d'élaboration, notamment le "vititunel" qui est une bâche se déployant au-dessus des vignes. Récolter plus lors des bonnes années pour compenser les mauvaises reste la seule solution actuelle aujourd'hui. 

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