Du jour au lendemain, les cours ont cessé. Masques, gestes barrières, cours à distance, depuis un an, pour les collégiens, rien n'est vraiment redevenu comme avant. Et la stupeur a laissé place à l'angoisse chez certains. Reportage au collège Le Parc de Dijon en Côte d'Or.
Pour Hamza, 11 ans, le confinement, c'est d'abord une famille coupée en deux du jour au lendemain."Ce qui m’a marqué le plus c’est que je ne pouvais plus voir mes grands-parents. J e ne peux plus garder le contact avec ma famille à part par téléphone. Dès que mon papa avait le temps, j’appelais mes grands-parents ou des membres de ma famille par vidéo. » Entre la première et la deuxième vague, le jeune garçon est entré au collège. Une année particulière avec quelques contraintes en classe. « Je trouve que c’est difficile de respirer avec un masque chirurgical. Mon année de 6ème a été difficile avec les masques et le changement de la CM2 vers la 6ème. »
Elève au collège Le Parc à Dijon, il participe ce jour là à un atelier découverte sur le Japon. Une ouverture sur l'extérieur. «Ca fait du bien de travailler sur d’autres choses, nous travaillons sur le Japon en ce moment. » Affiches en mains, et recherches aguerries, des élèves de 6ème s’essaient même à quelques mots en japonais « pour dire bon appétit, on dit itadakimasu ». Peut-être pour détendre l’atmosphère et oublier ce qui se passe à l’extérieur. « Avec le confinement et tout ce qu’on a vécu, c’est très bien de voyager mentalement. Ce cours me permet de voyager par la pensée, explique Noa, élève de 4ème. Ça change du quotidien qui peut être rude. Avec le couvre-feu, presque tous les jours se ressemblent. On commence les cours à 8h ou 9h et après j’ai sport étude, et je nage jusqu’à 18h. Je rentre direct et je fais mes devoirs. » C'est une vrai bouffée d'oxygène enchaine de son coté Maya. «J’aimerais bien voyager, avec des petits moments comme celui-là en classe, on laisse le COVID à la porte. J’aime bien et ça m’aide. Je décroche de la réalité. L’atelier me transporte comme si j’étais au Japon. »
Une génération Covid
Elève de 4ème, Maya fait partie de la section sport études de natation. Depuis le confinement, elle a dû tout stopper net. «C’est très difficile pour moi. J’ai été freinée dans mon élan. C’était compliqué; j’aime beaucoup la natation. Quand on arrête son entraînement, c’est difficile. » Malgré la frustration, elle est très inquiète de la situation sanitaire. « C’est grave ce qu’il se passe. Ce virus me fait peur, il pourrait toucher mes grands-parents. Heureusement, ils vont bien. Ce virus fait beaucoup de morts, c’est vraiment angoissant.»
« On a surtout besoin de courage avec la crise sanitaire, remarque Mélissia, 12 ans. Du courage pour porter un masque toute la journée à l’école, de se désinfecter les mains tout le temps. »
Mélinda Da Cruz, professeur au collège Le Parc est à l’initiative du projet d'atelier. Elle note que ses élèves sont plus anxieux. « Ce qui m’interpelle le plus, c’est qu’ils sont dissipés et plus que d’habitude. Ils ont chaud avec le masque. Ils ont du mal à tenir en cours pendant une heure. On est toujours là pour leur dire de remettre le masque au-dessus du nez. Et du coup ça les énerve parce qu’on leur fait une réflexion.» Les mesures barrières peuvent également compliquer l'entrée en 6ème.
« C’est vrai que s’adapter à un nouvel environnement avec un masque où on ne se voit pas, un viage câché... Les émotions se transmettent moins. Ils vont mal interpréter ce que l’on va leur demander. Ils vont penser qu’on est plus sec alors qu’à l’intérieur du masque on a le sourire. Pour eux c’est trop compliqué. » Mélinda Da Cruz s'inquiète des conséquences à long terme. «Plus tard, ils diront à leurs enfants 'Moi, tu sais à l’école on a eu le COVID'. C’est des choses qui restent d’autant que ça fait déjà un an. Les élèves avec lesquels j’ai travaillé ont commencé leur vie collégienne avec le COVID. Ils vont s’en souvenir forcément. »
"C’est comme si on avait arrêté notre vie. Je dois toujours me dépêcher pour faire les choses. Ça me rend triste cette vie ! J’ai l’impression de ne plus rien faire depuis un an"
Depuis un an, certains élèves trouvent pourtant des aspects positifs. « Il y a eu moins de circulation, c’est mieux pour la planète » se réjouit Ilona. « Contrairement à ce que l’on peut penser, c’est la meilleure année de ma vie, s'enthousiasme de son coté Noa. Je me suis adapté à mon adolescence et à la pandémie. J’ai commencé à écrire un livre. Tous les matins, je me lève plutôt que d’habitude et j’écris » détaille le jeune homme.
Séances de relaxation
Pour accompagner les élèves en difficulté, des séances de relaxation sont proposées au sein du collège Le Parc. Clément a mal vécu le premier confinement et l'école à la maison. « Le cours de relaxation me déstresse. Je me sens mieux qu’avant. Ça me détresse au niveau des bras et surtout j’ai moins la boule au ventre »
Pour apaiser et verbaliser leurs émotions, les élèves se délassent en musique avec des exercices de respiration, et de petits auto massages. « J’ai surtout peur pour mes proches, moi je sais que je n’irai pas à l’hôpital. Je dois rester prudent et du coup j’applique les gestes barrières même si c’est contraignant. Je me dis que je dois toujours faire attention. Quand je suis à ma séance de relaxe, j’ai l’impression d’être dans une petite bulle, je ne pense plus à rien. Je pense qu’à l’exercice de respiration.»
Ainsi, les enfants prennent conscience de leur corps et verbalisent leurs émotions. « Stress et agressivité ont pris le dessus » constate Nicolas Largy, professeur d’espagnol et initiateur de ce yoga en cours. "Ils prennent le temps de parler, de mettre des mots sur les maux. Etre adolescent en 2020, c’est compliqué. La notion de contrainte n’est pas forcément évidente et ajouter les contrainte du port du masque. Ça rajoute au stress ambiant." Les différents ateliers d'accompagnement ont permis d'eméliorer les choses.
Au début de la pandémie, Eléonore a eu plus que peur. « Ce cours me permet de me débarrasser de toutes mes idées noires et le COVID en fait partie. Le COVID a beaucoup envahit mon espace personnel. » «On est davantage oppressés. On fait moins de choses qu’avant. Ce cours me fait du bien. Ça me permet de chasser les énergies négatives » reconnait également Ilona. Toutes les inquiétudes ne sont pourtant pas dissipées à en croire les paroles de plusieurs collégiens : « Je n’ai pas peur pour moi, j’ai peur pour mes parents et grands-parents »
Soignants, malades, commerçants, employés de supermarché, artistes, élus ou encore parents : nous les avions rencontrés il y a un an. Aujourd’hui ils nous racontent leur année Covid. Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe.