À Dijon, le club de football amateur de l'AS Fontaine d'Ouche est en grève depuis le début du mois de mai. En cause, une agression et des tensions liées au terrain municipal du quartier. Le club demande plus de moyens auprès de la municipalité.
Morceaux de verre, détritus, bouteilles vides, synthétique défraichi… Le terrain de foot municipal de la Fontaine d’Ouche est mal en point. Depuis 2005, le club amateur local, l’AS Fontaine d’Ouche, y joue pourtant toutes ses rencontres à domicile. Jusqu’à ce mois de mai 2023. Le club de football est en grève après des tensions avec des riverains et une agression survenue au début du mois.
Le 6 mai dernier, l'ASFO accueille Pontarlier pour un match des U14 en régional. "Des adultes qui jouaient entre amis n’ont pas voulu quitter le terrain pour nous laisser jouer. On avait pourtant le créneau, mais ils nous ont dit qu’ils payaient des impôts et qu'ils pouvaient donc rester", raconte Nasserdine Gaouir, le président de l’ASFO. "Le lendemain, deux éducateurs et des enfants se sont fait agresser à coup de tirs de paintball. Un enfant a été touché en plein œil et les éducateurs ont été roués de coups", poursuit-il
Au lendemain de l’agression, une décision est prise : plus aucune rencontre ne sera organisée et les entraînements sont tous annulés. Une grève décidée "conjointement avec les parents", précise Nasserdine Gaouir.
Malgré les créneaux alloués, c’est la règle du premier arrivé, premier servi. C’est la loi du plus fort et on a abdiqué. C’est clair et net, on n’y jouera plus.
Nasserdine Gaouir, président de l'ASFO
Une situation qui n’est pas nouvelle selon le président du club : "Nous avons déjà rencontré des situations comme celle-ci. C’est un terrain non sécurisé. Des gens peuvent venir sur le terrain et prendre à partie des joueurs, les équipes que nous accueillons ne sont pas à l’aise".
Un stade d’honneur exigu et non sécurisé
Le stade d’honneur du club, situé à seulement quelques mètres du terrain municipal, est lui, entièrement vide. L’ASFO n’y joue plus, le terrain n’ayant pas l’espace suffisant pour accueillir les 250 licenciés. Là encore, le club déplore des problèmes de sécurité : "Des jeunes viennent squatter, encore le week-end dernier. Les barrières ne sont pas assez hautes, la seule sécurité, ce sont des chaînes et un cadenas", déplore Nasserdine Gaouir.
Selon le président de l’ASFO, plusieurs demandes de sécurisation et une demande d’extension du terrain d’honneur ont été faites auprès de la municipalité ces dernières années, mais "elles ont toutes été déboutées".
Le club a par ailleurs lancé une pétition demandant plus de moyens pour lutter contre l’insécurité dont il est victime. "Nous demandons plus de moyens, plus de sécurité et un meilleur environnement pour les enfants de la Fontaine d’Ouche", indique la pétition signée par plus de 350 personnes.
Dialogue rompu avec la mairie
À ce sujet, entre l’ASFO et la municipalité de Dijon, le torchon brûle. Les relations sont tendues et les dernières rencontres "n’ont mené à rien", selon Nasserdine Gaouir. "Ça fait depuis 2005 qu’on joue sur ce terrain municipal. On commence à nous rencontrer seulement parce qu’il y a une agression", déplore-t-il, assurant que "la chargée des Sports n’est jamais venue" sur place pour constater la décrépitude des lieux.
Parce que l’on est dans un quartier prioritaire, les gens pensent que l’on peut subir ça.
Nasserdine Gaouir, président l'ASFO
Des critiques auxquelles Claire Tomaselli, l’adjointe chargée des Sports à la mairie de Dijon répond : "Nous avons fait des propositions qui n’ont pas reçu d’autres réponses que le maintien de la grève. Nous avons proposé la transformation du terrain d’honneur en terrain synthétique et une augmentation de sa surface", explique-t-elle.
Poursuivre la grève pour faire monter les enchères est excessif et contraire aux intérêts des enfants.
Claire Tomaselli, adjointe chargée des Sports
Le président du club confirme les propositions faites par la mairie, mais regrette que personne ne soit encore venu visiter les lieux. Nasserdine Gaouir l’affirme : "La confiance envers la municipalité est rompue".
Du côté de la municipalité, "les portes ne sont pas fermées", assure Claire Tomaselli, "nous avons fait une nouvelle proposition de rencontre et nous avons l’espoir de renouer un dialogue, il faut que les enfants puissent rejouer".