Coronavirus Covid-19 : “Si j’avais le choix, je n’irais plus travailler”. La vie de livreur pendant le confinement

Alors que le confinement des Français a débuté mardi 17 mars, à midi, certaines professions ne peuvent pas s’effectuer en télétravail. C’est le cas pour les coursiers à vélo, qui livrent des repas à domicile. Sont-ils inquiets ? Comment s’adaptent-ils ? Témoignages.

Le quotidien de Mathieu, coursier à vélo à Dijon, est un peu chamboulé ces derniers jours. Tandis que la France entre dans un confinement pour au moins 15 jours, où les déplacements doivent être limités au strict nécessaire, Mathieu, lui, n’arrête pas. “Depuis samedi et l’annonce du gouvernement de la fermeture des commerces non indispensables, il y a énormément de commandes”, fait-il remarquer. 

Dans son métier, il rencontre des dizaines de personnes chaque jour. S’il peut pour l’instant continuer à travailler, il a dû s’adapter. “Quand on arrive devant le restaurant, on ne rentre plus à l’intérieur. On frappe à la porte, on montre le numéro de commande à travers la vitre, et quand c’est prêt ils posent la commande sur une table, ouvrent la porte, et on la récupère nous-même, précise le livreur dijonnais.
 

Limiter les contacts avec les clients


Entre coursiers aussi, les habitudes changent en cette période de pandémie. Plus de serrage de mains. On évite d’être collés les uns aux autres”, ajoute Mathieu, qui discute beaucoup du Covid 19 avec ses collègues : “c’est le sujet principal de discussions”.

Dans un mail à ses clients, la plateforme de livraison Uber Eats a rappelé les mesures de sécurité lors d’une commande : “Pour votre sécurité, mais aussi celle des livreurs, nous vous recommandons fortement d’éviter tout contact et de respecter les consignes sanitaires partagées par le gouvernement qui visent à vous protéger
 

L’entreprise conseille aux clients d’attendre que le livreur s’écarte de 2 mètres de la porte, après avoir déposé la livraison, puis de récupérer la commande. 
 
Avec les clients, pour l’instant, ça se passe plutôt bien. Beaucoup nous demandent si les livraisons vont continuer. Sinon c’est plutôt positif, on a pas mal de pourboires”, rappelle Mathieu, qui s’est équipé, “comme la plupart des livreurs”, d’un masque, de gants et de gel hydroalcoolique.
 

Travailler, ou ne pas travailler ?


Dans ces conditions, alors que l’épidémie progresse dans toute la France, pourquoi continuer à travailler ? Pour Mathieu, la réponse est simple.
 

J’ai un bébé à la maison, j’ai besoin d’argent, comme tout le monde. On a vu qu’on allait avoir des aides auprès de la sécurité sociale, pour couvrir le manque d’argent. Le problème, c’est que ce sont des documents à remplir, à renvoyer… Le temps de traiter les dossiers, il va peut être falloir attendre plusieurs mois avant que l’on ait la moindre aide financière”, s’inquiète-t-il. Pour l’instant, il se connecte sur la plateforme de livraison, “en espérant que demain on puisse continuer à travailler”.


Même si, il le reconnaît, il “a peur d’attraper le virus”.
 


La crainte est la même pour Cyril Jeanpierre. Il est aussi coursier pour la plateforme Uber Eats, et membre fondateur du Sccud, le syndicat CGT des coursiers unis dijonnais.
 

Sincèrement, si j’avais le choix, je n’irais plus travailler, précise-t-il. C’est clair et net, notre métier est plus que dangereux. Malheureusement, certains, comme moi par exemple, ne vivent que de ce métier et sont obligés de l’exercer. C’est malheureux, c’est dangereux, mais on n’a pas le choix.


Après l’annonce d’Emmanuel Macron, lundi 16 mars, il s’est demandé si les livreurs allaient pouvoir continuer à exercer leur activité : “Deux plateformes ont réagi très vite : Stuart et Uber. Elles ont mis en place un système de certificat de travail et d’autorisation de déplacement permanente, que l’on peut ajouter à l’attestation de déplacement délivrée par le gouvernement”. 

Avec son syndicat, Cyril Jeanpierre a imprimé une centaine de certificats pour les distribuer aux livreurs dijonnais.On va aussi les sensibiliser à la dangerosité de ce virus et aux mesures de précaution à respecter”, ajoute-t-il. A Dijon, environ 400 personnes sont inscrites sur les plateformes de livraison en tant que coursiers.

 
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