Chaque jour jusqu'au 15 avril prochain, des bénévoles permettent aux crapauds du Val-Suzon (Côte-d'Or) de traverser la départementale qui coupe la réserve. Une opération sauvetage en période de reproduction de l'espèce, fortement frappée par la mortalité sur les routes.
C’est une campagne qui existe depuis 2006. Chaque printemps, des bénévoles du Groupe Naturaliste Universitaire de Bourgogne (GNUB), mènent une campagne de sauvetage des crapauds dans le Val Suzon (Côte-d’Or). Cette année, la mission protection a commencé le 4 février dernier. Elle durera jusqu’au 15 avril.
Une période qui se cale sur la phase de reproduction des amphibiens. Après avoir hiberné dans la forêt, les femelles crapauds descendent dans les eaux du Suzon pour y pondre leurs œufs que les mâles vont ensuite féconder.
Le Val Suzon est classé site Natura 2000, forêt d’exception et Réserve Naturelle Régionale. Il compte près de 1 000 représentants de l’espèce. Mais le secteur est traversé par la départementale 7. Lorsqu’il traverse une route, un crapaud à 40 % de chances de s’y faire écraser.
Des filets installés sur 1,3 kilomètres
Entre le 4 et le 5 février dernier, 40 bénévoles ont alors installé des filets sur 1,3 kilomètre le long de l’axe routier. "On pose des filets pour empêcher les crapauds de traverser la route. Tous les 20 mètres, on met des sauts dans lesquels ils tombent. Et tous les matins, on les récupère et on les fait traverser", décrit Téo Novel-Jandet, membre du GNUB. Au total, ce sont une centaine de bénévoles qui se relaient chaque jour pour assister les crapauds et les faire amener de l'autre côté de la route à la main.
"Il y a de tout. Des habitués, des retraités qui ont leurs petites habitudes mais aussi beaucoup d’étudiants. Des gens qui empruntent cette route et viennent par curiosité, des familles qui amènent leurs enfants le week-end".
Fort de cet engagement, l’opération sauvetage a permis de sauver 2 000 crapauds l’an dernier. Les chiffres devraient être similaires en 2023. Ainsi, grâce à l’intervention du GNUB, depuis 2020, seuls 5 % des crapauds sont décédés.
Par ailleurs, une étude réalisée en 2019 par David Beaune, chercheur en Biogéosciences à l’université de Bourgogne affirme que sans ces opérations de sauvetage annuelles, il n’y aurait plus d’amphibiens dans le Val-Suzon d’ici 2050.
Le Val-Suzon, c’est un endroit où on s’est investi. On ne veut pas lâcher le projet. C’est concret.
Téo Novel-Jandet, Groupe Naturaliste Universitaire de Bourgogne
"Le crapaud est très répandu en France. Il régule les populations des insectes, des vers, des moustiques donc il a un rôle écologique et il est important à l’équilibre de son écosystème. C’est cet équilibre qui nous permet de manger, de nous chauffer et de vivre. Juste sensibiliser et agir, ça suffit à nous motiver", avance Téo Novel-Jandet.
Chaque année, les amphibiens représentent deux tiers des espèces mortes sur les routes en France. L’espère n’est pas menacée mais est en déclin. Elle est protégée par l’arrêté du 19 novembre 2007