C'est totalement inédit. A Dijon, la police dégaine une nouvelle arme pour surveiller le cortège du 1er mai : un drone a survolé le cortège dès 11H.
C'est une révolution : en ce 1er mai 2023, la manifestation est surveillée par les forces de l'ordre depuis les airs ! Un drone, difficile à apercevoir par les manifestants, a survolé le crotège estimé à 15 000 personnes selon les syndicats (7000 selon la police).
Ce dispositif est inédit en terme de surveillance de l'espace public : c'est la première fois que la préfecture de Côte d'or autorise l'usage d'un drone aérien dans la capitale des Ducs. Dans son arrêté en date du 29 avril 2023, Franck Robine précise que les forces de l'ordre pourront utiliser des drones équipés de caméras pour le maintien de l'ordre ou la « prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens ».
Un dispositif contesté
Comme le veut la loi, les organisateurs de la manifestation ont été informés du recours probable d'un ou deux drones « DJI modèle Entreprise » .
Dans le cortège dijonnais, tout le monde ne goûte pas ce nouvel outil de maintien de l'ordre.
Théo Contis, le secrétaire départemental de Solidaires en Côte d'or, pense que l'ampleur de la mobilisation reflète l'opposition la réforme des retraites et permet "d'exprimer d'autres colères" : "Il y a des questionnements sur la démocratie, le 49.3 et les libertés publiques. Cela a été dit lors des prises de parole par la Ligue des droits de l'Homme. Là, il y a l'usage d'un drone pour surveiller la manifestation : c'est un tout."
Le préfet de Côte d'or, Franck Robine justifie sa décision : les dix manifestations depuis le 31 janvier 2023 ont été "émaillées d'incidents". "Des individus souvent issus de l'ultra-gauche ont tenté d'emprunter un parcours différent de celui déclaré par les syndicats [...] causant des dégradations sur la voie publique..."
Ce lundi, deux agences bancaires ont subi des dégradations de la part d'un petit groupe de personnes. Les forces de l'ordre sont intervenues.
Mais, pour l'essentiel, le cortège, fort de 15 000 manifestants selon les syndicats, s'est déroulé dans la bonne humeur.
Limiter la surveillance
Les modèles d'aéronef ne sont pas équipés de l'ogiciels de reconnaissance faciale et n'enregistrent pas le son.
L'arrêté préfectoral émet également des limitations d'horaires et de lieux. Les forces de l'ordre peuvent utiliser les drones uniquement de 9h30 à 15h et survoler certaines rues précisées dans l'arrêté : l'hyper centre et le circuit de la manifestation.
Pour le 1er mai, Bordeaux, le Havre, Nantes ou Lyon seront aussi sous surveillance aérienne. Mais certains arrêtés ont été partiellement suspendus suite à des décisions judiciaires. Des restrictions d'horaire ou de périmètre ont été imposés au Havre par le tribunal judicaire de Rouen Il était saisi en référé (urgence) par l’Association de défense des libertés constitutionnelles (Adelico) et le Syndicat des avocats de France (SAF) qui plaidaient une atteinte aux libertés.