"Les conditions de détention sont très dures" : 3 questions sur l'arrestation d'un Dijonnais en Éthiopie

Antoine Galindo, originaire de Dijon (Côte-d'Or), a été arrêté en Éthiopie le 22 février dernier. Les autorités l'accusent de "conspirer en vue de créer le chaos". Le journaliste, employé par le média spécialiste de l'Afrique "Africa Intelligence", est depuis en détention.

Il était dépêché dans la capitale éthiopienne depuis le 13 février pour couvrir notamment le sommet de l'Union africaine. Jeudi 22 février dernier, Antoine Galindo, employé par le média "Africa Intelligence", a été arrêté à Addis-Abeba et placé en détention. Originaire de Dijon (Côte-d'Or), il avait effectué un stage à France 3 Bourgogne et travaillé pour le quotidien local Le Bien Public.

Pourquoi a-t-il été arrêté ?

Le journaliste a été arrêté à 15h55 heure locale par des officiers de sécurité en civil, précise Africa Intelligence dans un communiqué. Il est actuellement incarcéré par la police d'Addis-Abeba. Lui est reproché de "conspirer en vue de créer le chaos en Éthiopie".

Pour rappel, le pays - deuxième le plus peuplé d'Afrique, avec 120 millions d'habitants - est tristement célèbre pour sa politique de répression de la liberté de la presse. Depuis 2020, la situation s'est d'autant plus dégradée que l'état est en proie à une violente guerre civile.

Comment les accusations à son encontre sont-elles justifiées ?

Selon une source anonyme proche du gouvernement éthiopien, citée par l'Agence France Presse (AFP), Antoine Galindo avait été accrédité par l'Union africaine pour couvrir le sommet. En revanche, l'organe de supervision des médias du pays, l'Ethipian Media Authority (EMA), ne lui aurait pas accordé "d'autorisation supplémentaire pour couvrir d'autres sujets".

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Or, ce serait dans ce contexte que le journaliste a été arrêté. D'après une autre source proche du dossier, il se trouvait en compagnie d'un responsable du Front de libération oromo (OLF) lorsqu'il a été appréhendé. L'OLF est un parti d'opposition, légal depuis 2018, mais dont une branche dissidente, l'Armée de libération oromo (OLA) est engagée dans une lutte armée contre le gouvernement.

La police l'a accusé de travailler hors de l'accréditation délivrée pour le sommet de l'UA et d'avoir rencontré des membres de forces [...] déclarées illégales pour leurs tentatives de déstabiliser la nation.

Une source anonyme proche du gouvernement éthiopien,

citée par l'AFP

Des "accusations fallacieuses", dénonce Africa Intelligence, qui "ne se basent sur aucun élément tangible permettant de justifier cette privation de liberté prolongée". En conséquence, le média appelle à "la libération immédiate" d'Antoine Galindo.

Combien de temps va-t-il rester incarcéré ?

Deux jours après son arrestation, le 24 février, Antoine Galindo a comparu devant un juge. Ce dernier a prolongé sa détention jusqu'au 1er mars. À cette date, le journaliste doit à nouveau être présenté à la justice. "Pour le moment, il n'y a pas de chef d'accusation à son encontre car les autorités sont encore phase 'd'enquête'", détaille Africa Intelligence. "Il n'est pas officiellement considéré comme incarcéré là-bas, plutôt en garde à vue, mais en fonction de l'audience il pourrait être déplacé dans une vraie prison."

Le consulat essaie d'améliorer ses conditions de détention, de s'assurer qu'il mange par exemple, car elles sont très dures.

Africa Intelligence

En 2023, Reporters sans frontières classait l'Éthiopie 130ème rang mondial de la liberté de la presse. Selon l'ONG, 15 journalistes étaient détenus en Éthiopie au 1er janvier 2024. La dernière arrestation d'un journaliste étranger remontait 2021.

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