Né à Dijon (Côte-d'Or), Geoffrey Bouchard est actuellement sur les routes du Tour d'Espagne pour l'équipe AG2R-Citroën. Meilleur grimpeur du Tour d'Italie 2021 et de la Vuelta en 2019, il nous raconte son parcours atypique, son objectif de victoire d'étape et ses rêves de Tour de France.
Un Dijonnais sur les routes du Tour d’Espagne. Alors que la Vuelta entame ce mardi 31 août sa dernière semaine, Geoffrey Bouchard, grimpeur et leadeur d’AG2R-Citroën, fait partie des coureurs qui salivent d’avance des 3 étapes de montagne qui se profilent. L’actuel 20ème du classement général à 28’31’’ du maillot rouge, rêve de sa première victoire d’étape sur un grand tour.
Meilleur grimpeur du Tour d’Italie en mai 2021 (premier cycliste français à réaliser la performance depuis Laurent Fignon en 1984) et du Tour d’Espagne en septembre 2019, celui qui a vécu à Dijon (Côte-d'Or) jusqu’à ses 14 ans avant de découvrir le vélo à Grenoble (Isère), évoque ses ambitions pour la fin de la Vuelta, ses rêves de Tour de France et son bonheur d’affronter les meilleurs cyclistes du monde. À 29 ans, Geoffrey Bouchard raconte également son parcours atypique, lui qui est passé professionnel il y a seulement trois ans grâce à ses succès en amateur.
Vous êtes actuellement 20ème du classement général de la Vuelta. Quel est le bilan que vous faites de votre tour d’Espagne à l'heure actuelle et quels sont vos objectifs pour cette dernière semaine ?
Geoffrey Bouchard : Il y a des hauts et des bas mais le bilan est plutôt correct. Le début de saison a été dense pour moi donc j’ai eu des moments de saturation sur le plan mental pendant ce tour. Et puis les premières semaines de grand tour sont toujours assez nerveuses. Il y a pas mal de fatigue. J’ai aussi eu un facteur à appréhender, la chaleur avec des moyennes à 38 degrés et des pics à 44 durant les étapes. C’est une donnée bizarre à gérer. C’est un grand tour donc il faut faire le dos rond et travailler. Il y a encore des choses à peaufiner. L’objectif sur la dernière semaine c’est de remporter une étape. Il y a de belles arrivées en montée qui se profilent et qui peuvent me convenir.
Lors de la cinquième étape de la Vuelta, une grosse chute dans le peloton a mis plus de 50 coureurs à terre. Cet incident de course dans lequel vous avez été impliqué a-t-il eu des conséquences sur vos performances durant ce Tour d'Espagne ?
J’ai plus été gêné que blessé. Par contre, j’ai eu une chute importante sur le tour de Burgos 10 jours avant la Vuelta. J’ai eu une chute dans une descente. C’est aussi ça la fatigue mentale dont je parlais. Je marchais bien et j’ai chuté. Il a fallu courir et faire des efforts pour être en forme et dans les temps pour participer au tour d’Espagne.
Vous avez remporté les maillots du meilleur grimpeur sur le Tour d'Italie en mai dernier et sur le Tour d'Espagne en septembre 2019. Mais vous n'avez jamais obtenu de victoire sur une étape de grand tour. Que vous faut-il pour y parvenir ?
Il faut prendre les bonnes échappées. Je dirais, comme on dit dans le jargon, celles qui font partie de la loterie où tout peut se jouer. Je prends souvent les échappées sur des étapes particulièrement difficiles. Hier (dimanche 29 août), il n’y avait que des bons grimpeurs, tout le monde se faisait peur. Et dans ces jours-là, il faut avoir les jambes pour y arriver. Ce que j’aime dans les échappées, c’est de pouvoir entrevoir la victoire. Je sais que je ne fais pas partie des meilleurs, je dois optimiser mes chances pour essayer de remporter la victoire. Les échappées sont beaucoup plus tactiques. Le bon mouvement peut se faire à la force tout en haut d’une montée où bien à l’avance en partant avant la montée. J'ai encore du mal à rivaliser face aux meilleurs dans le final. J’essaie de travailler. Cette année, j’ai passé un bon pallier. Il faut gagner en régularité et en constance.
Après avoir participé à la Vuelta et au Giro, l'objectif est-il de participer au Tour de France ?
Oui c’est un objectif. J’en rêve ! Cette année, l’équipe m’a un peu testé en me faisant participer à deux grands tours. Cela demande beaucoup d’énergie. Après le tour d’Italie, j’ai fait 3 top 10 en 3 courses. Oui, aujourd’hui j’ai vraiment l’objectif de faire le Tour de France avec l’ambition d’aider nos grimpeurs, les soulager jusqu’aux dernières montées et prendre de grandes échappées !
Vous êtes devenu professionnel sur le tard, en 2018, après plusieurs années au niveau amateur. Qu’est-ce que ce parcours atypique vous a apporté ?
J’ai fait mon trou petit à petit. J’ai pris plus de temps que les autres mais je m’éclate ! J’ai la notion de travail. J’ai travaillé chez Décathlon 3 ans et j’ai aussi été commercial. Je suis conscient que sur un grand tour, on est particulièrement assisté en tant que coureur. On nous masse, on nous accompagne, on a besoin de ne penser qu’au parcours. Moi j’ai un autre regard. Je suis conscient de la chance que j’ai être là où je suis. Des fois, je leur fais la réflexion aux autres coureurs. Ils ne se rendent pas tous compte. Ce que je ressens aujourd’hui c’est de la fierté. Il y a de l’adrénaline. Le monde du vélo est très terre à terre. Pouvoir aujourd’hui échanger et me battre avec les grands coureurs que je voyais à la télé, que j’admirais, c’est gratifiant.