Dans un communiqué publié ce dimanche 27 août, quatre associations écologistes annoncent avoir déposé un recours contentieux auprès du tribunal administratif de Dijon (Côte-d'Or) à l'encontre de la Ville. Ils dénoncent l'impact environnemental de Venise 2, un projet immobiliser qui prévoit la construction de 85 logements à proximité de la rivière du Suzon.
C’est un projet immobilier qui suscite les oppositions. Fin juin 2022, la ville de Dijon cède un hectare de terrains entre la route d’Ahuy et la rue de Bruges. Sur le site, un nouvel éco quartier avec 85 logements doit voir le jour. Nom de code : Venise 2.
Mais plusieurs associations écologistes s’insurgent contre la vente des terrains. Elles demandent ensuite dans un recours gracieux le retrait du permis de construire accordé en janvier dernier. Refus de la mairie. Dans un communiqué envoyé ce dimanche 27 août, Les Amis de la Terre, France Nature Environnement, la Ligue de Protection des Oiseaux et les Ami-es des Jardins de l’Engrenage annoncent avoir saisi le tribunal administratif de Dijon avec le dépôt d’un recours contentieux.
"Tant au regard du dramatique contexte climatique auquel nous faisons face, que sur la forme du projet, nous maintenons que cette construction au bord du Suzon doit être abandonnée", écrivent les quatre associations.
Le collectif insiste notamment sur l’importance de préserver des îlots de fraîcheur dans les villes. D’ici 2050, la Bourgogne-Franche-Comté connaîtra en moyenne 21 journées anormalement chaudes par an, contre 13 en moyenne avant 2005. "Avec les canicules, on se rend compte qu’avoir des espaces de nature, c’est indispensable. Pour conserver l’habilité en ville, c’est indispensable", affirme Mathilde Mouchet, membre des Amis de la Terre en Côte-d’Or.
58 espèces de papillons et 66 espèces d’oiseaux recensés
Le projet Venise 2, qui s’étend sur trois hectares, dont un qui appartient à la mairie, se situe sur les berges de la rivière du Suzon. Le terrain abrite ainsi plusieurs espèces végétales et animales. La Ligue de Protection des Oiseaux y recense des chauves-souris, 58 espèces de papillons et 66 espèces d’oiseaux. C’est la première fois que la LPO engage une procédure contre la ville de Dijon.
"Les collectifs nous ont alerté. Pour Venise 2 mais aussi pour d'autres plans immobiliers sur la ville de Dijon qui peuvent poser des problèmes graves pour la biodiversité. Des inventaires ont été faits et on va en refaire. Il y a une situation sur laquelle il faut agir, des espèces sont menacées. Il y a un potentiel sur la faune et la flore du site qui est intéressant à préserver", abonde Kévin Giraudin de la LPO en Côte-d'Or.
C’est un terrain qui n’est pas anodin. Il est riche en biodiversité. On ne peut pas faire comme si de rien n’était. On a le devoir de garder cette diversité animale et végétale
Mathilde Mouchet, les Amis de la Terre 21
Contactée, la métropole de Dijon n’a pas voulu commenté la situation, une action de justice étant en cours. Elle nous précise tout de même qu'une étude "Faune, Flore et Environnement" a été commandé. Les résultats seront connus à l'automne prochain.
Par ailleurs,dans une lettre du 11 mai dernier, l’adjoint délégué à l’urbanisme, Pierre Pribetich, affirme que le dossier de permis de construire répond à toutes les normes et que l’éco quartier ne représente pas de dommages pour l’environnement.
"Le futur quartier a été conçu dans le souci de préserver un maximum d’arbres existants […] Le projet prévoit également la plantation de 75 arbres de haute tige", précise l’adjoint à l’urbanisme. Des nichoirs à oiseaux seront aussi installés sur le site.
De leur côté, les associations dénoncent un manque de dialogue avec les services de la mairie. "Les citoyens ont été mis devant le fait accompli. Ils ont appris par voie de presse qu’un projet immobilier allait se passer à côté de chez eux. Il y a eu des appels aux dialogues, c’est resté lettre morte".
Un recours qui empêche le lancement du projet
La saisie du tribunal administratif de Dijon pourrait donc aboutir à un procès. En tout cas, le dépôt du recours contentieux suspend la mise en application du projet. Car la vente ne peut se faire que si le terrain est purgé de tout recours. "En attaquant le permis de construire, on empêche le promoteur de faire son projet", confirme Mathilde Mouchet.
Le volet judiciaire enclenché, les associations souhaitent désormais poursuivre la mobilisation sur le terrain. Durant l’été, le collectif Sauvons les berges du Suzon avait installé du mobilier sur le site et fauché les abords. "On va maintenir la pression", assure Mathilde Mouchet. Des mobilisations sont notamment prévues à partir de l’automne.