Dès le 13 mai, cinq des huit départements de Bourgogne-Franche-Comté ont dépassé le seuil d'alerte aux pollens de graminées. Un calvaire pour les personnes allergiques, plus précoce que d'ordinaire, et qui n'est pas prêt de finir.
Le nez qui coule, les yeux qui grattent... Autant de symptômes qui rendent la vie impossible aux allergiques lorsque les pollens débarquent. Et en cette fin de mois de printemps, ils reviennent en force. Depuis le 13 mai, la Côte-d'Or, la Nièvre, l'Yonne ainsi que le Doubs et le Jura ont dépassé le seuil d'alerte aux pollens de graminées.
Des pollens précoces à cause du beau temps
Ça n'aura échappé à personne : le printemps 2022 a été marqué par le beau temps et les fortes températures. Et si le retour des beaux jours fait le bonheur de la plupart des Français, il permet aussi aux pollens de débuter leur croissance plus tôt.
"Les espèces de pollen qu'on retrouve dans l'air, ça dépend des espèces de plantes qu'on retrouve sur le territoire, mais surtout de la météo", précise Aymeric Agostini, chargé d'étude chez Atmo Bourgogne-Franche-Comté. "Comme on a eu un printemps ensoleillé et chaud, la croissance pollinique des graminées a démarré beaucoup plus tôt dans la saison que d'habitude. Voir ça aussi tôt, c'est inédit." Beaucoup plus tôt, cela signifie entre 15 jours et trois semaines d'avance par rapport au calendrier habituel, selon le spécialiste.
Les graminées, ce sont les hautes herbes, la nature sauvage en borde de route, ou même la pelouse et le gazon. Et si le seuil d'alerte a déjà été dépassé dans cinq des huit départements de la région, leur concentration devrait encore augmenter dans les semaines à venir.
On n'a pas atteint le pic de pollinisation. Le démarrage est précoce, mais le pic maximum devrait être atteint mi-juin.
Aymeric Agostini, chargé d'études chez Atmo BFC
Et comme les graminées sont particulièrement allergisantes, les allergiques ne sont pas au bout de leurs peines. Reste, peut-être, une lueur d'espoir pour eux.
"S'il y a des épisodes pluvieux, le pic sera assez limité, assez écrasé", indique Aymeric Agostini. "Mais si le grand soleil demeure, avec un peu de vent pour balayer les pollens, le pic va vite être atteint. Tout dépend de la météo."
Remettre le masque pour se protéger ?
Conséquence de cette recrudescence de pollens, une véritable ruée dans les pharmacies. Dans son établissement de Messigny-et-Vantoux, au nord de Dijon, Karine Marchand assiste en effet à une nette hausse du nombre de clients depuis quelques semaines. "Beaucoup viennent nous interroger à ce sujet, avec une augmentation des ordonnances concernant ce problème d'allergies", note-t-elle.
Parmi les symptômes, le nez qui coule, des éternuments ou les yeux qui grattent. En somme, le lot habituel des personnes allergiques... pour lequel il pourrait bien y avoir une solution. "Le port du masque, ça peut être une idée pour faire barrière", juge Karine Marchand. "Après, les gens en ont un peu marre du masque."
"Ça fait déjà deux ans qu'on vit avec", avance de son côté Sarah Court Devilliers, allergologue à Dijon. "Certains patients allergiques se sont rendu compte que le masque, ça ne marchait pas si mal."
Un grain de pollen, c'est plus gros que le virus. Donc le masque protège quand même, il ne faut pas hésiter à en porter.
Sarah Court Devilliers, allergologue
S'il protège, le masque n'est malgré tout pas une solution miracle. Il existe toutefois quelques comportements qui peuvent faciliter la vie.
- Éviter de sortir aux heures les plus pollinisantes, quand il y a beaucoup de vent et qu'il fait très chaud.
- Se laver le visage et le nez quand on rentre chez soi, voire prendre une douche.
- Éviter d'étendre son linge dehors et changer régulièrement ses draps.
En France, près d'un Français sur trois serait touché par une allergie. D'après l'OMS, cette proportion devrait même atteindre un Français sur deux, d'ici 2050.