Dernier résistant déporté de Côte-d'Or, Pierre Jobard raconte sa vie dans un film

Le 23 février 1944, Pierre Jobard était arrêté par les nazis dans son village de Villeberny (Côte-d'Or) puis déporté dans les camps de concentration. 80 ans plus tard, il raconte l'horreur de la guerre dans un film.

Il s'est tu pendant plus de 60 ans, pour éviter de se remémorer "les mauvais souvenirs". Ceux de la résistance et de la déportation, des camps de travail et de la colonne de la mort. Mais en 2013, Pierre Jobard a décidé de sortir du silence pour raconter son histoire pendant la guerre. Après l'avoir fait dans un livre, il la relate à présent dans un film.

Un projet initié par l'association du Souvenir de la Résistance et son président, Henri Ménétrier. "Après que le livre est paru, on a eu l'idée de faire un film basé dessus", explique-t-il. "On a commencé à travailler dessus début novembre 2023. Finalement, c'est un cinéaste parisien, qui a lu le livre, qui nous a dit qu'il voulait absolument raconter l'histoire de Pierre."

Plusieurs sessions de tournage ont déjà eu lieu, comme par exemple à la prison de Dijon. D'autres sont prévues ces samedi 9 et dimanche 10 mars, à Barain (Côte-d'Or). Des figurants doivent venir de toute la France, avec parfois des voitures d'époque, pour reconstituer des scènes de la débâcle allemande à la fin de la guerre.

Une fois terminé, le film sera distribué à tous les collèges de Côte-d'Or, ainsi qu'aux gendarmes et militaires du département. "Les communes qui voudront le diffuser, nous leur fournirons aussi une copie, à condition que ce soit gratuit", ajoute Henri Ménétrier. "Si nous avons voulu faire ce film, ce n'est pas pour gagner de l'argent. C'est parce qu'on pense que l'histoire de Pierre mérite d'être connue, et on essaie de la diffuser au plus grand nombre."

Arrêté en Côte-d'Or avant d'être déporté à Auschwitz-Birkenau

L'histoire de Pierre Jobard, c'est celle d'un jeune homme arrêté par les soldats allemands le 23 février 1944, chez lui, à Villeberny (Côte-d'Or). Il travaille alors dans la ferme familiale et fait en parallèle partie d'un réseau de résistance actif dans l'Auxois. "On faisait du sabotage, on récupérait des armes pour les donner aux jeunes réfractaires du STO (service travail obligatoire, ndlr) qui se cachaient dans les bois", expliquait-il à France 3 Bourgogne en avril 2023.

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Il est incarcéré à la prison de Dijon, dans laquelle il reste 35 jours. Puis est déplacé, en compagnie de dizaines d'autres prisonniers, dans un camp à Compiègne (Oise). Le 26 avril, ils sont emmenés à la gare... et parqués, à plus de 120 par voiture, dans un train. À cette époque, les détenus ignorent encore que le train en question les amènera à au camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne.

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Pierre Jobard, dernier résistant déporté de Côte-d'Or, raconte son histoire. ©GUILLAUME DESMALLES / DAMIEN RABEISEN / FRANCE TÉLÉVISIONS

Pierre Jobard y reste 12 jours. Ses geôliers le transfèrent ensuite à Buchenwald puis Flossenbürg, en Bavière. Pendant un an, il travaille à l'usine. Jusqu'au 20 avril 1945, lorsque les nazis décident de vider les camps. Pendant trois jours, les détenus avancent à marche forcée, dans le froid et sous la pluie. C'est au matin du 4ème jour qu'ils sont finalement "libérés" : les troupes russes approchant, leurs surveillants ont fui.

Le reportage de Sébastien Kerroux et Christophe Gaillard

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