Conseil régional : les élus reviennent sur la question du voile

La question du voile avait enflammé la dernière séance du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Un mois plus tard, il était évidemment impossible pour les élus de ne pas revenir sur cet épisode. Au menu, des échanges musclés mais dans une atmosphère bien moins électrique que le 11 octobre.

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La présidente PS du conseil régional, Marie-Guite Dufay, est la première à s'exprimer en ouverture de la séance plénière ce vendredi 15 novembre. Elle débute en citant des propos de Jean Jaurès tenus en 1910 à la Chambre des députés.

"La démocratie, nous en parlons quelquefois avec un dédain qui s'explique par la constatation de certaines misères, de certaines vulgarités. Mais si vous allez au fond des choses, c'est une idée admirable d'avoir proclamé que, dans l'ordre politique et social d'aujourd'hui, il n'y a pas d'excommuniés, il n'y a pas de réprouvés, que toute personne humaine a son droit."
 

Vous l'aurez compris. Il ne m'est pas possible de commencer cette assemblée sans revenir sur ce qui s'est passé ici même le mois dernier. Ceci, dans un esprit républicain et non polémique. Et pour solder une très mauvaise séquence. En tant que présidente de cette assemblée, j'ai clairement assumé la responsabilité qui m'incombe de faire respecter la loi, toute la loi rien que la loi, ainsi que notre règlement intérieur.
Marie-Guite Dufay, présidente PS du conseil régional

 

"Les lois sont claires"

"Nous sommes beaucoup ici à rester profondément marqués par l'agressivité et la volonté de stigmatiser qui a caractérisé ce moment", poursuit-elle. "Les lois concernant cette situation sont claires. Cette maman avait-elle le droit d'être assise dans le public pour assister à nos travaux ? D'un point de vue légal, la réponse est oui. La loi n'interdit en effet que la dissimulation du visage dans les espaces publics, ce qui n'était pas le cas.

Avait-elle le droit d'être parent accompagnateur dans le cadre de cette sortie ? Encore une fois, la réponse est oui. La jurisprudence et les circulaires de l'Éducation nationale n'interdisent nullement qu'une femme portant foulard ou voile puisse accompagner les enfants dans le cadre d'une sortie scolaire.

Y avait-il contradiction vis-à-vis de notre règlement intérieur ? Non. L'article 34 auquel il a été fait référence indique qu'en cas de désordre, la présidente peut exercer son pouvoir de police de l'assemblée et faire sortir une personne qui trouble le déroulement des travaux."

 

Si trouble il y a effectivement eu, ce n'est pas de la tribune du public qu'il est venu.
Marie-Guite Dufay, présidente PS du conseil régional


La présidente du conseil régional ne compte pas faire évoluer le réglement intérieur de l'assemblée. Elle s'interroge cependant sur l'utilisation des images prises dans la salle et diffusées sur les réseaux sociaux.

L'intervention de Julien Odoul, dénonçant la présence d'une mère voilée dans les rangs du public, avait été captée par le smartphone de son collaborateur. Une séquence postée immédiatement sur Twitter et qui a dépassé les 4 millions de vues depuis. "Je ne souhaite pas agir dans la précipitation. Je soumets ce sujet à l'analyse des groupes et je me réserve la possibilité notre règlement d'intervention sur ce point de l'usage des vidéos pendant les sessions", explique l'élue.
 

"C'était une provocation"

Le président du groupe Rassemblement national au conseil régional répond évidemment à Marie-Guite Dufay : "Madame la présidente, vous avez décidé d'introduire votre propos en revenant sur l'assemblée plénière du 11 octobre dernier. Ce n'était pas mon souhait, mais je vais faire le choix de vous répondre", commence Julien Odoul avant de baisser les yeux sur ses notes. 

"Madame la présidente, nous représentons que vous le vouliez ou non la majorité des citoyens de Bourgogne-Franche-Comté, poursuit-il. Nous représentons 530 000 électeurs qui ont choisi de glisser un bulletin Marine Le Pen en 2017. Nous sommes le premier parti de Bourgogne-Franche-Comté […] 530 000 électeurs qui ont été choqués par votre comportement madame Dufay. Choqués que la représentante de la République que vous êtes se soit laissée dicter sa conduite par une provocation. Parce que c'était une provocation.
 

Vous nous dites évidemment, en reprenant une logique victimaire, que cette personne était une maman et qu'elle a été humiliée, agressée. Je tiens à vous le dire et le rappeler, dans cet hémicycle, il y a eu effectivement humiliation et agression. La République et la laïcité ont été agressées et humiliées en effet.
Julien Odoul, président du groupe RN


Marie-Guite Dufay avait introduit son propos en citant Jaurès. Julien Odoul termine le sien en puisant sur son téléphone portable une autre citation du même Jaurès : "Puisque vous avez cité Jean Jaurès, que vous avez sorti de son cercueil opportunément après l'avoir oublié pendant de si longues années, je vais vous le citer également. 'Voilà pourquoi, depuis trente-cinq ans, tout recul et toute somnolence de la République a été une diminution ou une langueur de la laïcité ; et tout progrès, tout réveil de la République, un progrès et un réveil de la laïcité. Je suis convaincu qu'à la longue, après bien des résistances et des anathèmes, cette laïcité complète, loyale, de tout l'enseignement sera acceptée par tous les citoyens comme ont été enfin acceptées par eux, après des résistances et des anathèmes dont le souvenir même s'est presque perdu, les autres institutions de laïcité, la laïcité légale de la naissance, de la famille, de la propriété, de la patrie, de la souveraineté.'" Une phrase issue d'un discours de 1904 prononcé à Castres.

La présidente du conseil régionale dit vouloir veiller à l'avenir à ce que "les interventions soient au maximum consacrées aux sujets qui concernent notre collectivité. C'est pour cela que nous avons été élus et certainement pas pour tenir des meetings politiques en pleine session du conseil régional". Pour cette fois, c'est raté. Elle est revenue sur la polémique sur le voile pendant dix minutes, Julien Odoul pendant la même durée. Le président du groupe de gauche, Jérôme Durain, y a même consacré un quart d'heure, en affirmant pourtant à l'adresse de Julien Odoul : "Ça n'amuse plus personne, on ne réagit même plus à vos propos". Seul François Sauvadet, à la tête du groupe de droite, a évité le sujet.

La séance du conseil régional se poursuit ce vendredi 15 novembre. À l'ordre du jour notamment : les orientations budgétaires pour 2020, le plan régional de prévention et de gestion des déchets ou encore la feuille de route de soutien à la filière hydrogène.
 
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