Lycées par intermittence, cours à distance, moments entre amis plus virtuels que réels, les adolescents d'aujourd'hui souffrent de la crise sanitaire. En Côte-d'Or, ils sont de plus en plus nombreux à venir se confier sur leurs angoisses et leurs doutes à la Maison des adolescents de Dijon.
"J'ai trouvé un espace de parole où l'on pouvait m'écouter sans me juger. C'est quelque chose d'incroyable et de super rare" confie Raphaëlle. Cette adolescente est venue pour la première fois à l'Adosphère il y a 2 ans. Comme beaucoup d'adolescents, elle y a trouvé un espace d'écoute et d'échange pour parler de ses problèmes ou de son mal-être.
Destinée non seulement aux adolescents, mais également à leurs parents et aux professionnels, la maison des adolescents, créée en 2008, propose un accueil gratuit sur des plages horaires souples et adaptées. Les missions des équipes de l'Adosphère sont multiples : médicales, éducatives, sociales, juridiques et culturelles. Mais elles ont pour mission principale d'apporter une écoute aux adolescents pour prévenir les complications, les accompagner et si nécessaire les orienter vers d'autres dispositifs existants.
"Cela fait du bien de ne pas se faire juger par des personnes plus âgées que nous" témoigne Raphaëlle, "ils nous aident à avancer. On a moins peur en fait. On sait que si on a besoin il y a quelqu'un qui est là. C'est rassurant". `
Plus de consultations liées la crise sanitaire
Une aide qui se veut rassurante, plus encore dans cette période de crise snaitaire, particulièrement difficile à vivre pour bon nombre adolescents.
Elsa Massabie, médecin coordinateur de l'Adosphère, peut en témoigner. Elle s'inquiète de l'impact psychologique de la crise sanitaire sur les jeunes. "On a eu une recrudescence des troubles anxieux, une installation de troubles et de conduites négatives avec des impacts sur leur santé", souligne la pédopsychiatre. "Par exemple, des jeunes qui inversent le jour et la nuit, beaucoup de consommation d'écran. Et puis globalement une perte de motivation et une perte de sens dans leur projet, pourquoi ils ont choisi telle voie."
Les jeunes adultes semblent aujourd'hui plus impactés par la crise et plus nombreux qu'avant à être reçus à l'Adosphère. C'est le cas de Coralie, une étudiante de 24 ans. Il y a encore quelques mois, elle n'aurait jamais pensé trouver de l'aide à l'Adosphère. "On s'imagine tout de suite un psychologue alors des fois, c'est juste venir discuter" reconnaît la jeune femme. "Je pense qu'il y a encore du chemin. Je suis encore plus confiante pour tracer ce chemin. Je pense que tous les conseils reçus ici vont m'aider par la suite".
L'anonymat des jeunes préservé
Pour entendre cette détresse, la porte de l'Adosphère est toujours ouverte. Les jeunes peuvent venir avec ou sans rendez-vous pour un premier d'échange avec des professionnels de l'écoute. L’équipe de l'Adosphère se compose d’un médecin coordonnateur, d’une direction, d’une secrétaire, d'éducateurs spécialisés et de psychologues.
"On garantit la confidentialité aux mineurs car c'est une règle très importante à laquelle on tient beaucoup ici parce qu'elle est libératrice de la parole," affirme Karyn Alapetite, psychologue. "Quelqu'un de 14 ans qui sait que ce qu'il va dire à la maison des adolescents, on ne le répètera pas. Même pas à ses parents, sauf si on est évidemment inquiet. Cela peut vraiment permettre de libérer la parole."
750 jeunes reçus en 2020
Les jeunes peuvent être reçus, 1, 2 ou 3 fois avant d'être adressés à d'autres structures, d'autres professionnels à l'extérieur. L'Adosphère est une porte d'entrée, un sas d'accueil qui suffit souvent dans la plupart des cas, même si la crise sanitaire a bousculé son fonctionnement. Conséquence du covid, il n'y a plus de groupes de paroles, ni d'échanges informels autour d'un café pour les adolescents et les jeunes adultes.
"Une des problématiques phares qui amènent les gens à venir nous rencontrer ici, ce sont des questions d'ordre intra-familiales, ou liées à des relations amicales ou amoureuses," explique Françoise Jung, directrice de l'Adosphère. "Quelque soit la tranche d'âge, on peut avoir des problématiques similaires."
La maison des adolescents a accompagné l'an dernier 750 jeunes dans ses locaux à Dijon, et autant dans ses différentes antennes en Côte-d'Or. Des permanences sont aujourd'hui organisés dans 26 communes du département.
Informations pratiques
L’équipe pluridisciplinaire (professionnels de l’écoute, médecin généraliste…) de l'Adosphère accueille les lundi et jeudi de 15 h à 19 h et les mardi, mercredi, vendredi et samedi de 14 h à 19 h, avec ou sans RDV au 19 rue Bannelier à Dijon.
Il est possible de contacter la maison des adolescents par téléphone au 03 80 44 10 10 ou par mail à adosphere@maisondesadolescents21.fr