Les premières copies du bac de philo sont corrigées ce vendredi 18 juin, dans l'académie de Dijon. Mais Des enseignants dénoncent le contexte de tenue de l'épreuve. Ils redoutent des copies rédigées sans motivation compte tenu de l'absence d'enjeu pour une partie des élèves.
Au lendemain de l’épreuve de philosophie – la seule épreuve écrite des élèves de terminale cette année – les professeurs s’agacent. Dans l’académie de Dijon, une partie des correcteurs s’est réunie jeudi 17 juin pour dénoncer la perte de sens de l’épreuve. "L’épreuve de philosophie est instrumentalisée pour sauver les apparences d'un baccalauréat qui se prétend "national" là où il n'a plus aucun sens et maltraite élèves et professeurs".
En raison de l’épidémie de Covid-19, le ministère de l’éducation national a largement adapté les conditions d’organisation des épreuves du baccalauréat. Alors que le diplôme devait se tenir pour la première année, selon les critères de la réforme du bac, la crise sanitaire a conduit à une série d’adaptation. La plupart des épreuves ont été validées en contrôle continu. Seul le grand oral, symbole de la réforme, et l’épreuve de philosophie ont été maintenus. Mais cette dernière s’est vue ajoutée un sujet pour offrir plus de choix aux élèves. Et le ministère a annoncé que la note obtenue ne serait retenue que si elle était supérieure à la moyenne de l’année.
"Une mascarade"
"C’est une mascarade. Les élèves ont le choix entre l’épreuve et la note de contrôle continu" s’agace Eric Lany, correcteur des épreuves et professeur de philosophie au lycée Henri Vincenot de Louhans (Saône-et-Loire). "On nous a annoncé à la dernière minute qu’elle était finalement optionnelle. C’est très démotivant. On va avoir des copies très atypiques" s’inquiète Annick Alix, du SNFOLC-Dijon.
Eric Lany tient tout de même à tempérer. Alors qu’il a corrigé 5 premières copies ce vendredi matin, il estime que les candidats "jouent le jeu". Comme d’autres enseignants, il a tenté de motiver ses élèves. "Je leur ai dit qu’il ne fallait rien lâcher. Quelques élèves m’ont envoyé des mails et m’ont dit qu’ils avaient fait leur possible." Certains sont particulièrement motivés. "J’ai une élève brillante qui doit avoir 18 de moyenne. Elle veut confirmer cela. Les meilleurs élèves ont pris ça comme un défi." Mais l’investissement a sans doute varié en fonction du profil des élèves. "Ceux qui s’en sortaient avec la moyenne, il ne vont pas trop se fouler."
Les enseignants dénoncent également une épreuve en contrôle continu qu’ils jugent plus inégalitaire. A l'inverse, en mai dernier, des collectifs lycéens militaient pour l'annulation des épreuves.
Symbole de la réforme Blanquer
Au-delà du symbole, les enseignants ne cachent pas que ce sont les réformes du lycée et du bac qui passent mal. Les enseignements pas filières (S,ES,L…) ont été abandonnés pour mettre en place un enseignements de spécialités. Le nombre d’épreuves écrites au bac a été réduit, remplacé en partie par des notes de contrôle continu et l’épreuve du Grand oral.
"La réforme Blanquer, avec le contrôle continu, dévalorise le bac en le transformant en diplôme local" dénoncent les enseignants. Selon eux, elle conduit également à une hausse des effectifs par classe, génère des inégalités et met en concurence les discipline et les établissements. Ils soulignent également la baisse d’effectifs dans le secondaire. 1800 postes doivent être supprimés dans le secondaire (contre 2500 créations en primaire). Selon le ministère, ils doivent être en partie compensés par des heures supplémentaires.