Le bac 2021 aura-t-il lieu ? Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer a affirmé que l’épreuve se tiendrait. Ce jeudi 29 avril, les représentants des lycéens de l’Académie de Dijon espèrent le faire changer d’avis lors du conseil national de la vie lycéenne.
Ils seront deux, tous deux originaires de l'Yonne, à porter la voix de leurs camarades lycéens de Bourgogne ce jeudi soir à 18h face au ministre. "Le ressenti général, c’est une demande d’annulation des épreuves" tranche Laura Dewinne, lycéenne de seconde au lycée Chevalier d’Eon de Tonnerre et élue au Conseil national de la vie Lycéenne (CNVL). "Si cet organe a été créé, c'est pour que les élèves puissent faire remonter l'avis de leurs camarades qui sont quand même les principaux concernés" appuie l’élève.
Avant la tenue de la réunion en visioconférence ce jeudi, le CNVL a mis en ligne un sondage pour recueillir le sentiment des lycéens. Selon ses représentants, plus de 100 000 réponses ont déjà été obtenues. Elles demanderaient majoritairement l’annulation ou l’adaptation des deux dernières épreuves du baccalauréat : la philosophie et le grand oral. "On estime aujourd'hui que l’égalité des chances est devenue inexistante entre les élèves, notamment entre les différentes sections générales, technologiques et professionnelles" plaide David Huberdeau, l’autre représentant bourguignon au CNVL. Il est élève en terminale STI2D du lycée Fourier à Auxerre. Parmi les pistes évoquées, le remplacement par des notes de contrôle continu ou la baisse du coefficient de certaines épreuves.
Le "grand oral" pointé du doigt
Au centre des préoccupations, la nouvelle épreuve du Grand oral, symbole de la réforme du baccalauréat voulue par le ministre et qui entre en application pour la première fois cette année. Pour ses détracteurs, elle pourrait accentuer les inégalités entre milieux sociaux.
Les élèves mettent en avant les conditions sanitaires "un peu moyennes" euphémise David Huberdeau et surtout une préparation des élèves jugée insuffisante. "Avec les différents confinements, les profs n’ont pas pu assurer la continuité pédagogique" plaide David Huberdeau. "Au niveau du grand oral, on ne se sent pas du tout prêt, en tout cas pour les filières technologiques. Normalement, il se base sur des projets qui commencent mi-terminale. Le problème c'est que depuis que l'on est confinés, ces projets-là ont été mis à l'arrêt. Donc on est clairement dans le flou pour l'instant."
Cette année, beaucoup d’élèves ne sont plus retournés au lycée de novembre à mars pour suivre des cours à distance. Un dispositif qui a ensuite laissé place à un mode hybride avant d’être réinstauré juste avant les vacances de Pâques. "Un cours en distanciel ne remplacera jamais un cours en présentiel. Les élèves ont fait des efforts. Mais à un moment donné, cela va faire pratiquement un an que c'est comme ça. Il y a un ras le bol général. Il n'y a plus de motivation, plus rien du tout" s’agace Laura De Winne qui espère que le ministre entendra la fatigue des lycéens. "Les élèves ne se sentent pas en capacité, pas du tout prêts à passer ces épreuves."
Un changement de décision ?
Malgré une meilleure préparation et une amélioration des dispositifs techniques, David Huberdeau constate une nette différence avec l’année dernière. "Là où au premier confinement, on avait une grande motivation, la motivation des élèves a énormément baissé depuis le deuxième confinement." "Beaucoup ont l’impression de perdre leur jeunesse. Et parfois d’être pris pour des idiots", s’alarme sa consœur… Elle reproche notamment au ministre d’avoir martelé que les écoles ne fermeraient pas avant de suspendre les cours en avril. "Ce genre de trucs semblent un peu dérisoire. Mais ce n'est pas forcément compréhensible de la part des élèves."
En mars, en raison du contexte sanitaire, les deux épreuves de spécialités qui devaient se tenir avaient été transformées en contrôle continu. Alors le ministre peut-il désormais revenir le maintien des épreuves de fin d'année ? Laura Dewinne se dit "perplexe" sur les chances des adolescents de convaincre le ministre. "Monsieur le ministre a pu affirmer et réaffirmer plusieurs fois le maintien de ces épreuves. Mais ce n'est qu'après qu'il décide de nous consulter. C'est un peu dommage de ne pas écouter les personnes qui sont principalement concernées avant de donner un avis tranché sur la question." "On espère être écoutés" ajoute néanmoins David Huberdeau.
Ce jeudi, chaque binôme représentant d’académie devrait pouvoir poser une question au ministre de l’Education nationale.