Trafic routier : avec le confinement, la qualité de l’air s’est améliorée. Et si on en profitait pour faire autrement ?

Le confinement a un impact positif sur la qualité de l’air : c’est ce que montre une étude d'Atmo France. Les polluants émis par le trafic routier ont fortement baissé en France. C'est le cas notamment à Dijon. Et si on profitait de cette période compliquée pour faire autrement ?

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Les effets positifs du confinement sur la qualité de l'air en France 


Suite à la mise en place du confinement destiné à enrayer l’épidémie de Covid-19, les concentrations de polluants émis par le trafic ont fortement baissé près des principaux axes routiers.

C’est ce qui ressort d’une étude menée par Atmo France, le réseau des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air. Ces associations sont réparties sur l’ensemble du territoire français, on en compte une par région.

Sur le mois de mars 2020, le confinement s’est traduit par une diminution des concentrations moyennes journalières en oxydes d’azote (NOx, polluants principalement émis par le trafic). La différence avant/pendant le confinement est de 30 à 75% suivant les villes : -75% à Nantes, -70% à Paris et à Toulouse, - 69% à Dijon et à Marseille, -62% à Rennes, -50% à Bordeaux…
 

 



Cela diminue ainsi l’exposition des riverains des grands axes routiers et la ramène à des niveaux généralement inférieurs à ceux d’un dimanche.

Par ailleurs, la comparaison entre les mois de mars 2019 et de mars 2020 illustre aussi cette baisse des concentrations, ajoute Atmo France, "tout en gardant à l’esprit que les variations observées résultent d’une part de l’impact du confinement sur la circulation mais aussi de conditions météorologiques qui ont pu localement être très différentes entre 2019 et 2020".

 

Comment garder de bonnes habitudes après le déconfinement ? 


"Tout le monde constate qu’on respire un peu mieux et notamment ceux qui sont sensibles sur le plan respiratoire. Il y a aussi une diminution du bruit lié au trafic routier.
Je ne suis pas vraiment surprise de ces résultats, car le confinement a été très suivi. Il y a eu très peu de circulation routière dans l’agglomération", dit Catherine Hervieu, vice-présidente de Dijon Métropole et présidente d’ATMO Bourgogne-Franche-Comté.

"Tout le monde en bénéficie : les riverains de la rocade, de la Lino, mais aussi des grands axes comme les boulevards Pascal, Gabriel, Mansart, Pompon, des Allobroges, ou encore de la rue Chevreul qui est très passante. C’est aussi le cas dans les rues en forme de canyon comme la rue Vannerie au centre-ville où il y a de fortes concentrations de polluants.

 


Il y a des gens qui testent le vélo en cette période de confinement. C’est une bonne chose et il faut les encourager à garder cet usage en facilitant leurs déplacements. C’est pourquoi il faudrait mettre des aménagements là où c’est nécessaire pour franchir les boulevards, assurer les continuités cyclables sur l’ensemble de la métropole entre les communes, franchir la rocade, aller à Valmy plus facilement qu’en suivant la voie le long du tramway car c’est un peu compliqué à certains endroits…

Après le déconfinement, il y a aussi la question de la distanciation à résoudre, car la pandémie sera toujours là. Etre ensemble dans les transports en commun, tout le monde y réfléchit : Divia, l’Etat, etc… En effet, beaucoup de gens ne seront pas rassurés à l’idée de prendre les transports publics. J’ai fait une note en ce sens au maire de Dijon, qui est aussi président de Dijon Métropole. Je pense que tout le monde a conscience que sur la question des transports en commun, il faudra éviter le report sur la voiture individuelle.

Dans ce contexte, la marche et le vélo sont de bonnes solutions. Il faut montrer que c’est possible sur les courtes distances avec la marche et sur les moyennes distances avec les vélos. Et là, il faut renforcer les aménagements cyclables. Je pense au sud dijonnais notamment, car aller à vélo du centre-ville jusqu’à Chenôve et Marsannay, ça reste encore un peu compliqué.
 

 

"Tout dépend si les politiques publiques vont donner des signaux forts dans ce sens ou pas"


Il faut profiter de cette période qui est compliquée pour faire autrement. Le confinement nous a été imposé pour des raisons majeures de santé et on voit qu’on peut faire autrement. Au sein des quartiers par exemple, les gens s’organisent pour les courses, il y a de la relocalisation au niveau de l’alimentaire. En matière de déplacements, c’est un peu la même chose. Tout dépend si les politiques publiques vont donner des signaux forts dans ce sens ou pas.

On a un levier fort avec cette situation exceptionnelle. Cette pandémie pose beaucoup de problèmes, mais il y a aussi paradoxalement des effet positifs avec l’amélioration de la qualité de l’air. Alors, est-ce qu’à la sortie du confinement, on va recommencer comme avant ? Non, on ne va pas recommencer comme avant, puisqu’avec le confinement on a l’illustration de ce que génèrent nos façons de se déplacer.
 


Je rappelle que dans Dijon intra-muros, les déplacements sur moins de trois kilomètres se font pour les deux-tiers en voiture individuelle. Or, on peut faire autrement.
Un exemple : on va déposer les enfants en voiture à l’école, on va les reprendre en voiture, alors qu’on peut s’organiser autrement.
Il y a le système des trottibus (qui permet aux élèves du primaire de se rendre à l’école à pied, de façon sécuritaire et encadrée). Il faudrait l’organiser et le déployer de manière beaucoup plus active.

Il y a aussi les vélos-écoles ou encore la généralisation du "savoir rouler à vélo" pour les élèves de CM2 : ce programme doit permettre aux jeunes de 6 à 11 ans d’apprendre à se déplacer en toute sécurité pour pouvoir ensuite se rendre au collège à vélo de façon autonome.

Ce sont de vrais sujets qui ne sont pas très coûteux, qui ne demandent pas forcément d’aménagements cyclables ou de gros chantiers de voirie.
Il y a des intervenants extérieurs pour la musique, pour le sport. Là, ça peut être un éducateur « mobilité à vélo » qui apprend aux enfants à circuler dans la ville. Cela demande des parents volontaires et tout de suite il y a des effets d’entraînement pour les adultes.
Quand, chaque année, on a des cohortes d’enfants qui sont sensibilisés à des façons de se déplacer autrement, forcément cela crée des effets de masse. C’est un exemple qui me paraît intéressant pour faire autrement, conclut Catherine Hervieu.


 
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