Le Beyfortus, c'est le nom de ce nouveau traitement capable de prévenir la bronchiolite, qui s'attaque chaque hiver à 30 % des nourrissons de moins de deux ans. Une campagne d'immunisation a été lancée partout en France depuis le 15 septembre, notamment au CHU Dijon Bourgogne.
C’est la bronchite des nourrissons. Chaque année, 30 % des bébés de moins de deux ans sont touchés par la bronchiolite en France. L’infection respiratoire débute généralement durant l’hiver et connaît son pic durant le mois de décembre.
Si elle n’est pas sévère dans la majorité des cas, la maladie peut parfois engendrer des passages aux urgences voire des hospitalisations. Il n’existe par ailleurs pas de médicament et traitement spécifique pour la soigner. Pour prévenir tout risque épidémique en vue de l’hiver prochain, une campagne d’immunisation a alors été lancée partout en France ce 15 septembre dernier.
Les risques baissent de 80 %
Ainsi, au CHU Dijon Bourgogne, près de 40 bébés ont reçu une injection de Beyfortus. Le traitement remplace les anticorps de la mère du nourrisson. Car avant 3 mois, un enfant ne fabrique pas d’anticorps et seuls ceux de sa maman peuvent le protéger.
"Mais avec l’isolement dû au Covid, peu de virus ont circulé. Ça a entraîné une diminution des maladies virales, donc les mamans étaient peu immunisées. Donc les bébés ont ensuite eu peu d’anticorps contre la bronchiolite", décrit le professeur Frédéric Huet, chef du service de pédiatrie au CHU Dijon Bourgogne.
Selon les premières études, les risques de bronchiolite baissent de 80 % après l’injection de la molécule. Une dose suffit pour immuniser le nourrisson pendant 5 mois. Les bébés de moins d’un an sont principalement ciblés par la campagne.
"On est heureux de participer à ça. Au CHU, l’information est apportée aux couples par le pédiatre au lendemain de l’accouchement, au cours d’une réunion collective. Puis le lendemain, en cas d’accord des parents, une injection intramusculaire est réalisée en maternité", précise le professeur Emmanuel Simon, chef du pôle de gynécologie-obstétrique.
L’objectif, c’est d’être le plus efficace et de traiter le plus tôt possible le bébé à la maternité pour empêcher une installation du virus.
Frédéric Huet, chef du service de pédiatrie au CHU Dijon Bourgogne
Quant aux parents qui hésitent, une ordonnance leur est donnée pour qu’ils puissent ensuite se rendre gratuitement en pharmacie pour obtenir le traitement. "Le recul que nous avons depuis le lancement de la campagne, c’est un taux d’acceptation de 100 %. C’est une excellente nouvelle ! On voit que l’engouement est national, que la population adhère à ces mesures de prévention", salue Emmanuel Simon.
Un traitement après une épidémie intense en 2022
Un traitement préventif également élaboré suite à l’épisode particulièrement intense de l’épidémie l’année dernière. En 2022, la bronchiolite a débuté plus tôt, au cours du mois d’octobre et a touché 500 000 bébés. Le nombre d’hospitalisations et de passages aux urgences suite à la maladie a également été le plus important depuis 10 ans.
"On a été confronté à un afflux brutal et massif de bébés", confie le professeur Frédéric Huet. Au CHU Dijon Bourgogne, entre 700 et 1 000 enfants sont passés aux urgences durant l’épidémie, 260 ont été hospitalisés et 70 ont été admis en réanimation.
Avec comme conséquences, des places saturées, un renfort nécessaire de lits et un personnel soignant débordé. "Avec ce traitement, on espère vraiment avoir moins de bébés malades mais aussi avoir une organisation des soins plus sereine dans les services", détaille Frédéric Huet.
Une campagne d’information va être par ailleurs lancée prochainement pour évoquer l’importance des gestes barrières face aux épidémies comme celle de la bronchiolite. Pour rappel, en présence d'un bébé, il est conseillé de se laver les mains régulièrement, d’aérer les pièces, de porter un masque en cas de maladie ou encore d’éviter de l’amener dans des espaces publics confinés comme les centres commerciaux ou les transports en commun.
La bronchiolite, quels symptômes ?
90 % des enfants de plus de deux ans ont été en contact avec la bronchiolite. Car cette dernière se transmet particulièrement facilement. Un tiers des nourrissons touchés par le virus vont en ressentir les symptômes : rhume, toux, respiration sifflante, puis difficultés respiratoires, difficulté à manger ou à dormir.
Chaque année, entre 50 000 et 90 000 bébés passent alors aux urgences à cause de la bronchiolite et un tiers d’entre eux passent par un séjour hospitalier. L’année dernière, 27 000 nourrissons ont ainsi été hospitalités. Le virus peut également engendrer des admissions en réanimation dans le pire des cas.
La maladie guérit spontanément après 5 à 10 jours. Mais les bébés bien portants peuvent en garder les symptômes pendant un mois. Elle peut engendrer des difficultés respiratoires à long terme pour les enfants nés prématurément.
Si la campagne de prévention a déjà débuté, les autorités sanitaires réfléchissent à d’autres méthodes pour l’avenir. L’année prochaine, ce sont ainsi les mères qui pourraient recevoir un traitement pendant la grossesse pour stimuler la fabrication d’anticorps.