Jean-Michel Lambert fut le premier magistrat chargé d'instruire l'affaire de l’assassinat du petit Grégory Villemin en 1984. Avant de se suicider il y a quelques jours, le juge Lambert a laissé une lettre où il dit n'avoir "plus la force de (se) battre".
"Ce énième « rebondissement » est infâme"
"J'ai décidé de me donner la mort car je sais que je n'aurai plus la force désormais de me battre dans la dernière épreuve qui m'attendrait", écrit Jean-Michel Lambert dans une lettre adressée une lettre au journal L'Est républicain.
Cette lettre manuscrite, cachetée et datée du 11 juillet, a été envoyée au journal par la veuve du magistrat qui, une fois informée de son contenu, a autorisé sa publication.
Évoquant dans sa lettre l'affaire du petit Grégory Villemin, mort il y a 32 ans, le juge Lambert écrit : "Ce énième « rebondissement » est infâme."
L’affaire Villemin a rebondi à la fin du mois de juin avec la mise en examen de Marcel et Jacqueline Jacob, le grand-oncle et la grand-tante de Grégory, et de Murielle Bolle. Celle-ci a été placée en détention à Dijon.
"Les événements depuis juin dernier sont voués normalement à l'échec", affirme l'ancien magistrat, qui fut très critiqué pour son rôle dans cette affaire, devenue un des plus grands fiascos de l'histoire judiciaire en France. "Pour ne pas perdre la face, on cherchera alors un bouc émissaire. Autant dire qu'il est tout trouvé..." écrit encore le juge. "Je refuse de jouer ce rôle. Si j'ai parfois failli, j'ai cependant la conscience parfaitement tranquille quant aux décisions que j'ai été amené à prendre."
"Je proclame une dernière fois que Bernard Laroche est innocent"
"Je proclame une dernière fois que Bernard Laroche est innocent", soutient dans sa lettre Jean-Michel Lambert. "On ne connaîtra jamais la vérité, parce qu'on refuse de voir la vérité", conclut l'ancien magistrat. "Je préfère sonner la fin de partie pour moi. L'âge étant là, je n'ai plus la force de me battre. J'ai accompli mon Destin."
Surnommé "le petit juge", Jean-Michel Lambert avait 32 ans lorsque le cadavre de Grégory Villemin avait été retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne en 1984. Il était le seul juge d'instruction à Épinal, dans les Vosges, où il occupait son premier poste.
Il avait notamment révélé à la presse la teneur des accusations de Murielle Bolle, 15 ans, qui venait de dénoncer son beau-frère, Bernard Laroche, comme étant le ravisseur de Grégory.
Par la suite, Bernard Laroche avait été tué par le père de Grégory, Jean-Marie Villemin. Murielle Bolle, de son côté, était ensuite revenue sur ses déclarations.